Dissertations corrigés de philosophie pour le lycée

Catégorie : L’art

L’art, cette manifestation exceptionnelle de la créativité humaine, est bien plus qu’une simple expression esthétique. Il agit comme un miroir de l’âme collective de la société, suscitant des débats sur la signification, la perception et le pouvoir transformateur de la beauté. Au cœur de l’art se trouve la quête de compréhension de l’humain et de son rapport au monde qui l’entoure.

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En art, tout s’apprend-il ?

La dissertation philosophique qui suit aborde la question fascinante : « En art, tout s’apprend-il ? ». De nombreux aspects seront examinés pour évaluer si l’art peut être entièrement enseigné ou s’il existe des éléments intrinsèquement innés.

  • Dissertations

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Dire que l’art qu’il n’est pas utilitaire, est-ce dire qu’il est inutile ?

Dans cette dissertation philosophique, nous nous interrogerons sur le rôle et la valeur de l’art. Si l’art n’a pas d’utilité pragmatique, est-ce pour autant qu’il est sans valeur ou même inutile ? Une réflexion qui questionne l’essence même de l’art.

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Créer, est-ce rompre avec la tradition ?

La création artistique est souvent vue comme une forme d’innovation, impliquant une rupture avec la tradition. Cependant, cette dissertation se penchera sur la question de savoir si créer signifie absolument abandonner le passé et ses codes établis.

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Apprécier une oeuvre d’art, cela s’apprend-t-il ?

La capacité d’apprécier une œuvre d’art est souvent vue comme innée. Cependant, la question se pose : est-ce que l’on peut apprendre à apprécier l’art ? Ce sujet complexe interroge le rôle de l’éducation dans notre rapport à l’art.

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L’art nous détourne-t-il de la réalité ?

Cette interrogation nous invite à réfléchir sur la nature de l’art et son rôle dans notre perception et notre compréhension de la réalité.

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Beauté et utilité sont-elles incompatibles ?

La dissertation philosophique qui suit explore la relation complexe entre la beauté et l’utilité. Elle questionne si ces deux concepts sont incompatibles, ou si au contraire, ils peuvent coexister et se renforcer mutuellement dans divers aspects de la vie et de l’art.

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Tout le monde est-il artiste ?

La question « Tout le monde est-il artiste ? » soulève des interrogations profondes sur la nature de l’art et de la créativité. Cette dissertation philosophique explorera les différentes perspectives sur ce sujet, en examinant les définitions traditionnelles de l’artiste et en les confrontant aux conceptions contemporaines.

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Philosophie: La société corrompt-elle l'homme ? (dissertation)

plan détaillé philosophie : l'art est-il utile ?

Publié le 07/04/2024

Extrait du document

« Dissertation de Philosophie Sujet 1 : l’art est-il utile ? « L’art » comme le suppose son étymologie grecque « technè » (technique) se caractérise par un savoir-faire, une maitrise technique. L’adjectif « utile » suppose lui que l’art possède une fonction, qu’il satisfait un besoin. Dans l’Antiquité, on ne faisait pas de distinction entre l’art et l’artisanat, puisque ces deux activités nécessitaient la maitrise de techniques, de savoir-faire. Par exemple, le sculpteur comme le menuiser devaient s’exercer longuement pour développer leur talent. Aujourd’hui, l’art se caractérise par l’ensemble des activités visant à la création esthétique. C’est ce que l’on nomme les « BeauxArts », qui comprennent diverses activités telles l’architecture, la sculpture, la peinture, la musique, les arts de la scène, le cinéma… Cette définition moderne suppose que l’art se limite au Beau, c’est-à-dire à sentiment de plaisir devant la réalisation, médiatisé par un jugement. On se demande donc si l’art répond à un besoin, s’il sert une cause, s’il a une fonction, c’est-à-dire si l’art répond à un intérêt. Ou bien, si à l’inverse, l’art, qui est un savoir-faire, n’a aucune fonction et ne répond à aucun besoin. En définitive, si l’art est désintéressé. Il s’agira dans un premier temps de montrer que l’art est fonctionnel puisqu’il se décline et permet un accomplissement diversifié. Ensuite, nous démontrerons que malgré ses fonctions multiples, l’art doit nécessairement être esthétique. Enfin, nous observeront que l’art est très souvent limité à son caractère esthétique ou à son processus de création, ce qui ne lui donne pas une fonction utilitaire en soi. OUI – l’art possèdent de nombreuses fonctions, en autres cathartiques et éducatives A. la catharsis : purgation des passions Argument + exemple : L’art est utile puisqu’il permet de transmettre des émotions. Au théâtre, la tragédie permet aux spectateurs de vivre une expérience émotionnelle intense tout en restant dans un cadre fictif. Elle captive l'audience et la conduit à ressentir des émotions telles que la peur, la pitié et la compassion. Selon Aristote, la tragédie suscite chez les spectateurs des émotions fortes liées aux actions des personnages tragiques (meurtre, décès…). En vivant ces émotions par procuration à travers le théâtre, les spectateurs sont purgés de leurs propres émotions excessives (pulsions, désirs). C’est ce qu’Aristote nomme la catharsis, c’est-à-dire la purgation des passions. Celle-ci permet aux spectateurs de réfléchir sur leur conflit pulsionnel et le charactère tragique de la pièce va les conduire à ne pas assouvir leurs passions dans le réel. Ainsi, avec la tragédie grecque Eodipe roi, les spectateurs pouvaient ressentir un sentiment cathartique. B.

l’art pour éduquer Argument + exemple : L'art engagé est une forme d'expression artistique qui cherche à transmettre un message social, politique ou idéologique spécifique. Son utilité réside dans sa capacité à sensibiliser, à mobiliser et à provoquer des changements au sein de la société. L'art engagé est souvent utilisé pour attirer l'attention du public sur des questions importantes telles que les injustices sociales, les droits de l'homme, la discrimination, la pauvreté, les conflits politiques, etc. Les artistes engagés utilisent leur travail pour mettre en lumière des problèmes souvent ignorés ou minimisés par les médias traditionnels. En exposant ces problèmes et en suscitant des émotions chez le public, l'art engagé peut inspirer les individus à agir, à se mobiliser et à lutter. Ainsi, Victor Hugo avec son roman Le Dernier Jour d’un Condamné s’oppose très largement à la peine de mort, dans un contexte où le débat sur la question de la peine capitale était très vif en France. Son roman a eu un impact significatif sur la société française de l’époque. Il a même contribué à promouvoir des réformes législatives en faveur de l’abolition de la peine de mort. MAIS – L’art bien qu’ayant de nombreuses fonctions n’est qu’esthétique : idée de l’art pour l’art A. L’importance du Beau et de notre appréciation de l’art L’art pour l’art est une idée fondamentale qui a émergé au XIXe siècle. Cette idée défend l’idée que l’art doit être apprécié pour sa propre valeur, indépendamment de son utilité. Un principe important de l’art pour l’art est la célébration de la « beauté pour la beauté ». Cela signifie que l’art doit être simplement beau, sans servir de but pratique. C’est ce que soutient Théophile Gautier lorsqu’il affirme « tous ce qui est utile est laid, ce qui est de plus laid dans une maison : les toilettes ». Il suggère ainsi que les objets qui sont considérés comme utiles sont souvent dépourvus de beauté. Par exemple, les toilettes qu’il mentionne, sont rarement considérées comme un objet beau ou esthétique. Il marque ainsi cette rupture entre le Beau et l’utile. Il veut en effet grâce à cette rupture, mettre en lumière l’importance de la beauté dans nos vies et de notre appréciation de l’art. B. critique de l’utilitarisme de l’art Kant nous propose une vision différente de l’art. Pour lui, l’idée selon laquelle l’art devrait être évalué en fonction de son utilité pour être légitime est fausse. Il soutient à l’inverse que l’art possède une finalité désintéressée, c’est-à-dire que l’on tire de l’art un simple plaisir à la contemplation de.... »

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Liens utiles.

  • [Affinités de l'art et de la philosophie] Bergson
  • philosophie dissertation sur l'art ("peut on reprocher à une œuvre d'art de ne pas avoir de sens?)
  • "Faut-il respecter la nature ?" (Plan détaillé)
  • plan de l'art: L’ART IMITE-T-IL LE RéEL ?
  • Hegel: La philosophie de l'art

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L’ART – CORRIGE DE DISSERTATION- A quoi sert une œuvre d’art ?

L’art est tout d’abord un fait culturel universel: il n’existe pas de société humaine sans qu’une forme ou une autre d’art soit présente (musique, peinture, sculpture, danse, théâtre…). La présence constante du fait artistique semble indiquer une nécessité universelle pour les hommes. Nécessaire, mais pourquoi ? A quoi les œuvres d’art peuvent-elles bien nous servir ?

La question se pose car après tout, l’art ne correspond à aucun besoin primaire : l’homme peut tout à fait survivre sans art. L’art ne serait-il donc qu’un simple « plus », un luxe ? Et si ce n’est pas le cas, en quoi est-il indispensable à l’homme ? L’art doit-il se mettre au service de quelque chose ?

Nous verrons dans une première partie que l’art n’est pas utile à la survie des hommes, et nous distinguerons art et technique. Dans un second temps nous verrons comment l’art est pourtant indissociable du contexte politique et social dans lequel il s’inscrit, et comment on peut mettre l’art au service de toute sorte de fins. Enfin nous tenterons de préciser ce qui fait la spécificité de l’art comme recherche esthétique,  et la nécessité fondamentale des œuvres d’art pour l’être humain, en distinguant bien cette nécessité de la notion d’utilité.

L’Antiquité ne distingue pas l’art de la technique : toute production humaine est désignée par le même mot : τέχνη en grec, ars en latin. L’art est tout simplement le savoir-faire et l’habileté manuelle des hommes. Cependant les œuvres d’art sont depuis le XVIIIème siècle distinguées des objets techniques par le fait qu’elles sont destinées à produire une sensation esthétique sur celui qui en est le spectateur ou l’auditeur. La technique est alors la recherche de l’utile, et l’art est la recherche du beau.

L’art est donc défini comme l’activité par laquelle l’homme produit un spectacle ou un objet qui soit beau. Or la beauté n’est pas nécessaire à la survie. Une œuvre d’art ne correspond à aucun besoin primaire, à aucune utilité pratique. Il arrive certes souvent qu’un objet utilitaire soit aussi un bel objet. Des meubles issus de l’artisanat traditionnel, des œuvres de designers comme Philip Starck ou autres en témoignent.  Mais on peut considérer que l’esthétique est un « plus » destiné à rendre plus attractif un objet qui serait tout aussi utile et fonctionnel sans cela.

L’art est-il dès lors une occupation parfaitement superflue et vaine?

On pourrait en effet penser que les œuvres d’art ne servent qu’à décorer et à embellir le quotidien, à nous évader et à passer le temps. Le monde imaginaire créé par l’art nous sert à fuir le quotidien, à oublier pour un temps nos soucis. Pour nous détendre, nous allons au concert ou au spectacle, nous fuyons alors la réalité dans les songes agréables que nous dispensent les artistes.

Cependant les œuvres ne sont jamais neutres et hors contexte. Elles agissent sur les hommes.

L’œuvre d’art possède  un fort impact social voire politique. L’art peut créer une sensibilité commune entre les hommes. Il peut véhiculer des valeurs. Un peuple se reconnaît dans son art, comme il se reconnaît dans ses croyances religieuses et ses valeurs morales. Les œuvres d’art offrent ainsi à leur époque un miroir dans lequel elle peut prendre conscience d’elle-même. Par exemple, Marcel Duchamp renvoie à l’Europe en guerre l’image de l’absurdité, de la ruine de toutes les croyances antérieures – et aussi l’avènement d’un monde totalement nouveau.

L’art n’est jamais neutre, il véhicule des messages et des valeurs. L’artiste exprime dans son œuvre ses idées par le moyen de sa sensibilité : par des formes, des sons, des couleurs ou des gestes, et non pas par des mots. Un film nous tire des larmes plus facilement que le spectacle de la réalité. L’expression sensible peut avoir un impact beaucoup plus fort qu’un discours, les images frappent les spectateurs bien plus que les mots. L’art peut donc servir à imposer des sentiments ou des idées.  Après la seconde guerre mondiale, le cinéma hollywoodien a propagés l’american way of life et les valeurs des Etats-Unis.

Les hommes de pouvoir peu scrupuleux connaissent bien ces pouvoirs de l’art et trop souvent tentent de s’en servir pour assurer leur propagande. Il n’est malheureusement pas rare dans l’histoire de trouver de tels exemples d’œuvres réduites à n’être que les simples vecteurs d’une idéologie religieuse ou politique.

Mais l’art de propagande est-il encore de l’art ? L’art n’a pas pour fonction de plaire, car plaire, c’est déjà manipuler .

La fréquentation des œuvres d’art nous apprend à voir, à sentir, à penser autrement le réel, et non à le fuir. L’art peut être drôle et grave, il peut révéler des sentiments profonds, complexes, refléter ou sublimer nos désirs et nos angoisses. Une œuvre d’art peut être laide, accusatrice, dérangeante ou inquiétante, elle peut dénoncer des injustices, renverser des conventions, flatter les puissants tout en faisant leur caricature comme Goya par exemple,  mettre en crise des idées reçues.

Ne devrait-on pas dire alors que l’œuvre d’art sert à révéler des vérités enfouies au cœur même des hommes ? L’œuvre d’art est capable d’exprimer le monde sensible mieux que les mots ne peuvent le faire. L’art n’est pas un simple passe-temps, une activité superflue et vaine, futile et dérisoire : elle implique l’homme dans son être et manifeste sa liberté.

Dès lors, l’œuvre d’art peut aussi déplaire, peut-être même le doit-elle. Cela pour éviter à la fois l’académisme et l’asservissement à la propagande. L’artiste authentique crée ses propres règles, et  assume sa position dans le monde.

Au terme de notre analyse, nous avons dépassé à la fois l’idée que l’œuvre d’art soit un simple luxe sans réelle nécessité, et l’idée que l’art se réduise à être au service de quelque chose. Si l’art vaut quelque chose, c’est bel et bien par cette liberté, cette indépendance certes fragile mais fondamentale, qu’il gagne contre les conventions et les manipulations. Il nous apprend à voir, à percevoir autrement. En somme, si l’art doit se mettre au service de quelque chose, c’est de notre liberté.

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Sur quels sujets traitant de l'art pouvez-vous tomber au baccalauréat ?

Par Olivier

Rédigé le 26 January 2023

8 minutes de lecture

dissertation philo a quoi sert l'art

  • 01. Sujets de dissertation
  • 02. Quelques pistes de citations pour les dissertations
  • 03. Exemple de plan de dissertation

Chrys

Sujets de dissertation

L'art est-il soumis à des règles ?

L'œuvre d'art est-elle une imitation de la nature ?

Pourquoi applique-t-on le terme de "création" à l'activité artistique ?

Une œuvre d'art est-elle un objet sacré ?

L'art n'a-t-il pour fin que le plaisir ?

Comment apprécier l'art ?

L'art vous semble-t-il être une "révolte contre la tyrannie du désir" ?

Pensez-vous que, selon la formule d'Aristote, l'art soit "imitation de la nature" ?

Est-il nécessaire d'être cultivé pour apprécier une œuvre d'art ?

Est-il possible, dans le domaine des arts, d'avoir tort ou raison lorsqu'on dit : "c'est beau" ?

En quel sens peut-on dire d'une œuvre d'art qu'elle est vraie ?

Peut-on reprocher à une œuvre d'art de "ne rien vouloir dire" ?

Pourquoi ce qui nous déplait dans la vie nous plait-il dans une œuvre d'art ?

Peut-on reprocher à une œuvre d'art de ne rien valoir ?

L'art s'adresse-t-il à tous ?

L'expérience de la beauté passe-t-elle nécessairement par l'œuvre d'art ?

L'art peut-il nous affranchir de l'ordre du temps ?

L'artiste doit-il chercher à plaire ?

La reproduction des œuvres d'art nuit-elle à l'art ?

Y a-t-il des règles de l'art ?

Faut-il reconnaître à l'homme une place particulière dans le monde ?

Qu'est-ce qui distingue l'œuvre d'art d'un objet quelconque ?

La création artistique a-t-elle quelque chose à attendre ou à redouter de la production industrielle ?

Peut-on concevoir une société sans art ?

L'artiste a-t-il besoin d'un modèle ?

L'œuvre d'art a-t-elle un sens ?

L'artiste est-il un technicien ?

L'œuvre d'art nous apprend-elle quelque chose ?

L'art modifie-t-il notre rapport à la réalité ?

Ceci n'est pas de l'art. Peut-on justifier ce jugement ?

L'œuvre d'art est-elle nécessairement belle ?

Qui a peint la Joconde ?

Y a-t-il un progrès dans l'art ?

L'art n'a-t-il pour fonction que de nous libérer de nos passions ?

L'art peut-il rivaliser avec la nature ?

L'œuvre d'art est-elle la preuve de la liberté de l'esprit ?

L'art est-il toujours transgressif ?

Quelle est la nature de l'œuvre d'art ?

Qu'est-ce que l'art ?

Qu'est-ce qu'un artiste ?

Que nous montre l'artiste ?

A quoi sert l'art ?

Un homme peut-il être indifférent à l'art ?

Comment articuler le lien entre science et technique ?

L'histoire est-elle un concept universellement partagé ?

Quelques pistes de citations pour les dissertations

Voici quelques citations qui pourraient vous aider dans vos dissertations sur le thème de l'art.

Critique de la faculté de juger, Emmanuel Kant

Il existe deux espèces de beauté la beauté libre ou la beauté simplement adhérente. La première ne présuppose aucun concept de ce que l’objet doit être ; la seconde suppose un tel concept et la perfection de l’objet d’après lui. Les beautés de la première espèce s’appellent les beautés (existant par elles-mêmes) de telle ou telle chose ; l’autre beauté, en tant que dépendant d’un concept (beauté conditionnée), est attribuée à des objets compris sous le concept d’une fin particulière.

Des fleurs sont de libres beautés naturelles. Ce que doit être une fleur, peu le savent hormis le bota­niste et même celui-ci, qui reconnaît dans la fleur l’organe de la fécondation de la plante, ne prend pas garde à cette fin naturelle quand il en juge suivant le goût.

Dans l’appréciation d’une libre beauté (simple­ment suivant la forme) le jugement de goût est pur, On ne suppose pas le concept de quelque fin pour laquelle serviraient les divers éléments de l’objet donné et que celui-ci devrait ainsi représenter, de telle sorte que [par cette fin] la liberté de l’imagina­tion, qui joue en quelque sorte dans la contempla­tion de la figure, ne saurait qu’être limitée.

Recherche du temps perdu, Marcel Proust

Par l’art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre, et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu’il peut y avoir dans la lune. Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous voyons le monde se démultiplier, et, autant qu’il y a d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent à l’infini, et, bien des siècles après que s’est éteint le foyer dont il émanait, qu’il s’appelât Rembrandt ou Vermeer, nous envoient encore leur rayon spécial

Les Belles Lettres, Aristote

Une raison en est encore qu’apprendre est très agréable non seulement aux philosophes mais pareillement aussi aux autres hom­mes ; seulement ceux-ci n’y ont qu’une faible part. On se plaît à la vue des images parce qu’on apprend en les regardant et on déduit ce que représente chaque chose, par exemple que cette figure c’est un tel. Si on n’a pas vu auparavant l’objet représenté, ce n’est plus comme imitation que l’œuvre pourra plaire, mais à raison de l’exé­cution, de la couleur ou d’une autre cause de ce genre.

Quel est la vision d'une œuvre ?

La République, Platon

Socrate – Il y a donc trois espèces de lit ; l’une qui est dans la nature, et dont nous pouvons dire, ce me semble, que Dieu est l’auteur ; à quel autre, en effet, pourrait-on l’attribuer ? Glaucon – A nul autre Socrate – Le lit du menuisier en est une aussi Glaucon – Oui Socrate – Et celui du peintre en est encore une autre, n’est-ce pas ? Glaucon – Oui Socrate – Ainsi le peintre, le menuisier, Dieu, sont les trois ouvriers qui président à la façon de ces trois espèces de lit. […] Donnerons-nous à Dieu le titre de producteur de lit, ou quelqu’autre  semblable ? Qu’en penses-tu ? Glaucon – Le titre lui appartient, d’autant plus qu’il a fait de lui-même et l’essence du lit, et celle de toutes les autres choses. Socrate – Et le menuisier, comment l’appellerons-nous ? L’ouvrier du lit, sans doute ? Glaucon – Oui Socrate – A l’égard du peintre, dirons-nous aussi qu’il en est l’ouvrier ou le producteur ? Glaucon – Nullement Socrate – Qu’est-il donc par rapport au lit ? Glaucon – Le seul nom qu’on puisse lui donner avec le plus de raison, est celui d’imitateur de la chose dont ceux-là sont ouvriers. Socrate – Le peintre se propose-t-il pour objet de son imitation ce qui, dans la nature, est en chaque espèce, ou plutôt ne travaille-t-il pas d’après les œuvres de l’art ? Glaucon – Il imite les œuvres de l’art.(…) Socrate – Pense maintenant à ce que je vais dire ; quel est l’objet de la peinture ? Est-ce de représenter ce qui est tel, ou ce qui paraît, tel qu’il paraît ? Est-elle l’imitation de l’apparence, ou de la réalité ? Glaucon – De l’apparence. Socrate – L’art d’imiter est donc bien éloigné du vrai ; et la raison pour laquelle il fait tant de choses, c’est qu’il ne prend qu’une petite partie de chacune ; encore ce qu’il en prend n’est-il qu’un fantôme. Le peintre, par exemple, nous représentera un cordonnier, un charpentier, ou tout autre artisan, sans avoir aucune connaissance de leur métier ; mais cela ne l’empêchera pas, s’il est bon peintre, de faire illusion aux enfants et aux ignorants, en leur montrant du doigt un charpentier qu’il aura peint, de sorte qu’ils prendront l’imitation pour la vérité. Glaucon – Assurément.

