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Faire une dissertation en sociologie

✍️ Des soucis pour la rédaction d’une dissertation sociologique ? 🤝 Retrouvez ici de bons conseils sur la méthodologie pour faire une dissertation en sociologie.

Bien des étudiants en sociologie ont échoué à leurs concours ou à leurs examens faute de ne pas avoir bien maîtrisé la dissertation. Il s’agit d’un exercice d’argumentation qui développe une idée ou une résolution de problématique. Comme pour les autres filières, effectuer une dissertation en sociologie nécessite de suivre une méthodologie bien structurée, incluant introduction, développement et conclusion. Retrouvez dans cet article comment rédiger les différentes parties d’une dissertation en sociologie.

Introduction de la dissertation sociologie

L’introduction tient un rôle crucial dans une dissertation sociologique, car, si de nombreux professeurs se contentent d'une lecture en diagonale, c’est généralement cette partie qu’ils lisent en intégralité. Voilà pourquoi chaque phrase doit être bien réfléchie. Voici ce qu’une introduction doit contenir :

C’est la première phrase de la dissertation en sociologie. Elle doit donner au lecteur l’envie de continuer à lire. Pour accrocher le correcteur, il faut que celle-ci soit originale. Évitez de commencer directement par le sujet. Plusieurs alternatives sont envisageables, à savoir un événement historique, une actualité, une statistique, etc. Faites en sorte de donner une ou plusieurs informations précises, surtout si vous choisissez d’entamer cette partie avec une actualité. Pour un rendu de qualité, passer par une aide à la dissertation de sociologie est indispensable.

La définition des termes du sujet

C’est dans cette partie que l’on fait un aperçu sur ce qui va être abordé dans la dissertation de sociologie.  L’étudiant prépare le lecteur à l’annonce de la problématique.

La problématique

Dans cette partie de l’introduction, une ou des questions sont à poser. Le but est d’évaluer la capacité de l’étudiant à proposer une thèse. Les problématiques résument en quelque sorte votre pensée par rapport au sujet. C’est ce que vous allez défendre tout le long de la dissertation de sociologie. Parfois, la problématique est annoncée sous forme de phrase affirmative. Dans ce cas, il faut savoir susciter ce doute qui sera levé prochainement dans le devoir.

L’annonce du plan

Dans une dissertation sociologique, le plan est annoncé de manière claire. Il peut contenir 2 ou 3 parties, voire plus. Il existe plusieurs types de plans, mais les plus utilisés sont :

  • Le plan chronologique : il s’agit en général d’une énumération de date, mais aussi des événements suivant un ordre chronologique. 
  • Le plan thématique : c’est le plan de dissertation le plus répandu (le numéro et le nom du sujet ; la séquence des sujets).
  • Le plan binaire : les schémas les plus courants sont oui/non, avantages/inconvénients, pour/contre, etc.

Développement

C’est dans cette partie d’une dissertation sociologique qu’on développe le plan annoncé dans l’introduction. Quel que soit le type de structure (thématique, chronologique ou binaire), le développement doit suivre une logique. Pour cela, il faut que les idées soient cohérentes.

Avant chaque partie, un bref chapô est nécessaire en guise d’introduction. Toutefois, vous devez faire une petite annonce de la sous-partie pour être plus explicite.

Peu importe la taille de la dissertation, un équilibre visuel est de mise. Plus précisément, les parties doivent avoir à peu près la même longueur. Le mieux serait de se limiter à 2 ou 3 idées à développer pour une sous-partie.

Chaque sous-partie ou paragraphe doit suivre une structure bien définie pour que la lecture soit fluide. Voici une préconisation :

Faire un ou deux exemples est nécessaire. Il peut s’agir d’un événement, une citation, des statistiques, etc. L’exemple permet d’appuyer une idée dans une dissertation de sociologie.

Comment faire une dissertation de sociologie ? N’hésitez pas à rédiger une brève conclusion pour chaque partie, même si cela paraît redondant. C’est une transition vers la partie suivante. Cependant, cette conclusion n’est pas nécessaire pour passer à dernière partie de la dissertation en sociologie, qui est la conclusion. Consulter des exemples de corrigés de dissertation de sociologie est conseillé. Des fichiers PDF ou autres formats sont disponibles en ligne.

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Une dissertation de sociologie doit systématiquement contenir une conclusion. C’est un récapitulatif de tout ce qui vient d’être abordé dans le développement. L’idéal serait d’y penser dès le début de la rédaction. Cela peut aider à ne pas se perdre par rapport à l’objectif de la dissertation en sociologie.