Esthétique, Hegel

D’après cette conception, le but essentiel de l’art consisterait dans l’imitation, autrement dit dans la reproduction habile d’objets tels qu’ils existent dans la nature, et la nécessité d’une pareille reproduction faite en conformité avec la nature serait une source de plaisirs. Cette définition assigne à l’art un but purement formel, celui de refaire une seconde fois, avec les moyens dont l’homme dispose, ce qui existe dans le monde extérieur, et tel qu’il y existe. Mais cette répétition peut apparaître comme une occupation oiseuse et superflue, car quel besoin avons-nous de revoir dans des tableaux ou sur la scène, des animaux, des paysages ou des événements humains que nous connaissons déjà pour les avoir vus ou pour les voir dans nos jardins, dans nos intérieurs ou, dans certains cas, pour en avoir entendu parler par des personnes de nos connaissances ? On peut même dire que ces efforts inutiles se réduisent à un jeu présomptueux dont les résultats restent toujours inférieurs à ce que nous offre la nature. C’est que l’art, limité dans ses moyens d’expression, ne peut produire que des illusions unilatérales, offrir l’apparence de la réalité à un seul de nos sens ; et, en fait, lorsqu’il ne va pas au-delà de la simple imitation, il est incapable de nous donner l’impression d’une réalité vivante ou d’une vie réelle : tout ce qu’il peut nous offrir, c’est une caricature de la vie.

La pensée et le mouvant, Henri Bergson

A quoi vise l’art, sinon à nous montrer, dans la nature et dans l’esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience? Le poète et le romancier qui expriment un état d’âme ne le créent certes pas de toutes pièces ; ils ne seraient pas compris de nous si nous n’observions pas en nous, jusqu’à un certain point, ce qu’ils nous disent d’autrui. Au fur et à mesure qu’ils nous parlent, des nuances d’émotion et de pensée nous apparaissent qui pouvaient être représentées en nous depuis longtemps mais qui demeuraient invisibles telle l’image photographique qui n’a pas encore été plongée dans le bain où elle se révélera. Le poète est ce révélateur.

Exemple de plan de dissertation

Voici un plan de dissertation que vous pourriez suivre en réponse à une dissertation sur "L'art a t-il pour fonction d'être beau ?".

Qu'est-ce que l'art contestataire ?

1. L'art doit être beau

Si le concept de beauté signifie conformité au goût du temps, si nous nous mettons à la place d'un public habitué à une forme plutôt qu'à un autre langage artistique, nous pouvons être sûrs que la fonction de l'art est belle. Chacun a sa propre esthétique, et la beauté est un concept relatif. Aujourd'hui, les impressionnistes sont très appréciés, mais dans le salon formel de la fin du XIXe siècle, ils étaient presque ignorés. Par conséquent, nous pouvons être sûrs que la fonction de l'art est de nous apporter de la "beauté", et les gens ont une certaine conception de la beauté. En tant que création libre, l'art peut produire de la beauté. Il ajoute de la beauté à la réalité et à la vie quotidienne. Le concept de beauté est relatif, et le spectateur et l'artiste ne recherchent pas nécessairement le même type de beauté, mais l'artiste ne considère pas la beauté du spectateur lors de la création.

2. L'art doit être vrai et rester libre

L'art est la mission de l'artiste, et les concepts les plus élémentaires sont l'authenticité, l'authenticité et la liberté. Dans ce cas, la réponse à la question de savoir si l'art a la fonction de beauté est non. beau = vrai La finalité de l'art n'est pas la beauté, mais l'intangibilité (fonction du créateur antique, intermédiaire entre l'homme et le dieu), et même d'un point de vue moderne, l'art est une immanence qui reflète l'inconscient et échappe à tout de l'homme. L'artiste nous montre sa vision du monde L'artiste n'est limité par aucune finalité esthétique ni par aucune contrainte technique, il doit pouvoir s'exprimer avec la plus grande authenticité possible. Voir la vérité avec la beauté. On sait que Marcel Duchamp disait que "l'ennemi de l'art est le goût", il n'y a donc pas de norme qui puisse guider le comportement créatif d'un artiste. Sa liberté doit être totale pour qu'il ait le loisir d'exprimer ses émotions en toute liberté.

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dissertation philo a quoi sert l'art

Professeur en lycée et classe prépa, je vous livre ici quelques conseils utiles à travers mes cours !

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Quels sujets concernant la religion peuvent vous être proposés au baccalauréat ? Dissertation Le progrès scientifique rend-il caduques les religion ? L'esprit religieux n'existe-t-il que dans les religions ? Croire en la science, est-ce une forme de religion ? Une religion sans dogme est-elle possible ? La religion est-elle essentielle à l'homme ? A quoi[…]

19 January 2023 ∙ 7 minutes de lecture

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Sujet de dissertation : un desssin d’enfant est-i l une oeuvre d’art ?

Un exercice rédigé

Bonjour Mr/Mme, je suis Angela Brutus. Je suis en classe de Terminal. je vais subir mon premier examen de philosophie qui porte sur l’art. Je voudrais un peu d’aide car je ne maîtrise pas complètement cette notion.

Bien a vous, Angela

Bonjour ma question est simple 《le vrai ennemi de l’art c’est l’évidence》qu’en pensez vous

Thomas

Bonjour Angela,

Le premier conseil à vous donner est bel et bien de réviser vos cours. Ensuite, pourquoi pas apprendre des notions annexes à ce même cours, de sorte à approfondir vos connaissances au mieux ? Enfin, vous pouvez également vous procurer des ouvrages spécialisés, qui reprendront les bases de l’histoire de l’art, les concepts clés, les grandes dates, mais vous donnera également une culture supplémentaire !

Bonne journée

La Boîte à Bac

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L’Art – Bac de Philosophie

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L'Art - Bac de Philosophie

Dans cette vidéo, nous aborderons plusieurs sujets relatifs à l’Art pour préparer l’épreuve du Bac de Philosophie et ainsi réussir ton commentaire ou ta dissertation.

Tout d’abord, après avoir défini ce qu’est l’art, nous étudierons l’une de ses problématiques ainsi que l’enjeu de notre réflexion, à savoir ce qu’il apporte à la société. Nous verrons également pour quelles raisons l’art peut être considéré comme le royaume du non-sens, mais qu’en réalité, il est essentiel à la société. Enfin, nous aborderons la façon dont l’art permet de révéler l’invisible.

  I – L’Art est le royaume du non sens

II – L’Art est essentiel à la société

III – L’Art révélateur de l’invisible 

Le terme art vient du latin “ars”, “artis” qui signifie habileté, métier, savoir-faire et du grec “tekhnê” qui signifie technique .

C’est pourquoi, il a longtemps désigné un ensemble de techniques qui s’apparente à l’origine à un savoir-faire.

De l’étymologie, il faut donc retenir que l’art implique de maîtriser une technique essentielle à l’exécution d’un projet. Mais cette explication ne suffit pas car dans ce cas, nombre de domaines pourraient être considérés comme de l’art. La cuisine, la mécanique, la philo par exemple seraient de l’art… 

C’est pourquoi à partir du XVIIIè siècle, il devient synonyme de Beaux-arts . A l’époque, les Beaux-Arts comprennent principalement les arts plastiques (architecture, sculpture, peinture) et les arts musicaux (musique, danse, poésie). Et chacun d’eux a pour fonction de viser le Beau.

Visant le Beau et uniquement le Beau, l’art est donc également désintéressé , à savoir, sans utilité ou fonction. Il est aussi à l’époque affaire d’imitation.

Il s’agit en effet pour l’artiste de saisir la beauté de la réalité, du monde et des personnes dans son œuvre.

Toutefois, cela peut être sujet à débat.

Mais là encore, cette définition a ses limites si l’on observe la création moderne et contemporaine.

L’urinoir de Duchamps que l’on appelle aussi “Ready made” (déjà prêt) a montré que l’art n’était pas uniquement question de savoir-faire. Duchamps est simplement allé chez un marchand d’urinoir et en a choisi un parmi d’autres. C’est le fait d’exposer cet urinoir et surtout de le détourner de sa fonction première qui transforme cet objet en art.

Quant à l’œuvre de Piero Manzoni “Merde d’Artiste” composée de 90 boîtes de conserve contenant des excréments de l’artiste n’est pas non plus qu’affaire de Beau.

Il est indéniable que les excréments restent des excréments. Par ailleurs, ce personnage situé en bas à droite dans “Les Demoiselles d’Avignon” , qui marque le début du cubisme , présente un visage dont les traits se prolongent dans le dos, ce qui n’est pas commun. 

Ainsi à partir du XXème siècle, l’art serait peut-être plus affaire d’idée comme en atteste l’apparition du cubisme, de l’art conceptuel, engagé …

Dès lors se posent des questions :

  • Quelle est donc la fonction de l’art, ce domaine qui n’a cessé de se contredire et  remettre en question sa propre définition ? Et par conséquent quelle est son utilité ? Faut-il vraiment le considérer comme non-essentiel ?

Et de là découle une problématique possible :

  • Comment le propos de l’art, pourrait-il être réduit à sa diversité apparente et contradictoire, alors qu’il flamboie dans nos sociétés depuis la préhistoire ?

L’enjeu de cette réflexion n’est pas sans intérêt car elle permettrait de montrer la nécessité de l’art dans la société. Et ce serait l’occasion de faire taire ceux qui le jugent non-essentiel.

Mais pour cela voyons tout d’abord en quoi l’art est le royaume du non sens…

I – L’ART EST LE ROYAUME DU NON SENS. 

1) L’art est inutile, sans intérêt et injustifiable

L’art est l’apanage du non sens tout d’abord parce qu’il est inutile. Le mot « utile » vient du latin « utor » , et signifie « faire usage de » . Il a également donné le mot « outil ». Ce qui est utile, c’est donc ce dont on peut faire usage, comme un outil . Contrairement aux objets utilitaires, conçus pour prolonger la main de l’Homme, il ne sert à rien.

Mais en plus de ne servir à rien il est aussi sans intérêt, à savoir désintéressé. En effet, pour Kant , lorsque j’observe une œuvre d’art, ce n’est pas dans le but de me procurer cette œuvre d’art, mais simplement pour le plaisir de la contempler.

Par ailleurs, pour beaucoup, il n’est pas possible de justifier les raisons pour lesquelles je trouve un objet beau. En effet, pour Kant, « le beau est ce qui plaît (…) sans concept » à savoir sans qu’il me soit possible d’avoir une représentation claire de ce qu’est le beau. De la même façon, la création artistique, contrairement à la technique qui suppose l’application de règles, dépasse l’entendement, c’est-à-dire  la faculté de connaître et de comprendre de l’artiste. Alain soutient même dans Système des Beaux-arts, que contrairement à l’artisan, l’artiste n’a aucune idée de ce qu’il est en train de créer.

En plus d’être inutile, dépourvu d’intérêt et injustifiable, il n’est aussi pour certains qu’une imitation imparfaite du monde…

2) L’art est une imitation mensongère dangereuse pour la Cité

Platon n’hésite pas à le juger sévèrement. Il n’est selon lui qu’une pâle copie de la réalité, le monde sensible, à savoir le monde dans lequel on vit, qui est lui-même, pour ce philosophe, une piètre copie de la réalité supérieure qui se trouve dans le monde des Idées…

Pire, il est mensonger en trompant l’œil. A ce sujet, on peut citer l’anecdote des peintres Zeuxis et Parrhasios . Lors d’un combat d’artistes, Zeuxis avait peint des raisins avec tant de vérité, que des oiseaux vinrent les becqueter. Fier de sa réussite, il demanda qu’on tirât le rideau masquant le tableau de Parrhasios. Mais voilà, ce fut l’arroseur arrosé puisqu’il ne s’aperçut pas que le rideau était peint sur le tableau. Zeuxis fut obligé de reconnaître que Parrhasios était plus fort que lui, étant donné qu’il n’avait trompé que des oiseaux, et que Parrhasios avait trompé l’Homme qu’il était.

Induisant les Hommes en erreur, Platon proposera même de bannir les artistes de sa Cité idéale dans son ouvrage “La République”.

3) La mort de l’art

Quant à Hegel , il projette quant à lui la fin de l’art. Pour lui : 

« L’art ne fournit plus cette satisfaction que des besoins spirituels que des temps et des peuples anciens ont cherché en lui et trouvé seulement en lui…. L’art est pour nous, suivant le côté de sa plus haute destination, quelque chose du passé. De ce fait, il a perdu pour nous aussi sa vérité et sa vitalité authentique ». 

Appartenant au passé et ne satisfaisant plus nos besoins spirituels, l’art selon Hegel se doit d’être dépassé…

Cependant, dévaloriser l’art peut paraître déplacé, car vivre dans une société sans art ne semble pas souhaitable. De plus, existe-t-il des critères objectifs permettant de définir le beau et les œuvres d’art ou bien est-ce une question d’aléatoire ? Enfin, si l’on débarrasse une société de l’art, ne risque-t-on pas de sombrer dans un monde totalitaire similaire à celui décrit dans “1984” de George Orwell ? Il convient donc d’examiner pourquoi l’art est indispensable à la société.

II – L’ART EST ESSENTIEL À LA SOCIÉTÉ

1) Les règles et l’universalité du Beau et les critères de l’œuvre d’art

Même si il est difficile de le définir, il faut toutefois reconnaître que le beau, au moins jusqu’à la naissance de l’art moderne, répond à des règles de proportions. Cependant, cela se complique par la suite.

La perspective, théorisée par Léonard de Vinci par exemple, permet de représenter les trois dimensions d’un objet en faisant concourir les lignes vers un point de fuite et ce en respectant les proportions des motifs présents dans la scène représentée. 

Le nombre d’or, également appelé nombre divin puisque souvent présent dans le paysage naturel, est aussi un gage de beauté dans la mesure ou, comme la perspective, il permet une certaine harmonie… 

Mais par delà la diversité des œuvres d’art, certains critères permettent aussi d’établir qu’une œuvre est une œuvre…

C’est le cas lorsqu’une création est reconnue en tant qu’art par les experts, présentée dans un lieu artistique signée par un artiste et reconnue comme de l’art par le public…

Voilà donc quelques appuis qui nous permettent de reconnaître une œuvre d’art : 

Si le Beau est désintéressé, sans concept et source de satisfaction nécessaire pour Kant il est aussi Universel. Il s’oppose au goût qui est subjectif et dépend du point de vue de chacun, en valant en tout lieu et en tout temps. 

Plus clairement, si je peux difficilement contester que la Joconde est belle – ce qui est un jugement universel -, je peux affirmer qu’elle ne me plaît pas – ce qui relève de mon goût et il est subjectif – 

Ralliant les hommes d’un point de vue temporel et géographique, l’art est aussi vecteur de cohésion et d’identification sociale.

2) L’Art, vecteur de cohésion et d’identification sociale

Ayant eu durant un certain temps une fonction religieuse , comme le montrent les tragédies et les cathédrales, l’art a longtemps rassemblé la population autour de croyances communes. Et c’est toujours le cas dans la mesure où il réunit les gens autour d’un travail auquel on croit et qui nous procure un certain plaisir.

Mais le goût artistique qui diverge selon les personnes est aussi le fruit d’un apprentissage qui traduit selon Bourdieu une appartenance sociale et l’éducation que l’on a reçue… 

En théâtre, il y a ceux qui aiment le travail de Gwénael Morin et ceux qui aiment les pièces de boulevard. 

Cette catégorisation peut parfois engendrer en effet des complexes d’infériorité , voire de l’humiliation et donc de la souffrance.  

Pourtant l’art est aussi un réel moyen efficace pour apaiser nos souffrances.

3) L’art comme moyen d’apaiser les souffrances de l’existence

Cela est d’ailleurs très bien illustré dans “Toute la philo en BD” ,  où l’on y voit une mère proposer à son fils, en colère, d’écouter une symphonie de Mozart.

C’est aussi l’avis de Schopenhauer qui voit en l’art un moyen de soulager la douleur que crée en nous notre vouloir-vivre, à savoir la force désirante insatiable qui anime nos existences…

Mais si l’art permet de supporter les douleurs de l’existence, il est aussi indispensable à la société en tant qu’espace de réflexion.

4) L’art, un espace de réflexion sur la société et l’Homme

Au sein de l’art, l’artiste questionne librement les dysfonctionnements de la société. Banksy dénonce par exemple les ravages de la guerre en Syrie au 21ème siècle ou encore le pouvoir de l’argent dans son œuvre “La fille au ballon” , qu’il a fait s’autodétruire lors d’une vente aux enchères.

Mais les artistes mettent également en lumière les incohérences des hommes. Tim Noble et Sue Webster dans l’œuvre ”White trash” montrent 6 mois de détritus ménagers accumulés, servant de nourriture à deux mouettes, au côté de deux artistes qui préfèrent boire et fumer.

On peut souligner que c’est aussi ce que faisaient Molière et La Bruyère au XVIIème siècle… 

Pour échapper à la censure, les artistes recourent à divers stratagèmes. Si La Fontaine critiquait le Roi en insérant des animaux dans ses Fables, l’artiste Emir Shiro n’hésite pas à pixéliser sa Joconde tout en l’affublant de deux tétons réalistes et échappe ainsi à la censure des réseaux sociaux, qui interdisent la nudité.

L’art devient de cette façon une image trompeuse qui véhicule un discours vrai, ce qui rejoint la pensée de Proust qui affirmait que « l’art est un mensonge qui dit toujours la vérité » .

Mais en dénonçant les travers humains, on pourrait penser que l’art est un moyen efficace pour assainir nos sociétés. En pointant les dysfonctionnements sociaux, le film “Jusqu’à la garde” de Xavier Legrand dénonce par exemple les violences intrafamiliales, et on peut penser que l’art contribue à l’éveil des consciences et notamment aux avancements de la justice, qui sur ce type de questions est somme toute quelque peu vieillissante… 

Ce n’est pas un hasard si dans les dictatures les artistes opposants aux régimes sont emprisonnés…. Volkov , qui a déposé un étron géant sur une place de Saint-Pétersbourg, qui abrite les tombeaux des victimes de la révolution de 1917, a été emprisonné en 2022 et risque 5 ans d’emprisonnement.

5) L’art est aussi un moyen d’accroître nos vies, à savoir de les rendre plus passionnantes.

Pour Nietzsche , qui préconisait de « faire de sa vie une œuvre d’art » , l’art est vecteur de joie et de perfection. Seul l’art peut donner du sens à une existence qui n’en a pas…

Pour Nietzsche, le Beau n’existe pas en tant que tel, il est seulement créé par le surhomme. Seul le surhomme est un esprit libre créateur de valeur et il y a urgence à abolir les frontières entre l’Homme et l’artiste.

L’abolition des frontières entre l’art et la vie, c’est aussi d’une certaine façon ce que revendique l’Art total. 

Issu du romantisme allemand et défini par Wagner , le concept d’art total est repris par l’Art nouveau dont l’un des principes est d’ insérer l’art dans le quotidien …  Architecture, mobiliers, rampes d’escalier, lampes deviennent avec l’art nouveau de véritables œuvres d’art qui enjolivent notre quotidien…

Mais en plus de constituer un domaine essentiel au bon fonctionnement de la société, l’art semble détenir des pouvoirs qui s’apparentent à la magie.

Plus exactement,  il aurait le pouvoir de rendre visible ce qui est invisible.

III – L’ART RÉVÉLATEUR DE L’INVISIBLE

1) Art expression du divin

Longtemps interdépendante de la religion, la peinture occidentale fut un temps un moyen de transmettre les idées du christianisme aux analphabètes. Au Moyen-âge, les peintres représentent essentiellement des scènes bibliques , porteuses de la parole divine. 

Hegel , dont la pensée apparaît plus tardivement au XIXe siècle, voit même en l’art l’expression de Dieu dans notre monde… Et si il prédit la fin de l’art, ce n’est pas en tant que tel, mais au profit d’une approche plus réfléchie, c’est-à-dire celle de la naissance de la philosophie de l’art , laquelle associe une dimension intellectuelle – celle de la pensée – à la dimension matérielle de l’art- celle qui a recours à la matière.

Mais en plus de nous donner accès à une dimension métaphysique ou située au-delà de notre monde, l’art est aussi un moyen privilégié de découvrir ce qui échappe à notre conscience.

2) Révélateur de vérité

Nietzsche considérait que seul l’art avait la possibilité de révéler la vérité cachée par les censures de la conscience.  

Pour Nietzsche, il est le seul domaine qui révèle la dimension tragique de la vie, tandis que la tendance permanente de l’Homme à conceptualiser est inévitablement édulcorante et lénifiante.Tout sauf un divertissement, l’art est pour Nietzsche l’occasion de r évéler la vie dans son ampleur , c’est à dire à la fois dans sa dimension cruelle et sublime .

Dans le même esprit, Bergson compare l’artiste à un révélateur de papier photographique, lequel pour le penseur et pour paraphraser une phrase de Klee , ne rend pas le visible, mais rend visible la réalité profonde du monde.

C’est aussi ce souci de révéler la vérité que partagent les artistes contemporains qui ambitionnent de nous faire voyager à l’échelle microscopique afin de découvrir une réalité que l’on ne perçoit pas.

3) Voyage à l’échelle infinitésimale

Au XXème siècle, l’art collabore parfois avec la science et met en lumière un monde invisible souterrain en nous faisant voyager à l’échelle nano, à savoir celui des atomes ou de l’ADN.

Sauf qu’en plus d’ouvrir une fenêtre sur le monde de l’infiniment petit, les Nano artistes , qui ont accès à un monde qui nous échappent, peuvent aussi s’interroger sur les conséquences de l’utilisation de nanoparticules – ces particules microscopiques parfois créées par la science et la technique.

Si elles s’avèrent ultra performantes – on peut par exemple construire des ponts rétractables et réparables de façon autonome – ou encore soigner certaines maladies comme le cancer – elles peuvent aussi comporter des risques.

Et c’est aussi la fonction de l’art de mettre en garde sur les dérives futures et éventuelles des pratiques de la société. C’est pourquoi, l’art est aussi un visionnaire.

Pouvant expérimenter librement et sans censure des choses inacceptables dans la société, concentré 24 heures sur 24 sur leurs observations, l’artiste, au même titre que le philosophe, serait pour Nietzsche le seul à pouvoir appréhender et anticiper le futur.

Les nano-artistes imaginent par exemple le monde de demain dans lequel le biocarburant aurait remplacé le pétrole, ou bien les maladies auraient disparu.

C’est ce que fait Michael Burton dans “The Race” en imaginant notamment des espaces cliniques remplis de bactéries où l’homme pourrait fabriquer des anticorps afin d’être immunisé contre les maladies.

Espace de liberté, l’art est aussi l’occasion d’expérimenter de nouvelles formes d’existences. C’est le cas du Bio-art qui met en pratique des perspectives bousculant nos éthiques de façon plus ou moins joyeuses. Laura Cinti a créé un cactus dans lequel elle a injecté de l’ADN humain, si bien que son cactus a remplacé ses épines par des poils pubiens. 

Quant à Edouardo Kac , il a créé un lapin vivant dans lequel il a inséré un gêne fluorescent.

Pour finir, apparu dès la Préhistoire si l’on en croit les dessins de la Grotte de Lascaux, et perdurant bien plus longtemps que l’être humain, l’art semble être pour l’Homme une porte d’accès à l’éternité…

4)  Porte d’accès à l’éternité

Condamné à la finitude, il est naturel que l’Homme questionne les moyens d’accéder à l’éternité au sein de ses œuvres, en insérant notamment l’ADN d’un parent mort dans un arbre afin qu’il continue à vivre comme c’est le cas dans l’œuvre “Bioprésence”.

Mais pour Hannah Arendt , c’est la nature même des œuvres qui est de tendre vers l’éternité contrairement aux objets utilitaires dont la durée est limitée.

Royaume de l’inutile, de l’hétéroclite, questionnant et rompant inlassablement les règles qui l’animent, l’art ne semble à première vue qu’avoir pour fonction de nous procurer du plaisir et d’ insérer un peu de beauté dans nos vies . Même si cela est déjà conséquent, il est aussi un gage du fonctionnement de la société dans la mesure où il met en lumière sa réalité profonde et qu’il est un espace de réflexion et d’interrogation de solutions humanistes et constructives pour l’avenir..

Alors l’art essentiel ou inessentiel à la société ? 

S’il peut apparaître comme un luxe artificiel non à même de satisfaire nos besoin premiers et vitaux, il semble pourtant essentiel à notre humanité, laquelle est aussi tout aussi artificielle, puisqu’elle est un joyeux dépassement de notre nature première.

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L'art - dissertations de philosophie

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Exemple de dissertation de philosophie

Publié le 26 novembre 2018 par Justine Debret . Mis à jour le 7 décembre 2020.

Voici des exemples complets pour une bonne dissertation de philosophie (niveau Bac).

Vous pouvez les utiliser pour étudier la structure du plan d’une dissertation de philosophie , ainsi que la méthode utilisée.

Conseil Avant de rendre votre dissertation de philosophie,  relisez et corrigez  les fautes. Elles comptent dans votre note finale.

Table des matières

Exemple de dissertation de philosophie sur le travail (1), exemple de dissertation de philosophie sur le concept de liberté (2), exemple de dissertation de philosophie sur l’art (3).

Sujet de la dissertation   de philosophie  : « Le travail n’est-il qu’une contrainte ? ».

Il s’agit d’une dissertation de philosophie qui porte sur le concept de « travail » et qui le questionne avec la problématique « est-ce que l’Homme est contraint ou obligé de travailler ? ».

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Sujet de la dissertation   de philosophie  : « Etre libre, est-ce faire ce que l’on veut ? ».

Cette dissertation de philosophie sur la liberté interroge la nature de l’Homme. La problématique de la dissertation est « l’’Homme est-il un être libre capable de faire des choix rationnels ou est-il esclave de lui-même et de ses désirs ? ».

Sujet de la dissertation   de philosophie  : « En quoi peut-on dire que l’objet ordinaire diffère de l’oeuvre d’art ? ».

Cette dissertation sur l’art et la technique se demande si  l’on peut désigner la création artistique comme l’autre de la production technique ou si ces deux mécanismes se distinguent ?

Citer cet article de Scribbr

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Debret, J. (2020, 07 décembre). Exemple de dissertation de philosophie. Scribbr. Consulté le 21 août 2024, de https://www.scribbr.fr/dissertation-fr/exemple-dissertation-philosophie/

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Justine Debret

Justine Debret

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L'art- Terminale- Philosophie

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Comprendre ce qu'est l'art

  • L'art est généralement considéré comme une aptitude et une technique, avec une visée esthétique.
  • Une oeuvre d'art est considérée comme inutile, elle est cependant matérielle et possède de la valeur.
  • L'art ne consiste pas simplement à imiter la nature : il la sublime.

L’art, en vertu de l’étymologie latine qui est la sienne, ars , s’apparente à un savoir-faire et en ce sens désigne une aptitude ou un talent  ; parce qu’il tend vers une fin, il est assimilé à une technique . Au Moyen Âge, sous l’appellation d’« arts libéraux » étaient regroupées certaines disciplines telles que la grammaire, la dialectique et la rhétorique d’une part, et l’arithmétique, l’astronomie, la géométrie et la musique d’autre part, disciplines considérées comme intellectuelles . Les arts libéraux se distinguaient des arts mécaniques. Au sens où on le comprend aujourd’hui, l’art est intégré à ce que nous nommons les « Beaux-Arts ». Les Beaux-Arts regroupent notamment l’architecture, les arts plastiques et graphiques. Le cinéma, par exemple, est considéré comme le « septième art » (la télévision et la bande dessinée correspondent aux huitième et neuvième art). Il complète l’architecture, l’art décoratif, la gravure, la musique, la peinture et la sculpture. Le terme d’« esthétique » (du grec aisthèsis , « sensation »), désigne tout ce qui s’apparente à la beauté . D’ailleurs, dans le langage courant, nous disons que ce qui n’est pas beau n’est pas « esthétique ». L’esthétique apparaît également, au XVIII e siècle, comme une discipline à part entière, qui regroupe l’ensemble des théories et de la réflexion sur l’art. Baumgarten, dans son Aesthetica (1750) donne à l’« esthétique » sa signification moderne.

Nous considérons comme « utile » tout ce qui correspond à la satisfaction d’un besoin. C’est ainsi que sont, à proprement parler, « utiles » les outils, les machines, le commerce, l’argent. La chose belle, elle, ne sert à rien . Léonard De Vinci disait de l’art qu’il était une «  cosa mentale  », une chose mentale : l’art appartient au domaine de l’esprit. Il serait davantage spirituel que matériel.

Pourtant, une œuvre d’art est bien «  matérielle  », dans la mesure où elle existe comme objet. Le David de Michel-Ange ou la Pyramide de Khéops ont une existence avant tout physique et occupent un espace. L’architecte, le sculpteur ou le peintre se trouvent confrontés à des problèmes matériels, très concrets, dans la réalisation de leur œuvre. À ce titre, l’œuvre d’art n’est donc pas uniquement une «  cosa mentale  ». On raconte qu’Ingres aurait dit, du portefaix qui venait à son atelier prendre le portrait qu’il avait fait de Cherubini : « Cet imbécile, il n’a rien dit du tout ». Pour le portefaix, le portrait correspond à un simple objet à transporter, il est pareil à un meuble. Qu’aurait-il à en dire ? Pour Ingres, il s’agit évidemment d’une œuvre à contempler. Mais une réflexion sur l’œuvre d’art met surtout à jour le paradoxe suivant : si les œuvres d’art ne rentrent pas dans la catégorie des choses utiles, certaines d’entre elles ont une immense valeur . Dans la mesure où l’œuvre d’art possède une valeur économique, on peut admettre qu’elle rentre dans le domaine du commerce, et donc, indirectement, de l’utilité.

En outre, à quoi reconnaît-on qu’une œuvre est belle ? Les critères esthétiques semblent être ceux des initiés, des « savants ». Lesquels savants et initiés n’ont toutefois pas repéré, chez Van Gogh, le talent ou le génie qu’on lui reconnaîtra plus tard. Il n'a vendu qu'un seul tableau de son vivant, dit-on, en 1890, par l’intermédiaire de son frère Théo. Si les œuvres sont essentiellement des choses de l’esprit, si elles échappent aux critères de ce qui fait d’un objet quelque chose d’utile, elles apparaissent toutefois comme ce à quoi nous pouvons apporter le plus de valeur. Pour la plupart d’entre nous, elles sont un luxe auquel nous ne pouvons accéder.

Dans le cadre de la conception grecque antique l’art est perçu avant tout comme simple imitation . Platon (428-347 av. J.-C.) établit une analogie entre réalité et vérité . À ce titre, l’art (Platon prend l’exemple de la peinture), parce qu’il se contente d’imiter la réalité, consacre l’illusion qui est le contraire de la vérité. Dans La République (598 a – 599 b), Platon prend l’exemple du lit pour montrer qu’il existe trois sortes de lits : le lit « idéal », c’est-à-dire l’idée ou le concept du lit, le lit du menuisier, et le lit du peintre. Socrate demande ce que peut bien apporter le peintre à l’objet « lit », que l’artisan a produit. Il en conclut qu’il n’apporte rien : si le menuisier imite l’Idée du lit, le peintre, lui, se contente d’imiter une imitation. L’art est un mensonge , il donne naissance à des « fantômes », en lesquels ne peuvent croire que « les petits enfants et les ignorants ».

La question de la beauté, dans l’Antiquité, est liée essentiellement à beauté naturelle, qui représente l’idéal ou le modèle de la beauté. L’art, cherchant à rivaliser avec la nature, ne produit que des imitations, il est « artifice ». Hegel (1770-1831) explique en quoi l’ imitation de la nature demeurait la principale finalité de l’art grec : Zeuxis peignait des raisins qui avaient une apparence tellement naturelle que les pigeons s’y trompaient et venaient les picorer, et Praxeas peignit un rideau qui trompa un homme, le peintre lui-même. On parle, dans ce cas, d’un « triomphe de l’art » ( Esthétique I, 1829). Il ajoute :

S’établit avec Hegel et pour l’ensemble de la philosophie moderne un renversement total  : c’est désormais par rapport à l’ homme que la nature est pensée : « La beauté artistique, fruit de l’esprit, est supérieure à la beauté naturelle » ( Esthétique, début de l’introduction). Oscar Wilde, écrivain irlandais, l’auteur du Portrait de Dorian Gray (1891), influencé par les écrits sur l’art de Baudelaire et de Théophile Gautier, va jusqu’à affirmer que ce sont la nature et la vie qui imitent l’art :

Nietzsche (1844-1900) va idéaliser l’artiste, et l’opposer au philosophe et à ce que nous appelons finalement, aujourd’hui, depuis Zola et l’affaire Dreyfus, l’intellectuel. Seule la vie de l’artiste mérite d’être vécue. Dans La Naissance de la Tragédie , Nietzsche renverse les valeurs établies par certains Grecs (Socrate est principalement visé) en expliquant que l’art est un remède contre toutes les maladies de la réalité. Nietzsche n’aime pas la réalité. Il défend au contraire le monde de l’ apparence et de l’ illusion , celui de la légèreté et de la superficialité. Nietzsche, qui n’aime pas non plus l’esprit de sérieux, est resté un enfant. L’artiste représente « l’homme vrai ». Il faut lire, écrit-il encore, « les livres qui vous apprennent à danser » ( Humain, trop humain , I, § 206, 1878 et 1886).

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Premier lieu commun : L'artiste doit imiter la nature.

Inviter à réfléchir sur l'art est une chose difficile. Plus que pour tout autre thème, des préjugés viennent faire obstacle à la réflexion : sur ce sujet beaucoup de personnes ont un avis très arrêté, très catégorique. Il suffit de contredire leurs certitudes pour les voir aller jusqu'à se mettre en colère, sûres de leur droit, en vertu du fameux adage "des goûts et des couleurs on ne discute pas !" Le cours qui suit part justement de quelques préjugés, et autres lieux communs, que l'on entend si souvent dans la bouche de ceux qui parlent hâtivement de l'art. Il vise à montrer ce que certaines idées ont de problématique, voire de carrément faux. En tous cas, à redonner de la place au questionnement contre les idées bien arrêtées et les "certitudes ignorantes" !

Premier lieu commun : L'artiste doit imiter la nature.

Nombreux sont ceux d'abord, qui pensent que ce qui fait la valeur d'une œuvre d'art (une peinture, une sculpture par exemple) c'est son dégré de ressemblance avec la nature ou la réalité. C'est pour cette raison que l'on admirerait les sculptures grecques de l'Antiquité ou des tableaux de la Renaissance par exemple. Ceux qui soutiennent cette opinion ne se rendent peutêtre pas compte que ce faisant ils disqualifient de nombreuses périodes de l'histoire de l'art. Laissons pour l'instant de côté la période moderne et contemporaine : notre interlocuteur ne serait sans doute pas ébranlé par notre argumentation concernant des productions auxquelles de toutes façons il refuse d'accorder le statut d' "œuvres d'art". Mais qu'en serait-il de l'art égyptien par exemple ? Faudrait-il lui refuser la dignité que nous accordons aux œuvres grecques de l'époque classique ? Même dans l'art grec, faut-il penser que les sculptures précédant le Vème siècle avant J.-C. sont moins "parfaites" ou moins "belles" ? (Planche 1) On voit déjà sur cet exemple que le critère de la ressemblance n'a qu'une valeur relative : on peut attendre d'une œuvre d'art qu'elle imite le mieux possible la nature; à certaines époques, les artistes eux-mêmes avaient cet objectif; mais ce n'est pas une nécessité absolue. L'art égyptien, pour revenir à lui, était loin de ce souci. Il ne s'agissait pas pour un sculpteur ou pour un peintre d'être au plus près de ce que nous voyons (pour cet art qui cherche à créer l'illusion de la réalité, on parle d'art "illusionniste"), mais d'être fidèle plutôt à ce que l'on sait de la chose que l'on veut représenter, ce qui la caractérise le plus. Voici ce que dit l'historien d'art Ernst Gombrich dans son Histoire de l'art (paru en 1950) au sujet de l'art égyptien : " Les peintres égyptiens avaient une manière très différente de la nôtre de représenter la réalité, conséquence sans doute des buts assignés à leur peinture. (...) Le devoir de l'artiste était de conserver chaque chose aussi clairement et aussi durablement que possible. Il ne s'agissait pas de croquer la nature telle qu'elle peut apparaître sous un angle fortuit. Ils dessinaient de mémoire, suivant des règles strictes dont l'application assurait que tout ce qui devait figurer dans la peinture y serait parfaitement discernable." Ainsi, une peinture représentant un jardin avec un bassin, présente le bassin vu de dessus et les arbres vus de face, pour que tous les éléments de l'image soient clairement identifiables. Il ne s'agit pas d'une maladresse, ou d'une incompétence technique : cela dépend des "buts assignés" à l'art comme dit Gombrich. L'habileté, la maîtrise ou non de certains procédés techniques, peuvent expliquer, dans une certaine mesure, qu'une époque représente la nature de manière plus symbolique ou plus schématique qu'une autre. Mais il ne faut pas penser qu'il s'agit là de la seule explication, ni même qu'il s'agit de la plus pertinente. Comme l'ont montré les travaux de certains historiens d'art (Worringer, Panofsky), il faut relier l'art de chaque culture et de chaque époque à l'esprit de cette époque : les formes artistiques manifestent une certaine vision du monde, elles n'en sont jamais le simple reflet. Nous pouvons même aller jusqu'à dire qu'il n'y a pas de manière naturelle ou juste, correcte ou objective de représenter la réalité. Toute représentation est une certaine interprétation de celle-ci. On peut remarquer également que les œuvres qui passent pour les plus "réalistes" (repensons à tel personnage peint ou sculpté par Michel-Ange) idéalisent aussi fortement la réalité : l'artiste représente dans ces cas davantage son idéal de beauté ou celui de son époque, qu'il ne peint ce qu'il voit. Il faut donc être prudent dans l'usage du mot "réaliste"...

Deux références très classiques à propos des rapports Art/Imitation :

1) Platon (427-348 av. J.-C.)

Platon est contemporain des œuvres de la période classique dont nous avons parlé plus haut. Contrairement au sens commun actuel, qui admire les œuvres grecques pour leur réalisme, Platon juge sévèrement l'art de son époque, justement parce qu'il est imitatif ou illusionniste. Pour lui l'artiste est un menteur et il est dangereux. Menteur, parce qu'il fait passer pour réel ou pour vrai ce qui ne l'est pas. Il nous donne l'illusion d'être par exemple face à un paysage, à un groupes d'hommes, à une coupe de fruits. En fait, nous nous trouvons seulement face à une image de ces objets, nous n'en voyons que la représentation qu'en a donné l'artiste (voir comment un artiste moderne, Magritte (1898-1967), a joué avec cette idée dans un tableau célèbre intitulé La trahison des images). L’œuvre n'est donc qu'une copie de la réalité, celle-ci n'est imitée que dans son apparence. Ce qui pourrait sembler être un pouvoir de l'art, sa capacité à tout représenter, en est en fait la faiblesse essentielle. Le peintre ou le dramaturge peuvent tout imiter : une bataille (sans être stratège ou soldat), une architecture (sans être architecte), telle ou telle vertu (sans être vertueux), mais ils n'en ont pas la connaissance et ils ne nous en donnent aucune. Contrairement au philosophe, selon Platon, ils ne soucient pas de la vérité, de l'essence de ces objets ou de ces réalités. L'artiste ne fait que promener un miroir sur le monde, il nous présente un simple reflet des choses. Platon oppose l'apparence (sensible) à l'être (intelligible). La réalité ne se saisit pas par nos sens, elle n'est pas dans le sensible pour Platon, mais dans le monde intelligible. Seules les Idées sont réelles. Pour accéder à elles, c'est notre esprit ou notre raison qui est le bon médiateur et non pas nos sens, notre perception (cf. Allégorie de la caverne également et le cours sur la vérité). L'artiste nous trompe donc. Mais il est aussi dangereux, car il mélange le vrai et le faux. Il est un mauvais éducateur qui nous fait nous engluer dans le monde des apparences, quand le vrai éducateur tourne notre regard vers les réalités intelligibles. Platon va jusqu'à penser qu'il faut bannir le poète de la Cité idéale qu'il imagine dans La République...

2) Hegel (1770-1831)

La perspective de Hegel sur les rapports art/imitation est t o u t à f a i t d i f f é r e n t e d e c e l l e d e P l a t o n . Fondamentalement, ce qui les oppose sur ce point, c'est leur conception du statut de l'apparence. Nous avons vu sa disqualification chez Platon. Chez Hegel au contraire, l'apparence manifeste l'être, ou l'être se manifeste dans l'apparence. La vocation de l'être, pourrait-on dire, est de se manisfester, de s'objectiver (se faire objet), de se réaliser effectivement. Ainsi en est-il de la vérité. Elle n'est pas au-delà des apparences mais elle apparaît en elles. D'autre part, une œuvre d'art, si elle se présente comme un objet sensible, est-elle aussi (et ce point est tout à fait essentiel dans l'esthétique de Hegel) une œuvre de l'esprit. Elle est essentiellement un objet symbolique, un mixte de sensible et de spirituel. L'artiste manifeste à travers un support sensible (des pigments de couleurs, une toile etc. pour le peintre; du marbre, du bronze etc pour le sculpteur; des sons, un rythme pour le musicien...) des contenus spirituels, des idées ou des sentiments. L’œuvre d'art n'est donc pas une "simple apparence", elle n'est pas la pâle copie d'une réalité matérielle. Contrairement à ce que nous avons vu chez Platon, l’œuvre n'est pas un simulacre, elle n'a pas moins de réalité que la chose ou encore davantage que de l'Idée de cette chose : parce qu'elle réalise l'idée, lui "donne une forme objective" et parce qu'elle est fille de l'esprit (d'un homme, de son créateur), elle est plus riche que la réalité qu'elle prend pour modèle. Cela explique pourquoi ce qui ne retient pas notre intérêt dans la vie courante (une coupe de fruit, le visage d'une vieille femme...) nous intéresse quand il est présent dans une image artistique. Cette coupe de fruit peut être par exemple une vanité qui nous invite à réfléchir au temps fini comme cadre de l'existence humaine; ce visage d'une vieille femme folle anonyme (Planche 2) disparue depuis longtemps et dont on pourrait penser qu'il ne nous concerne en rien, nous interroge lui aussi sur la vieillesse, sur la folie et la raison par exemple... L’œuvre a donc une dimension universelle que n'a pas la situation ou la réalité concrète qu'elle représente; elle transcende aussi d'un point de vue temporel la contingence et le caractère éphémère des choses. Hegel affirme donc que l'art n'a pas pour finalité essentielle de copier ou d'imiter la nature ou le réel. Ce qui doit nous faire admirer une œuvre d'art c'est donc qu'elle est une œuvre de l'esprit et non une copie de la nature. Les chefs-d’œuvres d'imitation sont sans doute des chefs-d’œuvres de techniques, ils montrent la maîtrise technique, l'habileté de leur producteur; ils ne sont pas pour autant nécessairement des chefsd’œuvres d'un point de vue artistique; ils peuvent être tout à fait insignifiants. Ces dernières remarques nous renvoient à deux autres préjugés concernant la création artistique : 1) Une œuvre d'art doit "ressembler à quelque chose" ou "représenter quelque chose", elle doit être figurative (et non pas abstraite). 2) Une œuvre d'art est un objet qui réclame pour être produit de grandes capacités techniques

Deuxième lieu commun : Une œuvre d'art doit représenter quelque chose, être figurative !