Les deux ou trois premières phrases consistent à rappeler la thèse de départ au lecteur. Elles permettent de confirmer que la ou les problématiques dans l’introduction ont été bien résolues. Viennent ensuite la ou les phrases d’élargissement de sujet. Il est important d’amener le correcteur vers un nouveau sujet de réflexion en tenant compte d’une logique de démonstration.

Avant de rendre votre dissertation de sociologie, passez au moins 10 à faire de la relecture. Vérifiez qu’il n’y a plus de fautes (orthographe, grammaire, syntaxe, etc.). Veillez à ce que vous n’ayez rien oublié (citations, références, etc.). Voilà comment faire une dissertation de sociologie.

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La méthodologie d’un mémoire est l’ensemble des étapes telles que la recherche bibliographique, la définition de la problématique, l’agencement de l’argumentation et les méthodes de rédaction.

La méthodologie de recherche se fait généralement en plusieurs étapes : rédaction de l’introduction, résumé, analyse et rédaction, correction et édition de la méthodologie de recherche.

Plusieurs points sont à mentionner lors de la description de la méthodologie, à savoir les participants, les informations à collecter, les outils de recherche, le déroulement, les moyens pour analyser les données, la durée, etc.

La méthode est la façon d’expliquer une pensée, démontrer une pensée… alors que la méthodologie consiste à étudier les méthodes pour mener une recherche.

Il faut être méticuleux et concis dans les argumentations. Suivez une méthodologie pertinente et bien étudiée.

Une dissertation sociologique doit contenir une introduction, un développement et une conclusion.

La meilleure manière de reformuler le sujet d’une dissertation sociologique est de poser des questions : qui, que, comment, pourquoi, quand, etc.

Respectez les 3 parties d’une introduction (introduction, développement et conclusion). Rédigez une accroche pertinente et efficace.

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exemple d'introduction de dissertation sociologie

  • Philosophie

Comment bien introduire une dissertation sur la société ?

  • Kevin BELTOU
  • 20 Avr 2023

À lire dans cet article :

Parcoursup

La société est une notion centrale à connaître pour le bac de philosophie. Voici un article qui explique comment l’utiliser dans ta dissertation sur la société en introduction.

Nos conseils pour ton introduction sur la société

Pour bien introduire une dissertation sur la société, il est important de capter l’attention du lecteur et de présenter clairement le sujet de ta dissertation. Voici quelques étapes que tu peux suivre pour rédiger une introduction efficace :

  • Commence par une accroche : utilise une phrase percutante, une citation ou une anecdote pour attirer l’attention du lecteur et susciter son intérêt pour le sujet.
  • Présente le sujet de la dissertation : dans une phrase ou deux, présente le sujet que tu vas aborder et indique pourquoi il est important de le traiter.
  • Annonce ta problématique : ta problématique est la question centrale à laquelle ta dissertation va tenter de répondre. Annonce-la clairement dans ton introduction pour donner une idée précise au lecteur sur ce que tu vas développer.
  • Présente brièvement ton plan : indique les grandes parties de ta dissertation et les axes que tu vas développer pour répondre à ta problématique.

Lire aussi :  Le monde comme volonté et comme représentation, Schopenhauer, philosophie bac L 2018

La société : définitions

La définition étymologique de la société.

L’homme vit en communauté avec ses semblables. Mais comment expliquer ce fait ? Cette organisation est-elle naturelle ? Quelle est la fin de la société ?

Le terme de société est la traduction du latin societas issu du mot socius qui signifie le compagnon, l’allié ou encore l’associé . Ce terme est ainsi utilisé pour rendre compte du fait que l’homme est en compagnie de ses semblables, qu’il vit, échange, communique, partage avec eux.

La société exprime ainsi un aspect fondamental de la condition humaine à savoir cette relation d’interdépendance entre les hommes .

Par société, on désigne ainsi tout regroupement ou rassemblement d’individus donnant lieu à une vie collective réglée par un certain nombre de règles et de pratiques.

Une définition positive de la société

La société et tout ce qu’elle recouvre comme pratiques et habitudes que l’on dénomme sous les termes de ” civilisation ” ou de ” culture ” semble donc être une composante essentielle de l’homme .

Dans l’Antiquité grecque, il n’y avait pas de distinction entre la société et l’Etat comme elle existe aujourd’hui. Les deux étaient indissociables et se fondait dans le terme ” cité “. La cité grecque désignait aussi bien l’Etat que la société. Ce n’est qu’avec la modernité que la distinction s’est véritablement précisée entre l’Etat et la société. L’Etat désigne l’autorité souveraine, le pouvoir politique auquel est soumis un groupe humain à savoir la société. L’Etat apparaît chez les penseurs modernes comme la condition de réalisation de la société, comme le garant de sa stabilité.

Lire aussi :  Système de logique, Stuart Mill, bac philosophie 2018

Quelques exemples pour ton introduction

Un exemple d’accroche.

Après le naufrage de son navire sur une île déserte, Robinson Crusoé, personnage éponyme du roman de Daniel Defoe, s’efforce de vivre comme s’il était encore en société : après avoir construit son habitation, il prend soin de se créer un calendrier et tient un journal intime ; il chasse, cultive ; il se rase, prend soin de diner sans ses habits du dimanche, lit la Bible. Robinson tente ainsi d’éviter de tomber dans la folie que pourrait provoquer l’expérience de la solitude.

En agissant ainsi, il montre que la société est un élément important dans la vie et le développement humain. L’homme ne semble pas être en mesure de se couper de tout rapports sociaux. Quand il fait la connaissance d’un ” sauvage ” qu’il renomme Vendredi, il lui apprend l’anglais et le convertit même au christianisme. Ainsi après avoir domestiqué son environnement, Robinson tente de domestiquer son nouveau compagnon. Quand bien même il se trouve éloigné de la société, il persiste à vouloir la reconstituer, sur son île, autour de lui.

Un exemple d’introduction

Voici un exemple d’introduction pour une dissertation sur la société :

« La société est un concept complexe qui peut être abordé sous de nombreux angles. De la naissance des premières communautés humaines à la société numérique du XXIe siècle, la société a connu de profondes évolutions qui ont bouleversé les relations entre les individus. Dans cette dissertation, nous allons nous intéresser à la question suivante : comment la société a-t-elle évolué au fil du temps et quelles en sont les conséquences pour les individus qui la composent ? Pour répondre à cette problématique, nous allons tout d’abord étudier les origines de la société, puis nous verrons comment elle s’est transformée au fil des siècles. Enfin, nous analyserons les impacts de ces évolutions sur les individus et les enjeux que pose la société contemporaine. »

Lire aussi :  Bac 2022 : corrigé du sujet de philosophie (voie générale)

Les problématiques tombées au BAC

Les sujets de dissertation au bac autour de cette notion de société questionnent généralement:

  • la nature sociale de l’homme (” l’homme est-il un être social ? “)
  • le pourquoi de la vie en société
  • sa raison d’être (” Les hommes ne vivent-ils en société que par intérêt ? “)
  • les rapports de pouvoir entre l’Etat et la société (” l’Etat est-il au service de la société ? “)

Bien maîtriser ces définitions est essentiel pour rédiger une bonne introduction sur cette thématique. Si cet article sur l’introduction d’une dissertation sur la société vous t’a été utile, sache que d’ autres articles notionnels sont à ta disposition pour bien comprendre ce qui est attendu de toi le jour de l’épreuve.

Lire aussi :  Master philosophie : programme, débouchés et admissions

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Accueil SociologieS Découvertes / Redécouvertes 2009 Henri Janne Introduction à la Sociologie Géné...

Introduction à la Sociologie Générale  1

Texte d’Henri Janne publié pour la première fois dans la Revue de l'Institut de Sociologie , 1951, n°3, pp. 345-392, et reproduit avec l’aimable autorisation de la revue.

Henri Janne’s text first published in Revue de l'Institut de Sociologie , 1951, n°3, pp. 345-392, and published here with the kind authorisation of the journal.

Texto de Henri Janne publicado por primera vez en Revue de l'Institut de Sociologie , 1951, n°3, pp. 345-392 , y aquí publicado con la amable autorización de la revista.

Entrées d’index

Mots-clés : , keywords: , notes de la rédaction.

Les particularités typographiques (et les fautes dans les noms propres...) de l’original ont été conservés. Pour consulter la présentation de ce texte, aller à : http://sociologies.revues.org/index2958.html

Texte intégral

  • 1 . Le point de départ de cette étude est le texte de la leçon d'introduction au Cours de Sociologie (...)

1 La première démarche qui s'impose à quiconque veut traiter d'une science, est de définir, de délimiter aussi exactement que possible son objet.

  • 2 . Rappelons qu'aussitôt après avoir inventé le mot « sociologie » Auguste Comte, dans sa 47 e leçon (...)