Deuxième lieu commun : Une œuvre d'art doit représenter quelque chose, être figurative !

Cette idée est exprimée (peut-être pas aussi clairement...) par ceux qui ont un jour visité une exposition ou un musée d'art moderne et qui n'en sont pas trop familiers et/ou pas trop "fans". Ils se plaignent par là d'avoir à faire à une image dont ils n'identifient pas le sujet, soit parce que la représentation qui en est donnée par l'artiste n'est pas traditionnelle, qu'il y a une distorsion entre l'image attendue et l'image proposée (c'est ce qu'ont ressenti les premiers spectateurs des toiles impressionnistes); soit parce que l'image en question n'a plus du tout de référent dans le réel, qu'elle n'est plus figurative mais abstraite. Dans le premier cas, on voit à quel point agit le poids des habitudes : aujourd'hui la peinture impressionniste n'étonne plus grand monde. Peu de gens se diraient choqués par des toiles de Monet au prétexte qu'elles seraient "floues" ou "mal dessinées". N'est-ce pas simplement parce que nous sommes habitués à les voir ? Des reproductions de ces œuvres se trouvent partout : sur des couvertures de livres, dans des manuels scolaires, en cartes postales, T-shirts etc... Notre oeil a été éduqué (sans que nous ne nous en rendions compte, sans que nous fassions d'efforts vers elles) à les voir... Et nous arrivons donc non seulement sans problèmes à les accepter comme des œuvres d'art, mais nous les trouvons en plus "belles". Picasso, Les demoiselles d'Avignon Le problème s'est posé également à l'époque de leur création pour les œuvres des fauves (Derain, Vlaminck par exemple), des cubistes (Braque ou Picasso pour citer les plus connus) ou des expressionnistes (Munch, Ensor, Kirchner etc...) : dans ces courants apparus à la fin du XIXème ou au début du XXème siècle, la rupture avec la représentation du réel n'est pas encore consommée, mais l'artiste fait subir au réel des transformations qui peuvent dérouter le spectateur novice. Les formes ne sont pas conformes à une représentation "objective", photographique de l'objet; l'artiste choisit ses couleurs en fonction de ses intentions expressives; en un mot, l'image artistique gagne en autonomie vis-à-vis du réel. La toile ne prétend plus être "une fenêtre ouverte" sur le monde. (Vlaminck, Le jardinier) Elle n'est plus un medium transparent pourraiton dire, qui veut se faire oublier. Le spectateur ne peut plus ignorer qu'il est face à une peinture. L'artiste, de plus en plus au XXème siècle, va le forcer à être attentif à l'objet qui est face à lui, dans sa matérialité. Cela commence avec les coups de pinceau visibles des impressionnistes (surtout Van Gogh); cela se poursuit avec les papiers ou les objets collés à même la toile des cubistes ou des artistes Dada ou surréalistes, dans les années 1910-1920; jusqu'au travail spécifique du mouvement Supports/Surfaces dans les années soixante qui déconstruit la peinture en mettant en avant ses constituants : le châssis, la toile etc... Inscrit dans ce mouvement on comprend pourquoi nécessairement l'évolution de la peinture moderne a mené à l'abstraction. Les artistes qui ont les premiers "sauté le pas" (kupka, Kandinsky, Mondrian, Malevitch) ont radicalisé les idées que nous avons évoquées : le tableau ne renvoie plus à autre chose qu'à lui-même. Les formes et les couleurs sont présentes pour elles-mêmes. La ressemblance comme critère de l’oeuvre d'art a vécu

Troisième lieu commun : Produire une œuvre d'art réclame un savoir-faire technique.

Troisième lieu commun : Produire une œuvre d'art réclame un savoir-faire technique.

En plus des qualités esthétiques ou expressives de certaines œuvres nous sommes généralement sensibles à leur qualité technique, à la maîtrise dont a su faire preuve leur créateur. Ainsi, peut-on admirer la manière dont un sculpteur arrive à rendre dans la pierre l'anatomie humaine : non seulement ses proportions, mais les muscles, les veines, le mouvement etc.; Ainsi également, peut-on être frappé par la manière dont un peintre arrive à nous faire croire que nous sommes face à une armure au métal brillant, grâce à un jeu savant avec la lumière. Rembrandt, Vieil homme en costume militaire, 1630 Sans doute est-ce parce que nous avons conscience de tout le travail qui a été nécessaire à l'artiste pour arriver à une telle maîtrise de son art que nous apprécions en partie son oeuvre. Nous nous disons, consciemment ou non, que rares sont ceux qui peuvent atteindre une telle compétence, une telle habileté. Ce jugement est tout à fait légitime. Même si ce n'est pas seulement parce qu'il est un bon technicien que nous pouvons aimer des sculptures de Rodin ou de Michel-Ange, il serait absurde de penser que cette cause ne fait pas partie du plaisir que nous éprouvons devant leurs œuvres. Le problème est que cette idée peut constituer un obstacle pour accéder à d'autres œuvres, spécialement certaines œuvres modernes. Le jugement tombe alors comme un couperet, définitif : "J'aurais pu le faire !" ou, pourquoi pas, "Un enfant pourrait le faire !". Prenons l'exemple de Picasso qui étonne ou irrite encore aujourd'hui pas mal de gens qui ne connaissent ou n'apprécient pas l'art moderne. Certains de ses dessins peuvent paraître "simples" ou évoquer les dessins des enfants (je dis bien "évoquer", car je n'ai personnellement jamais vu d'enfants dessiner comme ça !...); les visages qu'il peint (beaucoup de personnes en rient assez) ne sont pas "corrects" du strict point de vue imitatif, mais êtes-vous assez naïfs pour croire qu'il ne sait pas dessiner ? Qu'il les a peints ainsi parce qu'il ne savait pas faire autrement ? Ne peut-on pas faire crédit aux grands artistes de savoir ce qu'il font et pourquoi ils le font ? En d'autres termes on peut supposer (pour le moins...) qu'il existe des raisons au fait que le dessin n'est pas "correct". Considérons par exemple ce coq : comme nous le fait remarquer Gombrich dans l'introduction de son Histoire de l'art, cette image ne nous donne pas une représentation réaliste ou objective d'un coq. Nous sommes plus près d'une caricature ou d'un personnage de dessin animé. Comme dans une caricature, Picasso a accentué, exagéré, certains traits du coq pour en donner une image expressive, celle d'un animal piteux, mais prétentieux. De manière beaucoup plus nette encore, évidemment, certains artistes ont abandonné toute volonté de virtuosité technique, mais dans le même but que Picasso : exprimer une idée ou un sentiment de manière efficace, ou en tous cas de la manière qui leur paraissait intéressante, sans s'embarrasser de la question de la technicité. Voyez par exemple ce Portrait d'une danseuse de Miro constituée d'une épingle à chapeau, d'un bouchon en liège et d'une plume fixés sur un panneau de bois peint. N'arrive-t-il pas à nous faire voir une danseuse, avec une grande économie de moyens, en mettant en œuvre très peu d'habileté technique ? Effectivement, "n'importe qui" aurait pu le faire avant lui, "n'importe qui" pourrait le re-faire. Mais ce qui compte, ce qui fait la valeur de son geste artistique au moment où il l'accomplit, c'est qu'il a eu l'idée de ce dispositif. La répétition de celui-ci aujourd'hui en revanche n'aurait plus d'intérêt, sauf si un artiste contemporain voulait citer cette œuvre aujourd'hui dans un autre contexte, dans un autre dispositif pour signifier autre chose que Miro à son époque. Au moment où Miro réalise cette œuvre, il est dans une période de son travail où il critique les moyens traditionnels de la peinture, où il expérimente des collages, des "tableaux-objets" constitués de matériaux de récupération. Il s'inscrit dans une tendance forte de l'art de l'époque dans laquelle beaucoup d'artistes (cubistes, dadaïstes, surréalistes notamment) s'interroge sur les frontières de la peinture, voire sur celles de l'art. Une œuvre comme celle-ci donc, qui participait à ouvrir, à transgresser les limites, les règles héritées, n'aurait évidemment plus la même portée si elle était singée aujourd'hui car tout ce contexte qui lui donnait sens n'est plus. A strictement parler, on ne peut pas refaire la même œuvre aujourd'hui, même si matériellement on reprenait exactement les mêmes éléments que ceux utilisés par Miro.

Quatrième lieu commun : L'art c'est forcément beau Cette idée rejoint une définition classique de l'art.

Quatrième lieu commun : L'art c'est forcément beau Cette idée rejoint une définition classique de l'art.

Celui-ci se distinguerait de la production technique en ce qu'il viserait "la production du beau". Mais plusieurs problèmes peuvent être soulevés à partir de cette définition. Qu'entend-on par "beau" ? Que signifie ce jugement que nous formulons devant un objet (naturel ou pas d'ailleurs) que nous trouvons "beau" ? Le beau est-il objectif ou bien au contraire n'est-il lié qu'au sujet qui parle, qui éprouve ce plaisir ? Est-il identique à l'agréable, au plaisant, au "joli" ?

Goya, Le Temps ou les vieilles, 1808-1812. Dans l'histoire des arts, toutes les cultures et toutes les époques ont essayé de définir des critères objectifs de la beauté. Des règles étaient énoncées pour définir la manière correcte de représenter un corps humain par exemple (en s'attachant aux proportions à respecter entre ses différentes parties notamment); les objets ou les scènes dignes d'être peintes, sculptées, jouées (au théâtre) etc., étaient clairement établis : il était indécent ou indigne (donc laid) à certaines époques de représenter un nu ou une scène de la vie quotidienne, ou un objet simplement utilitaire. Comme nous l'avons déjà vu plusieurs fois depuis le début de cette réflexion, l'histoire de l'art, dans son développement, n'a cessé de casser ces limites soit disant objectives de l'art. Tous les académismes n'ont eu qu'une durée de vie relative, plus ou moins longue. Il est difficile de définir l'art pour cette raison : définir c'est circonscrire, enfermer dans une essence qui serait immuable. Or, les artistes ne cessent de se jouer des définitions. Ce qui est à remarquer en tous cas, c'est que toutes ces tentatives pour définir un beau "objectif" ont échoué. Il n'y a pas de règles du beau. Ce qui n'est pas jugé beau par une époque, une culture, devient beau pour une autre, et, nous en faisons l'expérience tous les jours, ce qui n'est pas beau pour un individu, est beau pour un autre. Il semble bien qu'en ce domaine le relativisme soit de mise. Cependant, les choses ne sont pas si simples. Comme l'a montré Kant, le jugement de beau n'est pas purement subjectif. Il faut distinguer la formule "C'est beau" du simple "Cela me plaît" ou "c'est agréable". Le jugement de beau est beaucoup plus complexe et plus riche que ces derniers : Lire ce rapide commentaire de l'Analytique du beau de Kant dans lequel il développe des analyses tout à fait fondamentales sur cette question. Par ailleurs, et pour finir, on peut ajouter que l'artiste ne recherche pas forcément le beau. Il peut viser l'expressivité (penser au célèbre Cri de Munch), à manifester une idée en dehors de toute préoccupation esthétique (voir Duchamp, les artistes conceptuels, ou pourquoi pas, il peut s'intéresser au laid, à l'indécent, à l'indigne (comme l'ont fait ou le font de nombreux artistes contemporains). Encore une fois, le spectateur qui ne cherche dans l'art que le beau limite de manière importante le champ de l'art. Cela ne signifie pas que ce critère soit totalement à abandonner, mais il faut comprendre que sa valeur est toute relative.

Cinquième lieu commun : L’art, "Ça ne sert à rien !"

Cinquième lieu commun : L’art, "Ça ne sert à rien !"

Une autre des idées reçues sur l’art, ou une autre des critiques qui lui sont faites, est de ne « servir à rien ». Avant d’aller plus loin, et de nous demander si l’art a ou non une utilité – et relativement à quoi –, nous pouvons nous arrêter d’abord sur le sens de ce qui se présente comme une objection contre l’art. Qu’est-ce qu’une activité « utile » ? En fonction de quoi juge-t-on de l’utilité ? A l’école, l’art n’est pas la seule chose qui soit décrétée inutile par certains élèves : l’étude de l’histoire est inutile, car à quoi bon s’intéresser à ce qui n’est plus ? Pour tous ceux qui n’ont pas l’intention de trop voyager, l’étude d’une langue étrangère est inutile . Une bonne partie de ce que l’on apprend en mathématiques est inutile, car à quoi servent les vecteurs et les dérivés dans la vie courante ? La philosophie, bien sûr, est inutile… Au lieu de nous embarrasser (et encore, je reste poli…) avec tout ces savoirs inutiles, l’école devrait former dès le plus jeune âge à des métiers, préparer à la « vie active » ! Vive la comptabilité, la mécanique et le management ! Au fond de tous ces jugements, il y a une certaine définition de ce qui est utile, dans notre société : est utile une activité qui produit des biens, ou qui permet d’offrir un service. Est valorisé, ce qui crée de la richesse (entendue au sens exclusivement économique, cela va sans dire), ce qui permet de consommer et se divertir. Tout le reste est inutile, tout ce qui n’a pas de valeur marchande ou d’utilité pratique directe ; ce qui simplement nous invite à penser, à connaître, à voir ou à percevoir. Or, justement, l’art, quand il n’est pas confondu avec l’industrie du divertissement (car en effet si le cinéma, la musique et la littérature sont bien des arts, ils peuvent aussi n’être que des avatars de la société du spectacle) ou considéré comme un placement rentable (penser au succès médiatique des grandes ventes aux enchères), est du côté de ces activités qui nous invitent à regarder le monde, à le penser, à le penser autrement, à le penser autre... D’une certaine manière donc, effectivement, l’art « ne sert à rien ». Mais, dans un autre sens, comme les sciences, la littérature ou la philosophie, l’art, avec ses moyens propres, remplit des fonctions essentielles : Voici deux références classiques par exemple :

- Pour Hegel, il n'est ainsi rien moins qu'un besoin universel de l'esprit humain. En effet, dans la mesure où l'homme est un être conscient, contrairement aux simples choses (voir le cours sur la conscience), "il faut donc rechercher le besoin général qui provoque une oeuvre d'art dans la pensée de l'homme, puisque l'oeuvre d'art est un moyen à l'aide duquel l'homme extériorise ce qu'il est".

- Pour Bergson, l'objet de l'art est de nous permettre de voir ou de percevoir le monde de manière plus libre, en étant délesté des exigences utilitaires, débarrassé des conventions, des habitudes, qui s'interposent toujours entre nous et les choses. On pourrait aussi se référer aux travaux de grands historiens d'art qui ont montré que les artistes et les œuvres d'art pensent. C'est particulièrement le sens de plusieurs analyses qui ont été menées par des auteurs qui ont travaillé sur l'origine de la perspective en peinture : Erwin Panofsky (La perspective comme forme symbolique), Hubert Damish (L'origine de la perspective), Daniel Arasse (Histoires de peintures); ou de celles sur le statut de l'image (particulièrement artistique) de Georges Didi-Huberman (Devant l'image).

Exemples de sujets de dissertation

Art, réalité, vérité

- L'artiste a-t-il besoin d'un modèle ?

- L'art modifie-t-il notre rapport à la réalité ?

- L'art nous éloigne-t-il du réel ?

- L’œuvre d'art est-elle une imitation de la nature ?

- En quoi l'art permet-il d'accéder à la vérité ?

- L'artiste fuit-il la réalité ?

- Peut-on assimiler l'art à une connaissance ?

- L'art est-il le règne de l'apparence ?

- Existe-t-il un progrès dans les arts ?

La question du goût et de la réception des œuvres

- L'art s'adresse-t-il à tous ?

- Faut-il être connaisseur pour apprécier une œuvre d'art ?

- Est-il nécessaire d'être cultivé pour apprécier une œuvre d'art ?

- L'art s'adresse-t-il principalement aux sens ?

- Qu'admire-t-on dans une œuvre d'art ? Fonctions de l'art ?

- Peut-on concevoir une société sans art ?

- L'homme a-t-il besoin de l'art ?

- Une œuvre d'art est-elle utile ?

- Une œuvre d'art est-elle un objet sacré ?

- A quels besoins l'art peut-il répondre ? Quand y a-t-il "art" ?

- Peut-on reprocher à une œuvre d'art de "ne rien vouloir dire" ?

- Pourquoi ce qui nous déplaît dans la vie nous plaît-il dans une oeuvre d'art ?

- L'artiste doit-il chercher à plaire ?

- Devient-on artiste en imitant d'autres artistes ?

- Est-ce le regard du spectateur qui fait une oeuvre d'art ?

Descriptif des lectures et activités pour le bac de français, série S. Document idéal pour les candidats libres

  • Le 21/05/2017

Roland Barthes, Sur Racine, le monstre. Le théâtre et sa représentation

  • Le 05/03/2017

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Date de dernière mise à jour : 31/07/2021

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  • Culture générale

L’art en philosophie : quelques thèses incontournables

  • décembre 13, 2022
  • Par : Gabin Bernard

l'art en philosophie

Cet article s’intéresse aux différentes thèses philosophiques sur l’art. Il tente de recenser les plus importantes d’entre elles.

PLATON, La République , Livre X : l ’art n’est qu’imitation et illusion

La poésie, génératrice d’illusion, est bannie de la cité idéale chez Platon. Dans un extrait, le philosophe grec prend l’image des trois lits : son essence , celui du menuisier ( matériel ) et celui du peintre ( idéal ). L’artiste copie en réalité le lit de l’artisan, lui-même créé à partir du concept. De ce fait, l’art est mensonge et illusion, il ne fait que copier la représentation matérielle d’un concept et non le concept même. “Est-ce représenter ce qui est tel qu’il est, ou ce qui paraît tel qu’il paraît; est-ce l’imitation de l’apparence ou de la réalité ? – De l’apparence dit-il.” Le Beau artistique n’existe pas pour Platon.

ARISTOTE, Poétique : l’art est imitation

Le disciple de Platon s’en distingue nettement ici. Il observe que les hommes ont tendance à imiter : “Imiter est en effet, dès leur enfance, une tendance naturelle aux hommes”, et ils prennent plaisir à contempler ces imitations. De plus, l’homme aime à apprendre par la contemplation. “Apprendre est un grand plaisir […]. On se plaît en effet à regarder les images car leur contemplation apporte un enseignement.” Notons que Pascal fait référence à cet extrait dans ses Pensées : “Quelle vanité que la peinture qui n’attire l’admiration que par la ressemblance des choses, dont on admire point les originaux.” En résumé, selon Aristote, l’art prend sa source dans le plaisir de l’imitation.

Lire plus : Philosophie du langage : les principales thèses à connaître

HEGEL, Esthétique : distinction entre beauté naturelle et beauté esthétique

L’Esthétique chez Hegel renvoie à la philosophie des beaux-arts. “L’esthétique a pour objet le vaste empire du beau […] c’est la philosophie de l’art, ou plus précisément des beaux-arts.” Mais cette définition exclut le beau dans la nature et ne considère que le beau dans l’art. Cela est d’autant plus vrai que les thèses courantes privilégient le beau naturel. “Mais il est permis de soutenir dès maintenant que le beau artistique est plus élevé que le beau dans la nature.” L’esprit est toujours supérieur à la nature ,  en toute idée sont présents toujours l’esprit et la liberté. Hegel conclut : la beauté artistique est supérieure à la beauté naturelle car elle est le fruit de l’esprit. 

HEGEL, Esthétique : l’art n’est pas pure imitation

L’art ne saurait se borner à une simple imitation de la nature. L’opinion courante considère que l’art doit imiter la nature. L’imagination désigne donc cette habileté à reproduire avec fidélité les objets naturels et constituerait alors le but essentiel de l’art. Mais c ette idée restreint l’art à ne reproduire que ce qui existe déjà dans le monde, or l’art est création, il introduit de la nouveauté. Cette tâche reproductrice est inutile (“cette reproduction est du travail superflu”) et présomptueuse. L’art, “limité dans ses moyens d’expression et ne peut produire que des illusions partielles.”

L’art, en s’en tenant à cette définition, ne nous donne qu’une “caricature de la vie”. L’art d’imitation est mesquin et sans grandeur pour Hegel. “L’art, quand il se borne à imiter, ne peut rivaliser avec la nature, et qu’il ressemble à un ver qui s’efforce en rampant d’imiter un éléphant.” L’art est donc médiocre quand il se borne à la simple imitation de la nature. L’art a quelque chose de surnaturel dans son caractère créateur.

HEGEL, Esthétique : l’art doit exclure tout désir

Notre rapport pratique au réel est le désir : “le mode de relations aux choses extérieures est le désir”. L’homme est un être de désir (idée qu’on retrouve chez de nombreux philosophes, dont Spinoza et son conatus en particulier). Dans ce rapport pratique, l’objet est détruit par le sujet. L’homme puise dans les objets sa subsistance, en fait usage et les sacrifie à sa satisfaction personnelle. Le désir maintient l’objet dans son existence sensible et concrète. “Il n’a que faire de tableaux”.

Ainsi, ni l’objet ni le sujet n’y sont libres et indépendants : l’objet est destiné à être détruit et le sujet est prisonnier des intérêts individuels. Au contraire, l’art est libre contemplation par l’esprit : “Les relations de l’homme à l’œuvre d’art ne sont pas de l’ordre du désir. Il la laisse exister pour elle-même, librement, en face de lui, il la considère sans la désirer. ” L’œuvre d’art est vue comme un objet théorique et non pratique. Dès lors, sans même avoir une réalité tangiblement concrète, l’œuvre d’art est dotée d’une existence sensible. L’art est donc libre contemplation par l’esprit, dénuée de tout désir.

HEGEL, Esthétique :  l’art est l’esprit se prenant pour objet

L’esprit a la faculté de se considérer lui-même (par la pensée) : l’esprit peut se prendre lui-même pour objet de pensée. Quant à l’œuvre d’art, bien qu’elle se rapporte au sensible, elle est œuvre d’esprit, “dans la mesure où elles sont jaillies de l’esprit et produites par lui.”. De ce fait, l’art se rapproche plus de l’esprit et de la pensée que de la nature. Les créations de l’art ne sont pas des pensées et des concepts mais “un déploiement extérieur du concept, une aliénation qui le porte vers le sensible.” L’art est l’expression de l’esprit sous forme sensible.

ARENDT, Condition de l’homme moderne : la durabilité de l’œuvre d’art

L’œuvre d’art, unique, n’est pas échangeable. Elle donne à l’artifice humain sa stabilité. Elle n’a pas d’utilité pratique : « l’œuvre d’art doit être soigneusement écartée du contexte des objets d’usage ordinaires.”  “Les œuvres d’art sont de tous les objets tangibles les plus intensément du monde; leur durabilité est presque invulnérable aux effets corrosifs des processus naturels.” Les véritables œuvres d’art traversent les temps, demeurant souvent inaltérées.

Elles acquièrent un statut d’objet immortel créé par l’homme. Arendt met en évidence la permanence de l’art, ce pressentiment d’immortalité “d’une chose immortelle accomplie par des mains mortelles.” L’œuvre d’art échappe par ailleurs à la pensée créatrice lorsqu’elle se matérialise. Le processus de la pensée doit s’interrompre pour la réification matérialisatrice de l’oeuvre. Dans la création de l’œuvre d’art, la pensée est inutile. 

Lire plus : Le Monde chez Nietzsche 

NIETZSCHE, La généalogie de la morale (IIIe Dissertation) : le Beau ne relève pas d’une connaissance mais d’une promesse de bonheur

Nietzsche, au début de cette troisième dissertation, propose une réflexion sur le Beau. Il prend ainsi partie pour la vision de Stendhal , lequel voit dans l’art “une promesse de bonheur”. Au contraire, Kant a défini le beau du point de vue du spectateur désintéressé. Son point de vue est marqué par l’impersonnalité et l’universalité.

“ Au lieu d’envisager le problème esthétique en partant de l’expérience de l’artiste, Kant a médité sur l’art et le beau du seul point de vue du spectateur”. Ce spectateur n’éprouve aucun ravissement face à la beauté: “Est beau, dit Kant, ce qui provoque un plaisir désintéressé.” A l’opposé, Stendhal voit dans le beau “une promesse de bonheur”, il récuse le désintéressement avancé par Kant. La beauté chez Nietzsche ne relève pas d’une connaissance, n’est pas théorique, mais est une expérience érotique.

NIETZSCHE, La volonté de puissance : l’art désigne un total épanouissement

“Sans la musique, vivre aurait été une erreur.” écrit Nietzsche. Pour ce dernier, l ’art est d’une importance vitale, il est joie et plénitude radicale , en plus d’apparaître comme le premier degré de l’effort vers le surhumain. “Ce qui est essentiel dans l’art, c’est qu’il parachève l’existence , c’est qu’il est générateur de perfection et de plénitude: l’art est essentiellement l’affirmation, la bénédiction, la divinisation de l’existence.” L’art, par essence, est affirmation de l’existence, création de nouvelles valeurs.

PLATON, Ion : le poète crée par don divin

D’où vient le génie qu’on accorde aux poètes ? Cette question suscite encore débat aujourd’hui. La vision de Platon est aussi celle de nombreux poètes tel Ronsard. C’est l’inspiration qui anime l’artiste. Le poète est inspiré, il perd la raison : ‘il n’est pas en état de créer avant d’être inspiré par un dieu”. Son privilège divin expliquerait sa spécialisation: il est le réceptacle de la Divinité. C’est aussi cette part de divin qui écarte l’artiste de la société et en fait un homme à part. Le poète crée par l’effet d’un don divin et se fait l’intermédiaire de cette divinité. 

KANT, Critique du jugement : le beau plaît universellement sans concept

“Le beau est ce qui est représenté, sans concept, comme l’objet d’une satisfaction universelle.” Citation extrêmement connue, Kant pointe la satisfaction désintéressée et universelle comportant une ressemblance avec le jugement logique. Celui-ci constitue par des concepts une connaissance de l’objet esthétique. Toutefois, cette universalité est subjective et non pas logique: “il a droit à une universalité subjective.” L’universalité du jugement esthétique ne repose pas sur des concepts.

KANT, Critique de la faculté de juger : le jugement de goût ne peut se prouver

Le jugement de goût, dire si l’on apprécie ou non une œuvre, ne peut pas se prouver. Il se situe entre subjectivité et objectivité. En effet, chacun connaît le poncif : “à chacun son propre goût”. Il fonde le goût sur la pure subjectivité. Le second lieu commun du goût est le suivant : “on ne dispute pas du goût”. Celui-ci reconnaît l’absence de concepts déterminés du goût . Néanmoins, pour Kant, il manque une proposition intermédiaire : “on peut discuter du goût.” Or, “là où il est permis de discuter, on doit aussi avoir l’espoir de s’accorder”.

On constate donc l’antinomie du jugement de goût : le jugement ne se fonde pas sur des concepts (autrement on pourrait discuter à ce sujet), et pourtant le jugement se fonde aussi sur des concepts (autrement on ne pourrait même pas discuter à ce sujet). Le jugement de goût ne peut se prouver, et pourtant on peut en discuter. 

KANT, Critique du jugement : le génie est une disposition innée par laquelle la nature fournit des règles à l’art

“Le génie est le talent de produire ce dont on ne peut donner de règle déterminée.” Par conséquent, “l’originalité est sa première qualité.” Donnant des règles à l’art, “ses productions doivent être des modèles, elles doivent être exemplaires”. Le génie ne peut “lui-même décrire” ou expliquer comment il a accompli ses productions “mais il donne la règle par une inspiration de la nature”. Dans le génie, la nature donne des règles à l’art.

NIETZSCHE, Humain trop humain : le génie n’est pas une disposition innée de l’esprit

Encore une fois Nietzsche s’oppose à Kant. Selon lui, c’est le travail qui crée l’œuvre. “L’activité du génie ne paraît pas le moins du monde quelque chose de foncièrement différent de l’activité de l’inventeur en mécanique”. Le génie représente un long travail. Nietzsche l’associe à quelque chose proche de l’activité artisanale. En réalité, c’est pour éviter de l’envier que l’on a employé le terme de génie (“Nommer quelqu’un “divin”, c’est dire: “ici nous n’avons pas à rivaliser.””) mais aussi par aversion pour la genèse laborieuse.  Le génie ne relève d’un miracle, d’un talent inné, il est le fruit d’un long travail.

Bergson, Le Rire : Quel est l’objet de l’art ?

“Quel est l’objet de l’art ? Si la réalité venait frapper directement nos sens et notre conscience, si nous pouvions entrer en communication immédiate avec les choses et avec nous-mêmes, je crois bien que l’art serait inutile, ou plutôt que nous serions tous artistes, car notre âme vibrerait alors continuellement à l’unissons de la nature.” Bergson 

D’après sa thèse sur le langage “nous ne voyons pas les choses mêmes; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles.” Le langage est trompeur. “Ce sont aussi nos propres états d’âme qui se dérobent à nous dans ce qu’ils ont d’intime, de personnel, d’originalement vécu.” Nous n’apercevons de notre état d’âme “que son déploiement extérieur. Nous ne saisissons de nos sentiments que leur aspect impersonnel”.

L’individualité nous échappe, “nous vivons dans une zone mitoyenne entre les choses et nous, extérieurement aux choses, extérieurement aussi à nous-mêmes.” Au contraire, l’artiste vit détaché de tout cela. Le détachement de l’artiste est naturel, inné, mais imparfait. “Si ce détachement était complet, si l’âme n’adhérait plus à l’action par aucune de ses perceptions, elle serait l’âme d’un artiste comme le monde n’en a point vu encore. Elle excellerait dans tous les arts à la fois […]. Elle apercevrait toutes choses dans leur pureté originelle.”

L’art n’a qu’un objet. Celui d’écarter les symboles pratiquement utiles, les généralités conventionnellement et socialement acceptées, tout ce masque la réalité même. Bergson conclut avec cette fameuse phrase : “L’art n’est sûrement qu’ une vision plus directe de la réalité .”

BOURDIEU, La Distinction : Le goût est un habitus qui s’ignore

On finit par un peu de sociologie . Le goût est le produit d’un déterminisme social qui permet de se distinguer. D’après Bourdieu, la dimension esthétique s’élabore comme rapport désintéressé au monde: ce désintérêt est un signe distinctif d’une position privilégiée dans la société. La disposition esthétique “est aussi une expression distinctive d’une position privilégiée dans l’espace social“. “Comme toute espèce de goût, elle unit et sépare”. Le goût est également un marqueur social.

Il est “ce par quoi on se classe et par quoi on est classé.”, il est “l’affirmation pratique d’une différence inévitable.” De plus, Bourdieu fait remarquer que ce sont les dégoûts qui sont le plus révélateurs de cet habitus et finit même par affirmer : “les goûts sont avant tout des dégoûts”

Ainsi, le goût est un habitus qui s’ignore.

Lire plus : Trouver le meilleur artisan

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Le travail et la technique

La liberté, la politique, la justice et le droit, la société, la raison et le réel, la matière et l'esprit, la vérité, l'interprétation, théorie et expérience, la conscience et l'inconscient, la perception, le désir, l'existence et le temps.

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"passe ton bac d'abord ", l’art.

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Remue-neurones …
​Pourquoi des artistes? Pourquoi l’art ? L’art sert-il à quelque chose ? A quoi reconnait-on une oeuvre d’art ? Le Beau est-il toujours la finalité de l’art ? L’art nous détourne-t-il de la réalité ? Pour avoir du goût, faut-il être cultivé ? L’art est-il une illusion ? L’œuvre d’art est-elle une preuve de la liberté ? L’art est-il une forme de langage ? L’art est-il affranchi de toute règle morale ? L’art a-t-il une spécificité par rapport aux autres domaines de l’activité humaine ? L’art dépend-il de règles ou d’un génie créateur ? « Quand y a-t-il art ? »

QUELQUES DEFINITIONS

Art, artiste....

  En latin «  ars  », désignait « l’habileté acquise par l’étude ou la pratique » . Le mot peut donc s’appliquer à toutes les activités humaines qui impliquent la maitrise d’un savoir faire codé   : art de la guerre, art oratoire, art d’être ceci ou cela…

  Jusqu’au XVIIIème, le nom de celui qui pratique les arts est artisan . (de l’italien artigiano .)

  Ce n’est donc que depuis le XVIIIème   siècle et parallèlement à l’apparition du mot « technique » que l’art est qualifié par le terme   « beaux-arts . C’est donc au XVIIIème siècle que la distinction entre artiste et artisan commence à se faire.  

Arts libéraux, Arts mécaniques...

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Art et Technique

 Dans le champ de l’art, le terme de technique recoupe au moins quatre définitions distinctes,   il désigne :

  • les matériaux employés dans la réalisation de l’objet exposé 
  • le savoir faire artisanal de l’artiste
  • une simple manière de procéder,   qui ne suppose pas nécessairement l’acquisition d’un savoir-faire particulier.   (certaines techniques   compromettent la spontanéité d’un geste ou entravent les possibilités de découvertes accidentelles).
  • Enfin, renvoyant aux productions industrielles, la technique désigne l’ensemble des machines
Petit rappel sur l’histoire de l’art ….

QU'EST-CE QUE L 'ART ?

L’oeuvre d’art est un objet paradoxal puisqu’il est à la fois “inutile” dans la mesure où il n’a pas d’utilité vitale ( Du moins en apparence) et en même temps, il n’y a pas de société humaine sans art. Il y a donc un paradoxe : inutile et en même temps essentiel à l’homme.  

Comment alors définir ce qu’est une oeuvre d’art ? D’autant qu’en fonction des époques, la définition peut varier. Au XXI° siècle la question n’est plus tout à fait la même qu’au XVII° ou XVIII°… Aujourd’hui, l’art ne cherche plus le “Beau” , n’est plus soumis à des règles strictes comme il l’était par exemple à l’âge classique. La question que l’on pourra se poser alors sera : Quand y-a-t-il art ?  

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Emmanuel Kant

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Emmanuel Kant (1724-1804) Philosophe allemand. La Critique de la faculté de juger s’intéresse, en particulier, au jugement de goût, dont l’objet est l’œuvre d’art. 

 En droit on ne devrait appeler art que la production par liberté, c’est-à-dire par un libre arbitre qui met la raison au fondement de ses actions. On se plaît à nommer une œuvre d’art le produit des abeilles (les gâteaux de cire régulièrement construits), mais ce n’est qu’en raison d’une analogie avec l’art ; en effet, dès que l’on songe que les abeilles ne fondent leur travail sur aucune réflexion proprement rationnelle, on déclare aussitôt qu’il s’agit d’un produit de leur nature (de l’instinct), et c’est seulement à leur créateur qu’on l’attribue en tant qu’art.

 Emmanuel Kant, Critique de la faculté de juger (1750)

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Pour qu’il y ait « art », il faut qu’il y ait intention. Les abeilles n’ont pas une intention. Elles fabriquent ce que pour quoi elles sont programmées. Elles ne savent rien faire d’autre. .  C’est une activité innée et non une manifestation de l’esprit. Pour Kant, on ne peut donc « appeler art » que la production par liberté ».  

Alain : L’art déborde les règles...

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Alain (Émile Chartier, 1868-1951), dans Système des Beaux-Arts, montre qu’il n’y a pas de commune mesure entre la façon de procéder de l’artisan, maître des règles qui le rendent compétent dans son métier, et la manière de créer de l’artiste dont l’activité (en tant qu’elle est proprement artistique) ne se soumet à aucune règle préalable.

 Il reste à dire en quoi l’artiste diffère de l’artisan. Toutes les fois que l’idée précède et règle l’exécution, c’est industrie. Et encore est-il vrai que l’oeuvre souvent, même dans l’industrie, redresse l’idée en ce sens que l’artisan trouve mieux qu’il n’avait pensé dès qu’il essaie ; en cela il est artiste, mais par éclairs. Toujours est-il que la représentation d’une idée dans une chose, je dis même d’une idée bien définie comme le dessin d’une maison, est une oeuvre mécanique seulement, en ce sens qu’une machine bien réglée d’abord ferait l’oeuvre à mille exemplaires. Pensons maintenant au travail du peintre de portrait ; il est clair qu’il ne peut avoir le projet de toutes les couleurs qu’il emploiera à l’oeuvre qu’il commence ; l’idée lui vient à mesure qu’il fait ; il serait même rigoureux de dire que l’idée lui vient ensuite, comme au spectateur, et qu’il est spectateur aussi de son oeuvre en train de naître. Et c’est là le propre de l’artiste. Il faut que le génie ait la grâce de la nature et s’étonne lui-même.

Un beau vers n’est pas d’abord en projet, et ensuite fait ; mais il se montre beau au poète ; et la belle statue se montre belle au sculpteur à mesure qu’il la fait ; et le portrait naît sous le pinceau. […] Ainsi la règle du Beau n’apparaît que dans l’oeuvre et y reste prise, en sorte qu’elle ne peut servir jamais, d’aucune manière, à faire une autre oeuvre.

Alain, Système des Beaux-Arts , (1920), Livre I, Chap. VII

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La spécificité de la création artistique tient au débordement des règles par l’artiste. C’est par ce dépassement des règles que l’œuvre d’art prend forme au fur et à mesure, sous la main de l’artiste. Aucune règle ne préside, à l’avance, à l’apparition du beau. Alain montre ici que l’artiste ne possède pas une idée déterminée de l’œuvre qu’il réalise. C’est en réalisant son œuvre que la règle qui la détermine est rendue manifeste.  C’est donc bien cette absence préalable d’idée et de règle qui présiderait à la réalisation d’une œuvre qui caractérise l’art. C’est pourquoi l’œuvre d’art est toujours singulière, là où, à l’inverse, l’œuvre technique, suivant un procédé de réalisation prédéfini, peut être reproduite à l’infini. L’œuvre d’art est caractérisée par la non-reproductibilité en raison du fait que la création artistique déborde les règles (pas de règles préexistantes à l’œuvre qui suffisent à déterminer sa création). L’artiste n’est donc pas seulement un artisan car il ne fabrique pas seulement, il crée.  Ce texte suppose reconnu que les artistes sont aussi et d’abord des artisans : ils ont à apprendre les opérations nécessaires à la production d’oeuvres techniquement maîtrisées. Mais l’essentiel de la création artistique est ailleurs : il est, sinon dans l’oubli, du moins dans le débordement des règles, par quoi l’oeuvre prend forme au fur et à mesure qu’elle est produite tandis que l’artiste, spectateur de lui-même, donne corps à la beauté. Nulle règle ne préside, à l’avance, à l’apparition du beau qui devient ainsi, pour lui-même et de manière singulière, sa propre règle. Mais, l’absence de règles, préalables et suffisantes pour la création d’oeuvres d’art, peut être rapportée à l’absence de concept rigoureusement déterminé, dans l’esprit de l’artiste, de ce que devrait être le beau. Ne sachant pas quelle beauté il poursuit, l’artiste ne peut pas savoir non plus selon quelles règles il va l’atteindre. Il en va, semble-t-il, tout autrement pour la production technique : la fonction de l’objet qu’il y a à produire détermine de façon beaucoup plus serrée, dans l’esprit de l’artisan, le concept de cet objet ainsi que les règles à respecter pour sa production.

Georg Wilhelm Friedrich Hegel,  (1770 - 1831)

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Georg Wilhelm Friedrich Hegel ,  ( 1770  –  1831 )  philosophe  allemand . Son œuvre, postérieure à celle de  Kant   a eu une influence décisive sur l’ensemble de la  philosophie contemporaine .  

En nous plaçant au point de vue du sens commun, nous avons à soumettre à l’examen les propositions suivantes 1° L’art n’est point un produit de la nature, mais de l’activité humaine ; 2° Il est essentiellement fait pour l’homme, et, comme il s’adresse aux sens, il emprunte plus ou moins au sensible ; 3° Il a son but en lui-même. […]  A cette manière d’envisager l’art se rattachent plusieurs préjugés qu’il est nécessaire de réfuter. 1° Nous rencontrons d’abord cette opinion vulgaire que l’art s’apprend d’après des règles. Or ce que les préceptes peuvent communiquer se réduit à la partie extérieure, mécanique et technique de l’art ; la partie intérieure et vivante est le résultat de l’activité spontanée du génie de l’artiste . L’esprit, comme une force intelligente, tire de son propre fonds le riche trésor d’idées et de formes qu’il répand dans ses œuvres. Cependant il ne faut pas, pour éviter un préjugé, tomber dans un autre excès, dire que l’artiste n’a pas besoin d’avoir conscience de lui-même et de ce qu’il fait, parce qu’au moment où il crée il doit se trouver dans un état particulier de l’âme qui exclut la réflexion, savoir, l’inspiration. Sans doute, il y a dans le talent et le génie un élément qui ne relève que de la nature ; mais il a besoin d’être développé par la réflexion et l’expérience. En outre tous les arts ont un côté technique qui ne s’apprend que par le travail et l’habitude. L’artiste a besoin, pour n’être pas arrêté dans ses créations, de cette habileté qui le rend maître et le fait disposer à son gré des matériaux de l’art. […]

2° Une autre manière de voir non moins erronée au sujet de l’art considéré comme produit de l’activité humaine est relative à la place qui appartient aux œuvres de l’art comparées à celles de la nature. L’opinion vulgaire regarde les premières comme inférieures aux secondes, d’après ce principe que ce qui sort des mains de l’homme est inanimé, tandis que les productions de la nature sont organisées, vivantes à l’intérieur et dans toutes leurs parties. Dans les œuvres de l’art, la vie n’est qu’en apparence et à la surface ; le fond est toujours du bois, de la toile, de la pierre, des mots. Mais ce n’est pas cette réalité extérieure et matérielle qui constitue l’œuvre d’art ; son caractère essentiel, c’est d’être une création de l’esprit, d’appartenir au domaine de l’esprit, d’avoir reçu le baptême de l’esprit, en un mot, de ne représenter que ce qui a été conçu et exécuté sous l’inspiration et à la voix de l’esprit. Ce qui nous intéresse véritablement, c’est ce qui est réellement significatif dans un fait ou une circonstance, dans un caractère, dans le développement ou le dénouement d’une action. L’art le saisit et le fait ressortir d’une manière bien plus vive, plus pure et plus claire que cela ne peut se rencontrer dans les objets de la nature ou les faits de la vie réelle. Voilà pourquoi les créations de l’art sont plus élevées que les productions de la nature. Nulle existence réelle n’exprime l’idéal comme le fait l’art. En outre, sous le rapport de l’existence extérieure, l’esprit sait donner à ce qu’il tire de lui-même, à ses propres créations, une perpétuité, une durée que n’ont pas les êtres périssables de la nature. »

Hegel,   Introduction aux leçons d’esthétique (traduction de Charles Bénard et Claire Margat),Le Intégrales de  Philo, Nathan, p. 46-48.