2 La sociologie est la science qui a pour objet ce qui est social  2 . Les sciences dites « sociales » ou « humaines » se consacrent chacune à des catégories particulières de faits humains, telles le Droit et l'Économie politique. La sociologie retient dans ces faits humains leur aspect spécifiquement social. En l'occurrence, il s'agit donc de définir le « social ». C'est un mot du langage courant, dont l'acception la plus conforme à l'usage est « relatif à la société ».

3 Qu'entend-on par société ? C'est d'une manière générale la communauté humaine plus ou moins complexe où l'on vit, où vivent les individus pris en considération pour l'application du mot. Les hommes qui font partie d'une société présentent cette caractéristique d'avoir entre eux des rapports volontaires ou involontaires explicites ou implicites, réels ou potentiels ; ils sont à quelque degré interdépendants et forment un groupe qui comporte généralement des sous-groupes plus ou moins consistants et entremêlés par les membres communs qu'ils comptent.

4 La sociologie a convenu d'appeler « société globale », ce groupe englobant les individus dans leur ensemble sur une aire géographique déterminée. À ce point déjà, des distinctions sont nécessaires.

5 La société globale est, presque toujours, recouverte, à notre époque, par la société politique, ainsi que l'a montré l'École de Dürckheim. Toutefois, au sein de cette société globale peuvent exister des sociétés partielles sans doute, mais constituant pour leurs membres la communauté réelle, celle qui leur fournit les normes implicites ou explicites de la vie et son style d'action, beaucoup plus que la société territoriale définie par le phénomène politique.

3 . Prises dans un sens extensif. Ex. : le Deutschtum

  • 4 . Cette idée a surtout reçu son développement en Allemagne, à l'époque où celle-ci se constituait e (...)

5 . Dupréel E., Sociologie Générale , Paris, Presses Universitaires de France, 1948, pp. 42 et ss.

6 Mais il y a aussi des institutions au sens le plus général du terme (citons parmi elles la langue, la religion, la monnaie, les arts, les styles, les formes littéraires, les techniques et les systèmes de connaissances) qui débordent très fréquemment des sociétés territoriales politiques, s'étendent plus ou moins intensément à d'autres communautés, avancent et se retirent. Ces institutions constituent dans leur ensemble une civilisation , complexe de valeurs transmissibles et susceptibles d'universalité. On réserve, d'autre part, aux phénomènes sociaux stabilisés des communautés nationales  3 et ayant des traits propres à celles-ci, le terme de culture , qui est action volontaire d'un peuple et dont les valeurs sont orientées, non vers l'universalisation, mais vers la particularisation  4 . Cette distinction n'implique aucun jugement de valeur sur ces deux formes – d'ailleurs fort entremêlées – d'intégration des phénomènes sociaux. La notion de symbiose sociale d'Eugène Dupréel est un facteur explicatif de cet ordre de faits  5 .

7 La définition de la société comme communauté d'hommes et de groupes interdépendants et, en conséquence, du « social », pour être évidemment conforme à la réalité des faits, n'en est pas moins élémentaire. Elle est tout externe ; elle équivaut à une description de l'aspect extérieur de la société; elle ne touche pas à son essence.

8 Pour comprendre l'objet de la sociologie, il serait indispensable de saisir ce que le « social » a de proprement spécifique.

9 Le « social » est ce qui concerne ce phénomène de vie en communauté qui caractérise les hommes. Parce que sur toute la surface de la terre et aussi haut que la préhistoire permette de remonter dans le temps, on trouve les hommes vivant en groupe.

10 Nous dirons donc : est social tout fait, tout acte, tout rapport dans la mesure où il comporte une action de la société ou une action sur la société, ou encore, si l'on veut, tout fait, tout acte, tout rapport à propos desquels la société apparaît comme objet ou comme sujet.

11 Prenons un exemple. Le droit est reconnu comme un phénomène social. L'étude d'un contrat ou des articles du code relatifs au contrat est de caractère juridique et non sociologique.

12 Un contrat est sans doute un acte social. Mais il n'est pas que cela : c'est, avant tout, un cas particulier de l'application de principes ou de règles juridiques. Il peut être étudié en négligeant absolument l'aspect social en examinant, par exemple, quels sont les droits conférés par son texte à chaque partie en cause ou s'il est valable dans son fond et dans sa forme au regard des lois en vigueur. Son aspect social – celui qui pourra retenir l'attention du sociologue – c'est en quoi ce contrat serait l'expression d'une influence, soit du droit sur la vie de la communauté, soit de l'évolution de certains rapports sociaux sur le droit. En quoi, par exemple, tel contrat de fermage est-il le reflet des rapports de deux classes sociales ? Voilà une question sociologique.