Le beau artistique est plus beau que le beau de la Nature car il est le produit de la pensée, d’une pensée libre . Si les productions de l’esprit sont supérieures, c’est parce qu’elles sont l’expression de l’homme qui prend conscience de lui-même en se contemplant lui-même et en imprimant sa marque sur le monde. (voir exple de l’enfant qui fait des ronds dans l’eau). Tout homme agit sur le monde. Mais l’artiste est celui qui le spiritualise.

QU' EST-CE QU'UNE OEUVRE D' ART

Nelson goodman.

Le philosophe américain Nelson Goodman se demande ici dans quelle mesure n’importe quoi peut être considéré comme une oeuvre d’art:

« La littérature esthétique est encombrée de tentatives désespérées pour répondre à la question «Qu’est-ce que l’art ?» Cette question, souvent confondue sans espoir avec la question de l’évaluation en art «Qu’est-ce que l’art de qualité ?», s’aiguise dans le cas de l’art trouvé – la pierre ramassée sur la route et exposée au musée ; elle s’aggrave encore avec la promotion de l’art dit environnemental et conceptuel. Le pare-chocs d’une automobile accidentée dans une galerie d’art est-il une œuvre d’art ? Que dire de quelque chose qui ne serait pas même un objet, et ne serait pas montré dans une galerie ou un musée – par exemple, le creusement et le remplissage d’un trou dans Central Park 1 , comme le prescrit Oldenburg 2 ? Si ce sont des œuvres d’art, alors toutes les pierres des routes, tous les objets et événements, sont-ils des œuvres d’art ? Sinon, qu’est-ce qui distingue ce qui est une œuvre d’art de ce qui n’en est pas une ? Qu’un artiste l’appelle œuvre d’art ? Que ce soit exposé dans un musée ou une galerie ? Aucune de ces réponses n’emportent la conviction.

 Je le remarquais au commencement de ce chapitre, une partie de l’embarras provient de ce qu’on pose une fausse question – on n’arrive pas à reconnaître qu’une chose puisse fonctionner comme œuvre d’art en certains moments et non en d’autres. Pour les cas cruciaux, la véritable question n’est pas «Quels objets sont (de façon permanente) des œuvres d’art ?» mais «Quand un objet fonctionne-t-il comme œuvre d’art ?» – ou plus brièvement, comme dans mon titre 3 , «Quand y a-t-il de l’art?».

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Ma réponse : exactement de la même façon qu’un objet peut être un symbole – par exemple, un échantillon – à certains moments et dans certaines circonstances, de même un objet peut être une œuvre d’art en certains moments et non en d’autres. À vrai dire, un objet devient précisément une œuvre d’art parce que et pendant qu’il fonctionne d’une certaine façon comme symbole. Tant qu’elle est sur une route, la pierre n’est d’habitude pas une œuvre d’art, mais elle peut en devenir une quand elle est donnée à voir dans un musée d’art. Sur la route, elle n’accomplit en général aucune fonction symbolique. Au musée, elle exemplifie 4 certaines de ses propriétés – par exemple, les propriétés de forme, couleur, texture. Le creusement et remplissage d’un trou fonctionne comme œuvre dans la mesure où notre attention est dirigée vers lui en tant que symbole exemplifiant. D’un autre côté, un tableau de Rembrandt cesserait de fonctionner comme œuvre d’art si l’on s’en servait pour boucher une vitre cassée ou pour s’abriter.

Nelson Goodman, «Quand y a-t-il art ?» (1977), in Manières de faire des mondes , trad.  1992 

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Hannah Arendt,   1906 -   1975

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Hannah Arendt,   1906 –   1975), est une philosophe allemande naturalisée américaine, connue pour ses travaux sur l’activité politique, le totalitarisme et la modernité.  Ses livres les plus célèbres sont Les Origines du totalitarisme (1951), Condition de l’homme moderne (1958) et La Crise de la culture (1961). 

  « Parmi les choses qu’on ne rencontre pas dans la nature, mais seulement dans le monde fabriqué par l’homme, on distingue entre objets d’usage et œuvres d’art ; tous deux possèdent une certaine permanence qui va de la durée ordinaire à une immortalité potentielle dans le cas de l’œuvre d’art. En tant que tels, ils se distinguent d’une part des produits de consommation, dont la durée au monde excède à peine le temps nécessaire à les préparer, et d’autre part, des produits de l’action, comme les événements, les actes et les mots, tous en eux-mêmes si transitoires qu’ils survivraient à peine à l’heure ou au jour où ils apparaissent au monde, s’ils n’étaient conservés d’abord par la mémoire de l’homme, qui les tisse en récits, et puis par ses facultés de fabrication. Du point de vue de la durée pure, les œuvres d’art sont clairement supérieures à toutes les autres choses; comme elles durent plus longtemps au monde que n’importe quoi d’autre, elles sont les plus mondaines des choses. Davantage, elles sont les seules choses à n’avoir aucune fonction dans le processus vital de la société; à proprement parler, elles ne sont pas fabriquées pour les hommes, mais pour le monde, qui est destiné à survivre à la vie limitée des mortels, au va-et-vient des générations. Non seulement elles ne sont pas consommées comme des biens de consommation, ni usées comme des objets d’usage: mais elles sont délibérément écartées des procès de consommation et d’utilisation, et isolées loin de la sphère des nécessités de la vie humaine. »           

Hannah Arendt, La Crise de la culture

H. Arendt montre  la spécificité de l’œuvre d’art par rapport aux autres productions humaines. Les œuvres d’art se distinguent de toute autre production humaine par leur durée « Du point de vue de la durée pure, les œuvres d’art sont clairement supérieures à toutes les autres choses » et aussi par leur inutilité puisque « elles sont les seules choses à n’avoir aucune fonction dans le processus vital de la société » et «Elles sont délibérément écartées des procès de consommation et d’utilisation».   Elles ont «une immortalité potentielle» parce qu’elles  survivent à l’artiste, puis à la société à laquelle appartenait cet artiste. Mais elles peuvent être détruites ou perdues, et finiront aussi par disparaitre d’où « une immortalité potentielle ».     Ces œuvres d’art ont aussi comme caractéristiques d’appartenir « au monde » C’est à dire à l’ensemble de l’humanité.  Dans l’espace et dans le temps.  La seule finalité de l’art est donc d’être là, d’exister dans le monde.  Ce n’est pas un objet de consommation et ça ne doit pas le devenir. Car c’est précisément parce que les œuvres n’en sont pas, qu’elles ne servent « à rien », qu’elles durent !! Et si « elles sont délibérément écartées des procès de consommation et d’utilisation, et isolées loin de la sphère des nécessités de la vie humaine »  , c’est précisément pour qu’elles ne deviennent pas de simples objets de consommation. Il leur faut des espaces spécifiques qui demandent un effort pour les atteindre..et les comprendre. Sinon « La culture se trouve détruite pour engendrer le loisir »

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LA QUESTION DU BEAU

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  « Qu’est-ce que le beau ? » . Ce qui est beau pour moi peut être laid pour un autre. Rien n’est plus beau que sa crapaude…pour un crapaud !  Si Hume considère le beau comme subjectif : « la beauté n’est pas une qualité inhérente aux choses, elle n’est que dans l’âme qui les contemple et chaque âme voit une beauté différente », d’autres comme Kant le distingue de l’agréable et lui attribue une universalité.

L’art relève de la poièsis , c’est-à-dire de la production ou de la création.La conception actuelle de l’art suppose que celui-ci se soit dissocié du religieux. On peut aujourd’hui croiser dans un musée un Piss-christ (Andres Serrano 1987), un masque africain, un nu, un carré recouvert de peinture blanche… La liste n’est pas exhaustive.

C’est au XVIIIe siècle qu’apparaît le concept d’esthétique (dont l’étymologie signifie sensation) •    le Beau est relatif à l’effet qu’il produit, à la sensation qu’il procure •    la sensation a été discréditée par la philosophie platonicienne (suprématie du monde intelligible sur le monde sensible). Méfiance vis-à-vis des illusions opposées à la raison, à la connaissance mathématique de la vérité.

Chez Platon, le beau est toujours associé à la vérité , en est une manifestation. « Le beau, seul, a reçu en partage d’être ce qui se manifeste avec le plus d’éclat de force ravissante » Platon.  

Chez les modernes par contre , la beauté sera réduite à une valeur strictement humaine. La beauté deviendra relative au plaisir qu’elle nous donne. Les choses alors deviennent belles parce que nous les désirons et non parce qu’elles sont désirables .

Kant considérera que l’homme de goût doit immédiatement éprouver du plaisir à la représentation de l’objet. C’est la beauté libre , celle qui fait abstraction de la fonction de l’objet, sa beauté se manifeste dans les formes qui ne visent à rien, qui ignorent le sens, l’utilité   de l’objet. On retrouvera cette idée dans l’abstraction au début du XXe siècle.   (Voir texte de Kant). On retrouve cette idée chez Nietzsche lorsqu’il écrit « ils n’aiment pas une forme pour ce qu’elle est en soi mais pour ce qu’elle exprime. Ce sont les fils d’une génération savante tourmentée et réfléchit à mille lieues des vieux maîtres qui ne se souciaient pas de lire et ne songer qu’à repaître leurs yeux ».  On retrouve cette idée chez Fernando Pessoa : « les choses n’ont pas de signification, elles ont une existence / les choses sont l’unique sens occulte des choses » in Le Gardeur de troupeaux. À être trop attentif au sens des choses, nous les faisons disparaître dans la réalité sensible. Le propre d’une œuvre d’art est d’être une chose « faite » … A vous de voir !

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Dossier du Centre Pompidou sur le Beau.

G.W.F Hegel, supériorité de l'art

Hegel, Introduction à l’esthétique

Georg Wilhelm Friedrich Hegel,  (1770 – 1831)    un philosopheallemand. Son œuvre, postérieure à celle de Kant  a eu une influence décisive sur l’ensemble de la philosophie contemporaine.  

Il est permis de soutenir dès maintenant que le beau artistique est plus élevé que le beau dans la nature. Car la beauté artistique est la beauté née et comme deux fois née de l’esprit. Or autant l’esprit et ses créations sont plus élevés que la nature et ses manifestations, autant le beau artistique est lui aussi plus élevé que la beauté de la nature. Même, abstraction faite du contenu, une mauvaise idée, comme il nous en passe par la tête, est plus élevée que n’importe quel produit naturel ; car en une telle idée sont présents toujours l’esprit et la liberté. »

Hegel, L’Esthétique ,1832

Le beau artistique est plus beau que le beau de la Nature car il est le produit de la pensée . Si les productions de l’esprit sont supérieures, c’est parce qu’elles sont l’expression de l’homme qui prend conscience de lui-même en se contemplant lui-même et en imprimant sa marque sur le monde. (voir exple de l’enfant qui fait des ronds dans l’eau). Tout homme agit sur le monde. Mais l’artiste est celui qui le spiritualise.

E. Kant et le beau

« La beauté naturelle est une belle chose ; la beauté artistique est une belle représentation d’une chose» Emmanuel Kant, Critique de la faculté de juger .

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Kant, beauté adhérente et beauté libre

Il existe deux espèces de beauté la beauté libre ou la beauté simplement adhérente. La première ne présuppose aucun concept de ce que l’objet doit être ; la seconde suppose un tel concept et la perfection de l’objet d’après lui. Les beautés de la première espèce s’appellent les beautés (existant par elles-mêmes) de telle ou telle chose ; l’autre beauté, en tant que dépendant d’un concept (beauté conditionnée), est attribuée à des objets compris sous le concept d’une fin particulière.

Des fleurs sont de libres beautés naturelles. Ce que doit être une fleur, peu le savent hormis le bota­niste et même celui-ci, qui reconnaît dans la fleur l’organe de la fécondation de la plante, ne prend pas garde à cette fin naturelle quand il en juge suivant le goût. [..,]

Dans l’appréciation d’une libre beauté (simple­ment suivant la forme) le jugement de goût est pur, On ne suppose pas le concept de quelque fin pour laquelle serviraient les divers éléments de l’objet donné et que celui-ci devrait ainsi représenter, de telle sorte que [par cette fin] la liberté de l’imagina­tion, qui joue en quelque sorte dans la contempla­tion de la figure, ne saurait qu’être limitée.

Emmanuel Kant, Critique de la faculté de juger, Éd. Vrin, 1974

Kant distingue deux types de beauté : L’une, la beauté libre , ne dépend d’aucun but. Sa beauté n’est pas liée à sa fonction . C’est une beauté purement esthétique. (La beauté naturelle sera donc plus souvent une beauté libre .(Oiseaux, crustacés..)  Mais même dans ce cas, si on s’intéresse à la fonction, il ne s’agit plus alors de beauté libre (voir exemple du botaniste)). L’autre, la beauté adhérente , ne peut pas être pensée indépendamment de sa fin ou de sa fonction. Plus loin dans le texte, Kant donne l’exemple d’une église. Pour lui, la beauté du lieu ne peut pas être détachée de sa fonction (la prière) et de son but. Donc pour lui, la beauté naturelle est supérieure à la beauté artistique car elle est purement esthétique tandis qu’il y a une part de plaisir lié à la connaissance dans l’œuvre artistique.

Kant : l'agréable et le jugement de goût

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  Le Beau pour Kant provoque « une satisfaction indépendante de tout intérêt ».  La beauté n’est pas une propriété objective de la chose. C’est les effets que provoque en moi la représentation d’une chose qui me font dire : « c’est beau ».   Le jugement de goût est contemplatif. C’est-à-dire qu’une œuvre que je trouve belle, je ne la trouve pas belle parce que je veux la posséder, où parce que j’aimerais avoir une maison comme celle qui y est représentée… Je n’ai pas « d’intérêt à la trouver belle, et pourtant, je la trouve belle ». Et si je n’y ai pas d’intérêt personnel, cette beauté peut être reconnue par tous. La beauté est donc désintéressée.

D’où la différence que fait Kant entre le goût et l’agréable. L’agréable est lié à mon intérêt (matériel ou moral). Mon appréciation est liée à qqchse qui se passe « hors de moi ». Alors que le jugement de goût n’est lié qu’à l’émotion, à la satisfaction que j’éprouve. C’est à mon imagination, mon émotion que je suis sensible. Donc à des choses qui sont « en moi ». Si le beau peut plaire « universellement », c’est parce que mon gout   n’est pas déterminé par des intérêts  personnels,  il est alors acceptable de penser   que   chacun pourra s’accorder avec moi.

Pour Kant le jugement de goût prétend à l’universel. Pour lui, « est beau ce qui plaît universellement sans concept ». Pour Kant, ce  qui vaut pour un seul ne vaut rien.

Il ne faut pas confondre   le jugement esthétique pur : « la musique de Mozart est belle » du jugement d’agrément : « j’aime le vin des Canaries ». La beauté ne peut se réduire à l’agréable qui procure une sensation de plaisir Kant le précise, cette universalité est sans concept. Or le concept est ce qui permet d’identifier une chose, ce qui donne une règle pratique pour la construire. Mais selon lui, en matière esthétique, il n’y a pas de règles ni pour produire de la beauté, ni pour en juger. Une cathédrale peut répondre au concept  de cathédrale sans être belle.

En résumé  pour Kant : –    Il existe deux sortes de beauté : la beauté libre : spontanément présente dans la nature. Elle est pour Kant supérieure à l’art. Et la beauté adhérente , qui elle est lié à une fonction   –    La beauté ne se réduit pas à l’agréable, source de plaisir puisque la beauté doit être « désintéressée », elle n’a pas d’utilité. ( L’agréable satisfait les sens, le goût s’adresse à l’esprit) –    La beauté ne se réduit pas non plus à un concept de perfection formelle : la beauté n’est pas une connaissance, elle ne peut être démontrée. –    Par contre le beau plait«universellement »   puisque le jugement esthétique se détache de toute considération d’utilité personnelle,  il peut être considéré comme valant pour tous ; Mais le goût dont parle Kant n’a rien de naturel, il correspond aux goûts partagés par une société culturellement privilégiée. C’est le reproche lui fera Bourdieu, sociologue. L’art  au lieu d’unifier la société humaine grâce à son pouvoir de communication, la divise : avec d’un côté les amateurs du « grand art » et de l’autre  la masse qui s’abrutit de divertissements  kitsch ((Disneyland ou le tee-shirt avec la tête de la Joconde)

Le tournant de l'art moderne

Avec l’’art moderne l’œuvre d’art n’a plus à être belle et comme le dit Claudel « Voilà déjà longtemps que l’idée de beauté s’est rassise » . (Voir vos cours d’histoire de l’art)

Au début du XXème, des mouvements comme le dadaïsme se veulent  exister contre l’idée même de Beau.    

L’art moderne implique que ce qui importe dans l’œuvre est son caractère créateur, original, inédit, provocateur,  plus que sa beaut é (voire même à l’exclusion de sa beauté).  

Selon Malraux, une œuvre d’art n’a plus à être belle mais impressionnante. Esthétique du laid, du repoussant, de l’odieux ou horribles (étalages sanglants de boucherie humaine, dans La mariée de Spoerri (ci-dessous) en 1973).

Le tout est de susciter une réaction, un intérêt, comme d’une autre manière les œuvres qu’il faut toucher, voire la créer soi-même en partie ( Ex : Le pénétrable sonore de Soto qu’il faut traverser pour qu’il produise une « musique » assourdissante de cloches de cathédrale.)

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ART ET INSPIRATION

N’importe qui peut-il faire de l’art ? C’est à la Renaissance que se développe le concept de génie . Il est hérité de l’Antiquité, c’est l’idée de « fureur divine » d’inspiration que l’on retrouvera chez les auteurs de la Pléiade. Au Moyen Âge, cette idée était impensable. Seul Dieu était créateur.    L’idée du génie revient avec le romantisme.

Là aussi, voici la position de Kant :   Kant oppose   la création artistique, produit d’un « il faut le faire » non analysable, non transmissible (il est impossible de reproduire un chef d’oeuvre) à la production technique qui est toujours liée à un savoir rationnel et transmissible.     

Au final, Kant définit le génie de manière oxymorique par un art-naturel : le génie est un « favori de la nature » et c’est ce qui donne « les règles de l’art ». Pour lui, quatre traits caractérisent le génie : –    l’originalité : le génie produit hors des règles, il n’y a pas de modèle à ses productions elle ne ressemble à rien et c’est par le « goût » à comprendre comme la culture qu’il va civiliser. Caractérise l’œuvre du génie, c’est son exemplarité –     L’exemplarité : l’œuvre géniale est indéfinissable. Production spontanée selon des règles et des procédés que le génie se donne à lui-même. On pourra analyser à postériori, imiter le génie, mais lui, alors qu’il fait école, n’appartient lui-même à aucune école. Les créateurs se suivent et ne se ressemblent pas… –     Le génie produit sans savoir comment il produit, comme le disait Picasso. Il ne cherche pas, il trouve. Contrairement à l’artisan, l’artiste de génie ne contrôle pas ses opérations de production –  Enfin ce qui différencie l’œuvre du génie dans les beaux-arts, du génie scientifique c’est… qu’aucune découverte scientifique n’est vraiment originale car elle aurait pu être faite par un autre   savant, mais la Pietà ne peut être que l’œuvre de Michel-Ange et La Recherche  du temps perdu ne peut être que l’œuvre de Proust ! L’œuvre est une « exclusivité esthétique », unique, inimitable parce que ça règle et réinventer à chaque fois.

Mais Kant  déprécie la beauté artistique au profit de la beauté naturelle . Kant se rapproche de Platon et de Rousseau pour lesquelles l’art est toujours du côté de l’artifice, de la vanité, de l’illusion, de la tromperie… Kant va donc s’efforcer de naturaliser l’art : puisque l’art est  le produit d’un sujet qui est lui même nature.  « Le paysage se pense en moi écrit Cézanne et je suis sa conscience » . L’artiste devient un voyant, un traducteur…L’artiste devient celui qui puise dans le fond de l’être, celui qui dit, qui montre, qui donne à voir. Il n’est plus celui qui fait, il est celui qui « voit ». Kant annonce le romantisme … C’est donc la nature elle-même qui a voulu l’homme « parlant » et c’est elle qui se dit à travers les figures de l’art : « Terre, n’est-ce pas ce que tu veux, en nous, renaître ? » Rilke (eh oui !) L’artiste a donc le sentiment d’être habité, posséder et possesseur d’une parole qui ne lui appartient pas… L’artiste n’est donc plus un démiurge, virile et tout-puissant…

L'ART SERT-IL A QUELQUE CHOSE ?

Art et imitation.

L’œuvre peut consister en une imitation médiocre de la réalité, sorte de photographie   mais sans réel projet esthétique. C’est un peu la croute du peintre du dimanche… C’est une tentative de reproduction du monde mais toujours inférieur, comme dirait Hegel, à la réalité.  Il n’y a pas d’intention, pas d’esprit.  Mais il peut s’agir aussi d’une volonté de montrer « à travers un tempérament » un coin du monde. On pense alors aux œuvres de Zola , aux oeuvres   des réalistes du 19e.   Plus proche de nous, c’est l’hyperréalisme américain  dénonçant la société de consommation.  

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Platon et l'imitation

Pour Platon,  l’art reste l’illusion d’une  illusion.

Platon critique l’art en tant que copie – il vaut moins que son original – et en tant que discours enchanteur – il nous ment. L’art nous éloigne donc du Vrai et du Bien . Dans Les Lois , il recommande même de « chasser les poètes de la cité  ». Mais s’il approuve la censure, il ne rejette pas tous les arts : formé à l’école de Pythagore qui trouva les lois de l’harmonie, il estime que la musique a une grande valeur pédagogique et qu’elle élève l’âme.  

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Socrate – Il y a donc trois espèces de lit ; l’une qui est dans la nature, et dont nous pouvons dire, ce me semble, que Dieu est l’auteur ; à quel autre, en effet, pourrait-on l’attribuer ? Glaucon – A nul autre Socrate – Le lit du menuisier en est une aussi Glaucon – Oui Socrate – Et celui du peintre en est encore une autre, n’est-ce pas ? Glaucon – Oui Socrate – Ainsi le peintre, le menuisier, Dieu, sont les trois ouvriers qui président à la façon de ces trois espèces de lit. […] Donnerons-nous à Dieu le titre de producteur de lit, ou quelqu’autre  semblable ? Qu’en penses-tu ? Glaucon – Le titre lui appartient, d’autant plus qu’il a fait de lui-même et l’essence du lit, et celle de toutes les autres choses. Socrate – Et le menuisier, comment l’appellerons-nous ? L’ouvrier du lit, sans doute ? Glaucon – Oui Socrate – A l’égard du peintre, dirons-nous aussi qu’il en est l’ouvrier ou le producteur ? Glaucon – Nullement Socrate – Qu’est-il donc par rapport au lit ? Glaucon – Le seul nom qu’on puisse lui donner avec le plus de raison, est celui d’imitateur de la chose dont ceux-là sont ouvriers. […] Socrate – Le peintre se propose-t-il pour objet de son imitation ce qui, dans la nature, est en chaque espèce, ou plutôt ne travaille-t-il pas d’après les œuvres de l’art ? Glaucon – Il imite les œuvres de l’art.(…) Socrate – Pense maintenant à ce que je vais dire ; quel est l’objet de la peinture ? Est-ce de représenter ce qui est tel, ou ce qui paraît, tel qu’il paraît ? Est-elle l’imitation de l’apparence, ou de la réalité ? Glaucon – De l’apparence. Socrate – L’art d’imiter est donc bien éloigné du vrai ; et la raison pour laquelle il fait tant de choses, c’est qu’il ne prend qu’une petite partie de chacune ; encore ce qu’il en prend n’est-il qu’un fantôme. Le peintre, par exemple, nous représentera un cordonnier, un charpentier, ou tout autre artisan, sans avoir aucune connaissance de leur métier ; mais cela ne l’empêchera pas, s’il est bon peintre, de faire illusion aux enfants et aux ignorants, en leur montrant du doigt un charpentier qu’il aura peint, de sorte qu’ils prendront l’imitation pour la vérité. Glaucon – Assurément.  Platon, La République

Pour Platon*, il existe deux mondes. Le monde sensible ( monde trompeur- voir allégorie de la caverne) et le monde Intelligible (monde des idées- qui est celui de la vérité et de la réalité). C’est dans le monde Intelligible que se trouvent les idées parfaites des choses. Et c’est à lui qu’il faut se référer et accéder (Le philosophe est celui qui en connait le chemin et peut y conduire les hommes)

Dans ce texte extrait de La République , Platon inventorie 3 formes de lits :

a) L’Idée du lit, dans le monde Intelligible (dimension divine). C’est le lit absolu. Le « vrai » lit. (Il n’en existe qu’une seule forme)

b) Le lit de l’artisan , le lit de l’artisan traduit dans la matière le lit idéal. Il imite la forme Il n’est lit que par ressemblance avec l’Idée du lit . (Il  en existe plusieurs formes).Mais il garde unlien avec « l’essence » du lit idéal

c) Le lit de l’artiste n’est plus un lit puisqu’il ne représente qu’ « une petite partie du lit ». C’est une imitation de l’apparence du lit de l’artisan qui est déjà lui-même une apparence. Le lit de l’artiste n’a donc plus rien à voir avec l’essence du lit. Le lit de l’artiste imite l’apparence sensible. Aussi on ne pourra atteindre l’idée du lit grâce au lit de l’artiste

 En fait, l a représentation du lit par l’artiste nous égare, nous trompe, nous éloigne de la vérité du lit. C’est pourquoi l’artiste représente un danger.

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Aristote et l'imitation

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Disciple de Platon, fondateur du « Lycée » à Athènes, Aristote est un penseur encyclopédique car aucune des dimensions du savoir humain ne lui est étrangère. Il a rédigé une poétique qui définit l’art de l’épo­pée, de la tragédie et de la comédie. L’ouvrage contenant cette der­nière a malheureusement disparu. C’est cette disparition qui sert de fil d’Ariane au ro man d’Umberto Eco, Le Nom de la rose.  

La poésie* semble bien devoir en général son origine à deux causes, et deux causes naturelles. Imiter est naturel aux hommes et se manifeste dès leur enfance (l’homme diffère des autres animaux en ce qu’il est très apte à l’imitation et c’est au  moyen de celle-ci qu’il acquiert ses premières connaissances) et, en second lieu, tous les hommes prennent plaisir aux imitations.

Un indice est ce qui se passe dans la réalité : des êtres dont l’original fait peine à la vue, nous aimons à en contempler l’image exécutée avec la plus grande exactitude ; par exemple les formes des  animaux les plus vils et des cadavres.

Une raison en est encore qu’apprendre est très agréable non seulement aux philosophes mais pareillement aussi aux autres hom­mes ; seulement ceux-ci n’y ont qu’une faible part. On se plaît à la vue des images parce qu’on apprend en les regardant et on déduit ce que représente chaque chose, par exemple que cette figure c’est un tel. Si on n’a pas vu auparavant l’objet représenté, ce n’est plus comme imitation que l’oeuvre pourra plaire, mais à raison de l’exé­cution, de la couleur ou d’une autre cause de ce genre.

Aristote, Poétique , 4, 1448 b, Éd. Les Belles Lettres,

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Mais il y a une autre forme d’imitation, celle des « modèles idéaux » . C’est à cette imitation là que fait référence Aristote . Il s’agit d’ imiter ce qui est parfait dans la nature .  À la Renaissance, pour Vinci c’est la nature qui donne a l’art ses modèles et l’artiste est celui qui est capable de voir  la perfection de la forme et qui va tenter de l’imiter.       

 Mais l’esthétique de la mimesis n’a jamais été une invitation à reproduire le réel, le propos aristotélicien disant que « l’art imite la nature ou l’achève» signifiant que l’artiste doit être un aussi bon artiste que la nature pour porter à l’expression ce qu’il cherche à en montrer. Or pour rivaliser avec la nature, il faut savoir lui être infidèle. Le corps humain n’a jamais eu les proportions de la statuaire grecque mais ce sont ces proportions qui en montrent la force et l’harmonie. L’homme qui marche  n’a jamais eu les deux pieds rivés au sol, comme dans l’œuvre de Rodin, mais sans cette ruse, le mouvement serait suspendu. L’art est un mensonge qui dit la vérité ; tous les artistes le proclament à leur façon. La servile reproduction ne dévoile rien. Quel intérêt aurait une activité se contentant de reproduire ce qui se donne à la perception immédiate ? 

Si Platon rejette l’imitation parce qu’il y voit une apparence trompeuse qui nous éloigne du chemin de la vérité, en revanche pour Aristote « Imiter est naturel aux hommes ». Pour lui, l’imitation :

•    est source de connaissances •    procure du plaisir Et l’art, en imitant nous permet

•    de regarder ce qui serait insoutenable dans le réel. •    de s’instruire de manière plaisante Et si on ne « reconnait pas » l’objet représenté, on pourra toujours prendre plaisir à son exécution. On peut donc considérer que chez Aristote,   l’art ne se contente pas d’ imiter la nature,   mais plutôt de rivaliser avec elle. L’art   nous permet d’avoir accès à ce que nous cache la nature et nous découvre des choses que nous ne savons pas voir dans la réalité

Il appartient à Aristote d’avoir souligné que l’idée d’imitation dans l’art n’est absolument pas le signe d’une activité inférieure. Si la mimèsis est condamnée par Platon dans La République, livre III, 393-398, et livre X, 595-608, elle apparaît ici comme une tendance naturelle aux hommes qui apporte plaisir et connaissance. Il importe de remarquer que, pour Aristote, la mimèsis n’est pas une pure copie ; elle participe d’une transposition, voire d’une idéalisation qui donne à l’art poétique son caractère exemplaire.

Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831)

  Hegel, philosophe allemand, professeur à l’université de Berlin.  Rejetant la philosophie de Kant qu’il juge formelle et éloignée de la vie, Hegel propose un système visant à présenter l’ensemble de l’histoire et de la culture.    

C’est un vieux précepte que l’art doit imiter la nature ; on le trouve déjà chez Aristote. Quand la réflexion n’en était encore qu’à ses débuts, on pouvait bien se contenter d’une idée pareille ; elle contient toujours quelque chose qui se justifie par de bonnes raisons et qui se révélera à nous comme un des moments de l’idée ayant, dans son développement, sa place comme tant d’autres moments.

      D’après cette conception, le but essentiel de l’art consisterait dans l’imitation, autrement dit dans la reproduction habile d’objets tels qu’ils existent dans la nature, et la nécessité d’une pareille reproduction faite en conformité avec la nature serait une source de plaisirs. Cette définition assigne à l’art un but purement formel, celui de refaire une seconde fois, avec les moyens dont l’homme dispose, ce qui existe dans le monde extérieur, et tel qu’il y existe. Mais cette répétition peut apparaître comme une occupation oiseuse et superflue, car quel besoin avons-nous de revoir dans des tableaux ou sur la scène, des animaux, des paysages ou des événements humains que nous connaissons déjà pour les avoir vus ou pour les voir dans nos jardins, dans nos intérieurs ou, dans certains cas, pour en avoir entendu parler par des personnes de nos connaissances ? On peut même dire que ces efforts inutiles se réduisent à un jeu présomptueux dont les résultats restent toujours inférieurs à ce que nous offre la nature. C’est que l’art, limité dans ses moyens d’expression, ne peut produire que des illusions unilatérales, offrir l’apparence de la réalité à un seul de nos sens ; et, en fait, lorsqu’il ne va pas au-delà de la simple imitation, il est incapable de nous donner l’impression d’une réalité vivante ou d’une vie réelle : tout ce qu’il peut nous offrir, c’est une caricature de la vie.

Hegel,Esthétique, Introduction : Chap. I, Section II, §. 1,tr. fr. S. Jankélévitch, éd. Champs Flammarion, pp. 34-35

Pour Hegel, il est clair que la fonction de l’art n’est pas l’imitation. Il s’agirait alors de refaire en moins bien, ce qui existe déjà. L’art produirait alors des « illusions unilatérales » (c’est-à-dire ne  pouvant être saisie qu’avec la vue, ou l’ouie). Ce qui confinerait l’art dans un but purement formel et le limiterait à ne nous offrir qu’une « caricature de la vie ». Or pour Hegel, l’art doit être l’expression de l’esprit.

 Dans son Introduction à l’esthétique, Hegel évoque « les idées courantes sur l’art ». La première de ces idées est « l’imitation de la nature », idée qu’il fait remonter notamment à Aristote.  . On remarquera cependant que la condamnation d’un art de pure imitation ne peut viser avec exactitude la thèse d’Aristote, pour qui l’imitation n’est pas tout à fait une simple tentative de reproduction. Il n’en demeure pas moins que Hegel souligne l’insuffisance du concept d’imitation pour penser l’essence de l’art.

 On peut relever les critiques suivantes à propos de l’art comme imitation : •    Hegel souligne d’abord qu’il s’agit d’une conception dépassée, correspondant à un moment de l’idée  •    il s’agit d’une idée inutile car il n’y a aucune raison à vouloir représenter ce qui existe déjà et parce que le résultat ne peut être qu’inférieur à l’original   (Hegel reprend en un sens la critique de Platon) ; •    l’invention y est absente  

  L’art comme « caricature de la vie ».

En indiquant qu’un art qui vise l’imitation n’est qu’une caricature de la vie, Hegel souligne l’imperfection de toute imitation par rapport à la réalité. L’artiste ne peut pas, par ses propres moyens techniques, parvenir à reproduire ce que fait la nature, la vie, et qui est perceptible par tous les sens. Son oeuvre sera donc toujours grossière (à grands traits) par rapport à la réalité naturelle, cela à l’image d’une caricature. Ainsi, un tableau ne donne qu’une vision « aplatie » d’un paysage, sans profondeur réelle, sans les « bruits » de la nature réelle…

 on peut s’interroger sur l’idée de Hegel selon laquelle toute oeuvre offre « l’apparence de la réalité à un seul de nos sens »   ; il existe des arts qui semblent convoquer plusieurs sens, et l’on peut se demander si une oeuvre ne pourrait pas être semblable à la « vie » en faisant appel à tous les sens ; on peut faire allusion ici à l’idée d’un « art total »   « Il y a des portraits dont on dit assez spirituellement qu’ils sont ressemblants jusqu’à la nausée. »

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Les raisins de Zeuxis

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Les limites de l’imitation

Art et dévoilement du monde

Il y a parmi les peintures des grottes de Lascaux (18 000 ans d’âge !) la représentation d’une sorte de licorne. Georges Bataille y voit, dans Lascaux ou la naissance de l’art (1955), « une part de rêve qui ne correspond plus au désir d’une chasse heureuse ». L’art ici l’emporte sur le rite, sur les incantations de chasseurs avides de tuer le gibier. Ainsi, l’homme de Lascaux, par sa vision stylisée de l’animal, nie le monde existant et manifeste le désir de faire naître ce qui n’existe pas : il laisse sur la pierre la première trace du génie créateur de l’homme.(Source Philomag) 

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H.Bergson : l'art, un révélateur...

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  LA TECHNIQUE RECHERCHE L’UTILE, L’ART INVITE AU DÉTACHEMENT

Henri Bergson  1859 -19411, est un philosophe français. Il a publié quatre principaux ouvrages dont l’Essai sur les données immédiates de la conscience, et Les Deux Sources de la morale et de la religion en 1932.   prix Nobel de littérature en 1927. 

Différence radicale entre production technique et création artistique : la première est indexée sur la recherche de l’utile tandis que la seconde est libre ou, mieux, libérée de ce genre de préoccupation.  

« A quoi vise l’art, sinon à nous montrer, dans la nature et dans l’esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience? Le poète et le romancier qui expriment un état d’âme ne le créent certes pas de toutes pièces ; ils ne seraient pas compris de nous si nous n’observions pas en nous, jusqu’à un certain point, ce qu’ils nous disent d’autrui. Au fur et à mesure qu’ils nous parlent, des nuances d’émotion et de pensée nous apparaissent qui pouvaient être représentées en nous depuis longtemps mais qui demeuraient invisibles telle l’image photographique qui n’a pas encore été plongée dans le bain où elle se révélera. Le poète est ce révélateur. […]

Remarquons que l’artiste a toujours passé pour un «idéaliste ». On entend par là qu’il est moins préoccupé que nous du côté positif et matériel de la vie. C’est, au sens propre du mot, un «distrait ». Pourquoi, étant plus détaché de la réalité, arrive-t-il à y voir plus de choses? On ne le comprendrait pas, si la vision que nous avons ordinairement des objets extérieurs et de nous-mêmes n’était une vision que notre attachement à la réalité, notre besoin de vivre et d’agir, nous a amenés à rétrécir et à vider. De fait, il serait aisé de montrer que, plus nous sommes préoccupés de vivre, moins nous sommes enclins à contempler, et que les nécessités de l’action tendent à limiter le champ de la vision.

Henri Bergson. La pensée et le mouvant, 1938. PUF, Quadrige1990. p.149 à 151.

Ce texte questionne la finalité de l’art. L’œuvre (l’art) nous permet de voir ce que d’ordinaire on ne sait pas voir. Il permet un dévoilement. Par l’art « une extension des facultés de percevoir est possible » (Bergson ). Il est donc un révélateur. Et il révèle ce qui est.   Mais s’il révèle ce qui est, c’est que ce que l’artiste donne à voir ce n’est donc pas une invention, ce n’est pas une réalité qu’il réinvente : L’art renvoie à l’expérience humaine universelle.    « Approfondissons ce que nous éprouvons devant un Turner ou un Corot : nous trouverons que, si nous les acceptons et les admirons, c’est que nous avions déjà perçu quelque chose de ce qu’ils nous montrent. Mais nous avions perçu sans apercevoir.(…) Le peintre l’a isolée; il l’a si bien fixée sur la toile que, désormais, nous ne pourrons nous empêcher d’apercevoir dans la réalité ce qu’il y a vu lui-même. » in La pensée et le mouvant, p.150.   La vocation de l’art consiste à déchirer les apparences qui dissimulent sous leur abstraction le concret pour faire apparaître ce qui n’apparaît pas à la perception banale.    Pour Bergson ce qui se passe dans l’art est comparable à ce qui se passe pour l’image photographique. Le bain dans lequel on  plonge la pellicule pour faire apparaître l’image ne crée pas cette dernière, il ne fait que la révéler mais sans la solution nécessaire à la fixation de l’image, celle-ci demeurerait invisible. Ainsi en est-il de l’art. L’artiste n’invente pas la réalité qu’il donne à voir mais sans lui elle demeurerait invisible.   Et, de manière paradoxale, si l’artiste est le révélateur du réel, c’est parce qu’à la différence des autres hommes, il y est moins « attaché ». Il est, dit-on, « un distrait », un « idéaliste ».      Il a une manière d’être présent au monde donnant le sentiment de l’absence.     Chez lui le détachement   n’est pas volontaire  il est un état « naturel ».   Pour le commun des mortels, vivre c’est agir.   Nous avons des besoins à satisfaire, des intérêts vitaux et nous sommes tout naturellement enclins à ne saisir du réel que ce qui est en rapport avec ces besoins et ces intérêts matériels. L’arbre en fleurs est pour le paysan la promesse d’une bonne récolte, il n’en perçoit que ce qu’il lui est utile d’en percevoir. Sa perception est intéressée, ses préoccupations le détournant de regarder l’arbre à la manière du peintre Bonnard. Ce dernier ne le voit pas pour ce qu’il pourra en tirer, il le voit pour lui-même.   Aux nécessités de l’action structurant la perception des uns, s’oppose l’attitude contemplative de l’autre.   Il est donc bien vrai que l’art donne à voir. « Il n’imite pas le visible, il rend visible » disait Klee. Il ouvre sur un monde qui, en un certain sens, est bien le monde de tel ou tel artiste.   Mais si ce monde était purement subjectif, l’oeuvre ne nous parlerait pas. Il en est de même en littérature. Si le poète ou le romancier ne savait pas donner à son expérience une dimension universelle, nous ne serions pas émus. Il nous permet de découvrir quelque chose de nous, que nous portions en nous intuitivement mais qui en même temps nous était inaccessible  et qui nous est révélé dans l’œuvre. L’artiste est l’homme en qui la nature ou l’âme se sent, se pense et s’exprime.    C’est dire que l’artiste ne fait pas exister arbitrairement ce qu’il dépeint. Ni il ne le crée absolument, ni il ne se contente de l’imiter. Il n’invente pas ; il découvre au regard une réalité préexistante.   Nous voyons le monde extérieur (nature) et intérieur (esprit) à travers nos sens. C’est à dire une perception. Or c’est précisément la perception de l’artiste et celle du commun des mortels qui diffèrent. La richesse du réel « ne frappe pas explicitement nos sens et notre conscience » donc notre perception est en quelque sorte appauvrie.  

Marcel Proust : L' artiste est un traducteur

  “L’art, c’est l’homme affranchi de l’ordre du temps”    Marcel Proust

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Pour Marcel Proust, comme pour Bergson, l’art  est une forme de dévoilement de l’existence. L’art démultiplie notre perception et nous ouvre à la pluralité du réel. L’art n’est pas seulement ce qui nous permet de nous évader du réel. Il est aussi ce qui nous ouvre au réel et nous apprend à le voir

      “… je m’apercevais que ce livre essentiel, le seul livre vrai, un grand écrivain n’a pas, dans le sens courant, à l’inventer, puisqu’il existe déjà en chacun de nous, mais à le traduire. Le devoir et la tâche d’un écrivain sont ceux d’un traducteur.” Proust, RTP

« Par l’art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre, et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu’il peut y avoir dans la lune. Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous voyons le monde se démultiplier, et, autant qu’il y a d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent à l’infini, et, bien des siècles après que s’est éteint le foyer dont il émanait, qu’il s’appelât Rembrandt ou Vermeer, nous envoient encore leur rayon spécial ».

Marcel Proust, (1871-1922), in Recherche du temps perdu (1927)

La grandeur de l’art véritable, (…) c’était de retrouver, de ressaisir, de nous faire connaître cette réalité loin de laquelle nous vivons, de laquelle nous nous écartons de plus en plus au fur et à mesure que prend plus d’épaisseur et d’imperméabilité la connaissance conventionnelle que nous lui substituons, cette réalité que nous risquerions fort de mourir sans avoir connue, et qui est tout simplement notre vie. La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c’est la littérature. Cette vie qui en un sens, habite à chaque instant chez tous les hommes aussi bien que chez l’artiste. Mais ils ne la voient pas parce qu’ils ne cherchent pas à l’éclaircir. Et ainsi leur passé est encombré d’innombrables clichés qui restent inutiles parce que l’intelligence ne les a pas «développés». Notre vie ; et aussi la vie des autres car le style pour l’écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique, mais de vision. Il est la révélation, qui serait impossible par des moyens directs et conscients de la différence qualitative qu’il y a dans la façon dont nous apparaît le monde, différence qui, s’il n’y avait pas l’art, resterait le secret éternel de chacun. Par l’art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu’il peut y avoir dans la lune. Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier et autant qu’il y a d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l’infini, et bien des siècles après qu’est éteint le foyer dont il émanait, qu’il s’appelât Rembrandt ou Ver Meer, nous envoient encore leur rayon spécial. 