13 En d'autres termes, dans les faits humains, tout n'est pas social. La sociologie étudie ces faits en tant qu'ils sont sociaux . C'est dire que dans les faits revêtant d'une manière dominante des caractères qui les rendent « juridiques » et les font relever du droit, il y a des aspects sociaux plus ou moins importants qui en font aussi des objets de la sociologie. Parallèlement au droit, il y a donc une branche de la sociologie qui étudie les aspects sociaux du droit : la sociologie juridique .

  • 6 . L'Economie politique étudie les lois (ou, si l'on préfère, les uniformités) relatives à la produc (...)
  • 7 . Les rapports de la sociologie et de l'histoire donnent encore lieu aujourd'hui à des interprétati (...)

14 La même situation existe pour l'Économie Politique à côté de laquelle se développe la Sociologie économique souvent identifiée à l'Économie sociale  6 , pour la science politique à côté de laquelle œuvre une sociologie politique ou sociologie de l'État, pour la science religieuse à côté de laquelle se déploie une sociologie des religions. À côté de l'histoire est née une sociologie historique ou histoire des institutions, ce terme étant pris au sens le plus large  7 .

15 Dans cet ordre de réflexions, on doit considérer que l'ethnologie est la sociologie des peuples primitifs, qui se développe parallèlement à l'anthropologie et à l'ethnographie ; la terminologie n'est cependant pas fixée, car des auteurs intitulent cet ordre d'études sociologiques « anthropologie culturelle ». Des remarques analogues peuvent être faites à propos de la géographie humaine qui n'est au fond que de la sociologie géographique dont le domaine est cependant mal délimité à l'égard de l'Écologie humaine qui se consacre à l'étude de trois variables agissant sur les sociétés : les conditions géographiques, les forces biologiques et les techniques matérielles.

  • 8 . Ce dernier terme limite toutefois la psychologie sociale au domaine des relations individuelles i (...)

16 À côté de la psychologie se développe la psychologie sociale, parfois appelée interpsychologie  8 .

17 Il s'agit, en fait; d'un phénomène qui, sans être systématisé, n'en est pas moins général : l'étude des aspects sociaux des faits, classés, en vertu de leurs traits dominants ou en vertu des techniques que requiert leur analyse , dans les diverses branches des sciences humaines, est l'objet de sociologies spéciales . Il n'y a pas de faits humains qui soient sociaux et d'autres pas : tous ont, ne fût-ce que virtuellement ou d'une manière infime un aspect social, tous renferment en eux du « social » du fait qu'ils sont nécessairement en quelque manière le produit de la vie en communauté ou exercent quelque influence même potentielle, sur celle-ci.

18 En conclusion de cette analyse, on qualifiera un fait humain de social, si son caractère principal est d'être fonction de la société ou d'agir sur celle-ci. C'est donc une question de mesure. Si tout fait humain contient du social, aucun n'est purement et exclusivement social.

9 . Dupréel E., Sociologie générale , op. cit. , p.129 et ss., p. 146 et ss.

10 . Ibid ., p.118 et ss.

19 La Sociologie générale se fonde sur la synthèse, non pas – comme on le dit encore trop souvent – des sciences sociales, ce qui en ferait une philosophie sociale, mais sur la synthèse des sociologies spéciales qui correspondent à chacune des sciences sociales. Cette synthèse s'appuie sur la constatation que les faits humains, dans leurs rapports avec la vie des groupes, ne peuvent s'agencer et évoluer que selon un nombre limité de formes et de modalités qui répondent à des critères semblables dans des conditions semblables. C'est ainsi qu'il y a, par exemple, des règles régissant le jeu des antagonismes  9 et qu'il y a des conséquences propres à l'activité des groupes  10 .

20 La Sociologie doit postuler, en effet, une uniformité des phénomènes sociaux comparable à l'uniformité de la nature, présupposée par les sciences naturelles ou par la physique, sans quoi elle renoncerait à être une science. En d'autres termes, la sociologie doit se vouloir une étude comparative et objective de systèmes naturels.

  • 11 . P elseneer J. , L'évolution de la notion de phénomène physique des primitifs à Bohr et Louis de Bro (...)

12 . Ibid ., p.167.

13 . Cf. la présente étude, p.18.