Le texte s’ouvre sur l’idée, paradoxale, que le plus souvent, nous nous ignorons nous-mêmes, nous méconnaissons cette intimité, cette richesse de notre monde intérieur. Parce que nous sommes envahis par “la connaissance conventionnelle”, qui se départit des nuances et vit de préjugés et de lieux communs. Or pour Proust, c’est par l’art que nous pouvons nous révéler à nous mêmes et aux autres. Et ce que l’art révèle de nous, c’est précisément notre part la plus intime, notre réalité authentique, ce qui fait que nous sommes qui nous sommes et non un autre. C’est la finalité de l’art. Et si “la vraie vie, c’est la littérature”, ce qui peut aussi sembler paradoxal, puisque la littérature relève de l’imaginaire, du fictif- c’est que la littérature (et l’art) est l’expression de notre vie intérieure.

analyse du texte ici : http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/articles.php?lng=fr&pg=949

Heidegger, L’origine de l’œuvre d’art

  Dans   L’Origine de l’oeuvre d’art   (1935), Heidegger prend l’exemple, devenu célèbre, des Vieux Souliers aux lacets (1886) de Van Gogh. La modernité du tableau et sa valeur tiennent au fait que Van Gogh n’a pas présenté ces souliers dans un contexte qui leur assigne, logiquement – et utilitairement – leur signification : « autour de cette paire de souliers de paysan, il n’y a rigoureusement rien où ils puissent prendre place : rien qu’un espace vague » (Chemins qui ne mènent nulle part, pp.33-34). Cela ne signifie nullement que ces chaussures restent enfermées dans leur muette présence, au contraire. Mais ce qu’elles ont à nous dire ne porte pas sur une situation, une histoire, ou un scénario. Ce qu’elles ont à nous dire est plus fondamental. Peints par Van Gogh, les souliers dévoilent l’être dont ils proviennent.      

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Dans l’obscure intimité du creux de la chaussure est inscrite la fatigue des pas du labeur. Dans la rude et solide pesanteur du soulier est affermie la lente et opiniâtre foulée à travers champs, le long des sillons toujours semblables, s’étendant au loin sous la bise. Le cuir est marqué par la terre grasse et humide. Par-dessous les semelles s’étend la solitude du chemin de campagne qui se perd dans le soir. A travers ces chaussures passe l’appel silencieux de la terre, son don tacite du grain mûrissant, son secret refus d’elle-même dans l’aride jachère du champ hivernal. A travers ce produit repasse la muette inquiétude pour la sûreté du pain, la joie silencieuse de survivre de nouveau au besoin, l’angoisse de la naissance imminente, le frémissement sous la mort qui menace. Ce produit appartient à la terre, et il est à l’abri dans le monde de la paysanne (…).  Nous n’avons rien fait que de nous mettre en présence du tableau de Van Gogh. C’est lui qui a parlé. La proximité de l’œuvre nous a soudain transporté ailleurs que là où nous avons coutume d’être. L’œuvre d’art nous fait savoir ce qu’est en vérité la paire de souliers » 

Heidegger, L’origine de l’œuvre d’ar t, in Les Chemins qui ne mènent nulle part, 1936, Trad. Wolfgang Brokmeier, Gallimard, coll. Tel  

Heidegger se réfère d’abord  à un simple objet manufacturé,   « un produit connu : une paire de souliers de paysan ».  Objet qui est rattaché à son utilité : « Un tel produit sert à chausser le pied ».Mais l’art n’est pas  une simple imitation du réel. Et pour Heidegger, ce que nous allons voir dans cette représentation des chaussures, c’est le monde familier du paysan… Il nous en montre la vérité parce que l’œuvre va engendrer un réseau de significations. Elle va  permettre l’ouverture à un monde qu’elle porte en elle.  L’œuvre va se dévoiler, révéler la réalité. L’illusion des chaussures va aboutir à un absolu.  Ainsi, ces chaussures de Van Gogh, abîmées, usées, salies, trouvent leur sens   dans la possibilité de nous rendre compte d’un au-delà.  Pour Heidegger, l’oeuvre d’art est ce qui fait advenir la vérité de ce qui est.   Elle ne se réduit pas à une copie du réel – puisqu’elle le dévoile – et n’est pas définie à partir du plaisir esthétique. La beauté est d’abord un mode d’éclosion de la vérité.  

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L'ART POUR SURVIVRE

« Tout peut craquer, mon corps, mes mains, mes jambes,

tant que reste l’Art, je vis. »

Tzvetan Todorov

Création musicale dans les camps d'extermination

Dans certaines situations extrêmes, l’art est un moyen de garder son humanité, de survivre et de se battre contre la barbarie. Vous trouverez  dans la section Français 1° de ce site, une série de réflexions et d’exemples sur ce thème
Un exemple : La musique dans les camps

Certaines pratiques  des nazis  consistaient lors de pendaisons, auxquelles tous les déportés étaient  obligés d’assister, de faire jouer un orchestre ou chanter des airs entraînants et joyeux et de contraindre les détenus à chanter pendant leur déplacement à pied, pendant le travail ou lorsqu’ils reçoivent des coups. Ceci explique que certaines musiques deviennent insupportables après la guerre pour les survivants.

Mais clandestinement, des détenus écrivaient de la musique.

Francesco Lotoro  est un pianiste et compositeur hors norme. Cet italien épaulé par son épouse et entouré de son “Orchestre de musique concentrationnaire”,  redonne voix aux musiciens oubliés. Pas n’importe lesquels : ceux qui furent déportés, emprisonnés, et qui souvent moururent dans les camps d’internement nazis. Avec plus de 4000 partitions déjà retrouvées en plus de 20 ans de recherches, il veut faire vivre cette musique écrite là où la création artistique était acte de résistance, là où la mort était la compagne de chaque jour, là où la vie ne tenait qu’à un fil. Une musique écrite clandestinement par des prisonniers de toutes origines, de toutes religions, dans l’une des périodes les plus sombres de l’Histoire entre 1933 et 1945. En les interprétant aujourd’hui, Francesco Lotoro, le Maestro, veut libérer ces musiques emprisonnées, ainsi que l’âme et l’esprit de tous ceux qui les ont composées. Plongé dans une mission solitaire, à la portée universelle, Francesco Lotoro réveille un pan entier de l’histoire de la musique jusqu’ici passé sous silence. Source de l’article : Fondation pour la mémoire de la Shoah

Art pictural et camps

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Walter Spitzer , déporté alors qu’il a 16 ans, a été sauvé par les résistants du camp de Buchenwald car il savait dessiner. Une nuit de janvier 1945, Walter est réveillé et doit se rendre devant le chef du block du quartier de Buchenwald où il est interné. Quelques heures plus tard, il doit faire partie du “transport” qui mène vers un autre camp où l’espérance de vie est de “ huit jours  “. Dans son livre Walter Spitzer se souvient des paroles formulées au milieu de la nuit : “Nous, le Comité international de résistance aux nazis, avons décidé de te soustraire à ce transport. Depuis que tu es là, nous t’observons. Tu dessines tout le temps, tu sais voir. C’est cela qui nous a décidés. Mais tu dois nous promettre solennellement que, si tu survis, tu raconteras, avec tes crayons, tout ce que tu as vu ici “.

A l’époque, entouré par la mort, l’adolescent ne prend pas conscience de l’importance historique de ses dessins. “Je n’avais aucune prétention historique, ni là, ni plus tard, ni jamais “, raconte-t-il, “et je n’ai jamais pensé que les dessins que je faisais dans les camps étaient un acte de résistance. Je dessinais, tout simplement “.

Avec beaucoup de détails et un trait fin et pointu, Walter dessine des scènes de vie, des gens qui mangent, qui dorment mais il choisit de ne pas dessiner la mort. Il est témoin de pendaisons, de décès à cause de la fatigue ou de la faim, de charrettes de corps entassés. “C’est trop dur “, confie avec pudeur le peintre, toujours profondément marqué par cette période, “c’est trop personnel, le visage de quelqu’un qui est supplicié comme ça, on ne peut pas y toucher “.

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Aujourd’hui, dans son atelier aux mille et une peintures, il n’y a qu’à installer un chevalet pour dessiner. Mais, dans les camps, l’un des plus gros challenges était de trouver le support et les crayons. Walter raconte la fabrication de son premier dessin, lorsqu’il était à Auschwitz III : “ Je me suis procuré un sac de ciment. Il avait quatre couches de papier et celles de l’intérieur sont splendides, couleur papier kraft. Ensuite, j’ai chauffé du charbon de bois dans une gamelle et j’ai dessiné avec un bout de bois calciné  “.

Syrie aujourd'hui

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« Elle va nue, la liberté, Sur les montagnes de Syrie Dans les camps de réfugiés. Ses pieds s’enfoncent dans la boue Et ses mains gercent de froid et de souffrance. Mais elle avance Nous, les exilés, Rôdons autour de nos maisons lointaines Comme les amoureuses rôdent Autour des prisons Espérant apercevoir l’ombre de leurs amants. Nous, les exilés, nous sommes malades D’une maladie incurable Aimer une patrie Mise à mort (…) L’avez-vous vu ?   Maram Al Masri

Randa Mdah , est née dans le village de Majdal Shams dans le Golan syrien occupé, en 1983. Après avoir terminé des cours de peinture et de sculpture au centre Adham Ismail en 2003, elle intègre la faculté des beaux arts de Damas pour obtenir son diplôme en sculpture en 2005. En 2007, elle suit des cours de gravure à « Bezalel», l’académie des arts et de la conception à Jérusalem.

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L' ART DANS LES CAMPS

L' art dans la guerre, rapports art -technique au xx°s..

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La question des rapports entre art et technique engage deux types de débats qui traversent l’histoire de l’art du 20e siècle.

D’une part, le développement des techniques industrielles entraîne une transformation du monde, une modification des rapports sociaux et de notre rapport à ce monde. Comment les artistes parviennent-ils à l’exprimer ? D’autre part le développement technique remet en question la place des savoir-faire traditionnel : en quoi les nouvelles techniques modifient-elles les pratiques artistiques ? Baudelaire définit ainsi la modernité   « (elle) est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable[1] ».

Pour Fernand Léger, le contraste, la rupture et l’angle droit sont les notions qui déterminent l’esthétique des temps modernes. Et, avec elles, le caractère lisse des matériaux usinés, dont les tubes métalliques des chantiers ou les obus lustrés de la Première Guerre offrent une image synthétique. On sait quelle importance aura pour la postérité cette question que Marcel Duchamp adresse à Constantin Brancusi alors qu’il s’extasie avec lui sur le galbe d’une hélice au Salon de l’Aviation de 1912 : « Qui pourra faire mieux que cette hélice ? », « La peinture est morte ».

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En effet, l’art contemporain remet en question l’originalité des œuvres d’art, c’est-à-dire leur caractère unique. Les œuvres d’art, comme les autres produits, peuvent être reproduites ou produites en série. C’est ce qu’illustre l’œuvre d’Andy Warhol (1928 − 1987), et plus généralement le mouvement du pop’art, qui utilise la sérigraphie pour reproduire des photographies ou des dessins par dizaines.

Le philosophe Walter Benjamin s’est intéressé à cette question de la reproduction des œuvres d’art dans son texte L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique (1936). Il y montre en effet comment la reproduction technique ruine l’idée même d’authenticité de l’œuvre d’art, c’est-à-dire son caractère unique. À l’époque de la reproductibilité technique, ce qui dépérit dans l’œuvre d’art, c’est son aura.

Walter Benjamin, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique , 1939

Pour Benjamin, la possibilité de produire un nombre infini de reproduction de l’œuvre d’art lui fait perdre de son aura : son caractère sacré s’appauvrit. Pour Benjamin, ce qui a toujours caractérisé l’œuvre d’art est son “authenticité”, ou encore son statut d’original. Un original, explique Benjamin, est un objet physique unique et situé en un lieu et un temps précis (hic et nunc). Or la reproduction transporte l’œuvre à domicile, et rapproche l’œuvre du spectateur. En s’intégrant à la culture de masse, l’œuvre d’art est désacralisée. De ce fait, la distinction entre art et technique n’apparaît plus si tranchée, puisque l’art, colonisé par la technique, semble perdre une part de sa dimension sacrée. 

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La réhabilitation de la technique, Simondon

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GILBERT SIMONDON

L’oeuvre philosophique de Gilbert Simondon (1924-1989) réhabilite la technique moderne et permet de penser à nouveaux frais la complexité de sa relation à la pensée esthétique et à l’art. Cette réhabilitation réclame de s’intéresser au « mode d’existence des objets techniques » selon les mots qui composent l’ouvrage le plus connu du philosophe français. Il s’agit d’en finir avec l’ignorance dont beaucoup de théoriciens se rendent coupables à l’égard de la technique, et en particulier à l’égard des machines, ces mal-aimées des temps modernes. De cette ignorance, on passe vite au désamour et à son exclusion de la culture, ce que Simondon regrette, dès le début de Du mode d’existence des objets techniques.

 Se défaire de cette opposition entre technique et culture exige de penser les objets techniques pour eux-mêmes. Deux points sont ici particulièrement importants ; chacun d’eux remet en cause l’idée qu’on se fait habituellement de la technique.

En fait, les objets techniques ne sont pas directement beaux en eux-mêmes, à moins qu’on n’ait recherché un type de présentation répondant à des préoccupations directement esthétiques ; dans ce cas, il y a une véritable distance entre l’objet technique et l’objet esthétique ; tout se passe comme s’il existait en fait deux objets, l’objet esthétique enveloppant et masquant l’objet technique ; c’est ainsi que l’on voit un château d’eau, édifié près d’une ruine féodale, camouflé au moyen de créneaux rajoutés et peints de même couleur que la vieille pierre : l’objet technique est contenu dans cette tour menteuse, avec sa cuve en béton, ses pompes, ses tubulures : la supercherie est ridicule, et sentie comme telle au premier coup d’œil ; l’objet technique conserve sa technicité sous l’habit esthétique, d’où un conflit qui donne l’impression du grotesque. Généralement, tout travestissement d’objets techniques en objets esthétiques produit l’impression gênante d’un faux, et paraît un mensonge matérialisé.

Mais il existe en certains cas une beauté propre des objets techniques. Cette beauté apparaît quand ces objets sont insérés dans un monde, soit géographique, soit humain : l’impression esthétique est alors relative à l’insertion ; elle est comme un geste. La voilure d’un navire n’est pas belle lorsqu’elle est en panne, mais lorsque le vent la gonfle et incline la mâture tout entière, emportant le navire sur la mer ; c’est la voilure dans le vent et sur la mer qui est belle, comme la statue sur le promontoire. Le phare au bord du récif dominant la mer est beau, parce qu’il est inséré en un point-clef du monde géographique et humain.

G. Simondon, Du mode d’existence des objets techniques (1958) Paris, Aubier, 1989 

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L’objet technique n’est pas beau dans n’importe quelles circonstances et n’importe où ; il est beau quand il rencontre un lieu singulier et remarquable du monde ; la ligne à haute tension est belle quand elle enjambe une vallée, la voiture, quand elle vire, le train, quand il part ou sort du tunnel. L’objet technique est beau quand il a rencontré un fond qui lui convient, dont il peut être la figure propre, c’est-à-dire quand il achève et exprime le monde. L’objet technique peut même être beau par rapport à un objet plus vaste qui lui sert de fond, d’univers en quelque sorte. L’antenne du radar est belle quand elle est vue du pont du navire, surmontant la plus haute superstructure ; posée au sol, elle n’est plus qu’un cornet assez grossier, monté sur un pivot ; elle était belle comme achèvement structural et fonctionnel de cet ensemble qu’est le navire, mais elle n’est pas belle en elle-même et sans référence à un univers.

Le texte de Gilbert Simondon se propose de montrer en quel sens il est possible de ressaisir la beauté d’un objet technique partant de l’idée que « les objets techniques ne sont pas directement beaux en eux-mêmes ». En évoquant (paragraphe 1) la supercherie qui consiste à masquer un « château d’eau, édifié près d’une ruine féodale », l’auteur aborde ensuite les conditions de la « beauté propre des objets techniques » (paragraphes 2 et 3). C’est « l’insertion » de l’objet dans un monde « soit géographique, soit humain » qui rend compte d’une émotion esthétique(paragraphe 2), comme le soulignent les exemples de la voilure d’un navire sur la mer gonflée par le vent et « le phare au bord du récif ». C’est la rencontre, précise-t-il ensuite (paragraphe 3), entre l’objet et « un lieu singulier et remarquable du monde », soit « un fond qui lui convient » comme l’expression de ce même monde. Enfin, l’auteur conclut (paragraphe 4) sur la nécessité d’une « éducation technique » pour montrer la beauté de l’objet technique.  

FICHE SYNTHESE ART

  • Les œuvres d’art éduquent-elles notre perception ? (TL, 2014)
  • L’art transforme-t-il notre conscience du réel ? (TS, 2008)
  • Y a-t-il un progrès dans l’art ? (TL, Réunion, 2010)
  • L’art sait-il montrer ce que le langage ne peut pas dire ? (TL, Polynésie, 2008)
  • Pourquoi conserver les œuvres d’art ? (TL, Pondichéry, 2005)
  • L’art est-il un langage ? (TES, Liban, 2005)
  • L’artiste travaille-t-il ? (TS, Pondichéry, 2009)
  • La sensibilité aux œuvres d’art demande-t-elle à être éduquée ? (TS, 2005)
  • Peut-on aimer une œuvre d’art sans la comprendre ? (ST, 2008)
  • Faut-il être cultivé pour apprécier une œuvre d’art ? (ST, 2012)
  • L’artiste est-il un artisan ? (ST, Polynésie, remplacement, 2008)
  • L’art peut-il se passer d’une maîtrise technique ? (ST, 2010)
  • L’art nous fait-il connaître le réel ? (TL, Polynésie, 2012)
  • L’art peut-il manifester la vérité ? (TL, Liban, 2008)
  • Une œuvre d’art nous fait-elle rencontrer le réel ? (TL, Amérique du Nord, 2006)
  • L’art est-il moins nécessaire que la science ? (TES, 2011)
  • L’art a-t-il pour fonction d’exprimer ce qui échappe à la science ? (TES, Asie, 2007)
  • Peut-on démontrer qu’une œuvre d’art est belle ? (TS, Amérique du Nord, 2006)
  • L’art est-il un moyen d’accéder à la vérité ? (ST, 2011)
  • L’art nous détourne-t-il de la réalité ? (ST, Polynésie, 2008)
  • L’art est-il l’expression d’une révolte ? (TS, Polynésie, 2013)
  • La liberté de l’artiste rend-elle impossible toute définition de l’art ? (TES, Polynésie, 2009)
  • Peut-on reprocher à une œuvre d’art d’être immorale ? (TES, Pondichéry, 2006)
  • Une œuvre d’art peut-elle être immorale ? (TS, Pondichéry, 2014)
  • Y a-t-il un art d’être heureux ? (TS, Amérique du Nord, 2007)
  • La valeur de l’art réside-t-elle dans son inutilité ? (TL, Asie, 2013)
  • L’art n’est-il qu’un divertissement ? (TL, Liban, 2012)
  • L’œuvre est-elle nécessairement la fin de l’art ? (TL, Antilles, 2010)
  • Est-ce une fonction de l’art que d’embellir la vie ? (TL, Métropole, remplacement, 2009)
  • Les œuvres d’art sont-elles des réalités comme les autres ? (TL, 2007)
  • Une œuvre d’art n’est-elle qu’un objet ? (TL, Asie, 2006)
  • L’art est-il un divertissement ? (TES, Afrique, 2013)
  • Notre intérêt pour l’art s’explique-t-il par un besoin d’évasion ? (TES, Asie, 2012)
  • Une œuvre d’art doit-elle nécessairement donner du plaisir ? (TES, Métropole, remplacement, 2012)
  • La laideur peut-elle intéresser l’artiste ? (TES, Liban, 2012)
  • L’artiste a-t-il besoin de modèles ? (TES, Réunion, 2010)
  • L’art n’est-il qu’un jeu ? (TES, Polynésie, 2010)
  • L’artiste est-il un créateur ? (TES, Pondichéry, 2009)
  • Puis-je apprécier une œuvre d’art sans comprendre sa signification ? (TES, Amérique du Nord, 2008)
  • Toute œuvre d’art veut-elle dire quelque chose ? (TES, Polynésie, 2007)
  • L’artiste est-il maître de son œuvre ? (TS, 2014)
  • L’originalité fait-elle la valeur de l’œuvre d’art ? (TS, Liban, 2012)
  • L’œuvre d’art ne s’adresse-t-elle qu’à nos sens ? (TS, Métropole, remplacement, 2011)
  • L’art peut-il se passer de règles ? (TS, 2010)
  • L’art peut-il se passer de la référence au beau ? (TS, Afrique, 2010)
  • L’humanité peut-elle se passer de l’art ? (TS, Antilles, 2010)
  • L’artiste doit-il chercher à plaire ? (TS, 2009, Amérique du Nord)
  • Peut-on reprocher à l’art d’être inutile ? (TS, 2008, Afrique)
  • Qu’admire-t-on dans une œuvre d’art ? (TS, Pondichéry, 2007)
  • L’art est-il utile ? (ST, Polynésie, 2013. Sujet déjà donné par ailleurs)
  • L’œuvre d’art doit-elle d’abord plaire ? (ST, Antilles, 2013)
  • L’art est-il inutile ? (ST, Antilles, 2011. Sujet déjà donné par ailleurs)
  • L’art répond-il à un besoin ? (ST, Polynésie, 2009)

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COMMENTS

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