21 Le fait que la notion de loi scientifique ne puisse être prise en sociologie, dans le sens où elle l'est, par exemple, pour les phénomènes de l'astronomie ou de la physique macroscopique, n'altère en rien le caractère scientifique de notre discipline. Dans la physique microscopique est entrée, depuis 1927, une constatation d'indétermination qui, en ce domaine, détruit la relation classique de causalité pour y substituer une relation de probabilité  11 . Il y a une autre analogie – qui donne à penser – entre la sociologie et la microphysique. La qualité « scientifique » des disciplines de recherche s'appuie principalement sur la séparation totale du sujet observant et de l'objet observé. En microphysique l'opération d'observation influe sur l'objet observé, interférence qui trouble le jeu spécifique du phénomène observé  12 . En sociologie, c'est l'observateur qui est influencé par l'objet observé, constatation qui est à l'origine de l'un des problèmes de base de la sociologie de la connaissance  13 . Quoi qu'il en soit, la nature des uniformités sociologiques exige un cadre de référence spécifique qui est précisément en cours de formation et sans lequel la recherche de ces uniformités ne pourrait revêtir un caractère scientifique. C'est dire l'importance actuelle de la méthodologie dans le cadre de la sociologie.

22 Poussons plus loin notre analyse. Tout rapport entre hommes, s'il comporte, en tout cas, un élément social, comporte aussi – et cela est reconnu depuis plus longtemps – un élément psychologique. Ne nous lassons pas d'indiquer que le rapport est social dans la mesure où la communauté y est présente, s'y manifeste ou, si l'on veut, dans la mesure où le rapport, soit est fonction de la communauté, soit agit sur celle-ci. Le rapport sera psychologique dans la mesure où il trouve sa source ou sa signification dans l'état mental d'au moins l'un de ses termes pour autant, bien entendu, qu'il ne s'agisse pas d'un état mental intégré dans le « social ».

23 L'aspect social du rapport est principalement externe en ce sens qu'il prend pied sur le comportement des termes, qui est une chose objective.

24 L'aspect psychologique du rapport est essentiellement interne  ; c'est un fait mental, prenant appui sur la physiologie des centres nerveux supérieurs et spécialement le cerveau. Remarquons cependant que tout fait psychologique, allant au-delà de l'élémentaire, est inconcevable sans le caractère relationnel de la vie humaine. Il revêt en tout cas, des aspects purement subjectifs.

25 Tel acte dont le comportement objectif révèle des causes d'origine sociale, apparaît psychologiquement à l'individu qui en est l'auteur, comme inspiré par des motifs qui sont eux subjectifs. Toutefois la qualification de social ou de psychologique sera attribuée par l'observateur à tel ou tel rapport humain, selon qu' aux yeux de cet observateur , le social (externe) ou le psychologique (interne) s'y trouve être plus marquant. Mais aucun rapport humain ne sera exempt de l'un des deux aspects.

26 Jusqu'ici nous avons défini le « rapport social » en nous appuyant sur l'importance de la société comme objet ou sujet du rapport, en opposition à tous autres objets ou sujets. La différenciation à l'égard de l'élément psychologique nous permet à présent de compléter cette définition. Sera « social » le rapport où les aspects psychologiques ne sont pas particuliers au rapport considéré , mais semblables dans tous les rapports de ce type ; on appellera donc « rapport psychologique » celui où l'élément social est sans impact réel sur l'origine du rapport, son aboutissement ou sa signification, celui donc où le jeu mental est le trait dominant et revêt un aspect propre au rapport considéré . Sera donc psychologique le rapport où le subjectif est plus spécifique que l'objectif, et réciproquement, pour le rapport social.

27 Exemple de rapport « social » : le rapport normal et formel de subordination dans une entreprise, d'un employé à l'égard du directeur.

28 Exemple de rapport « psychologique » : l'humiliation d'un convive qui s'est fait prendre en flagrant délit d'erreur sur un point important d'une conversation de type habituel à une table composée de gens de pleine égalité sociale.

29 Le premier exemple ne comporte pas de vraie réaction psychologique, mais constitue l'expression d'un fait social important : la hiérarchie sociale. Ce rapport ne deviendrait psychologique que dans la mesure où l'exercice de l'autorité du chef prendrait un tour particulier, individualisé : dans le sens où, soit le chef userait de sa position hiérarchique d'une manière anormale, soit le subordonné dirait qu'il se sent « visé ». Le deuxième exemple est essentiellement un rapport psychologique à trois termes : le convive qui provoque la constatation de l'erreur, celui qui est « surpris » et dont l'état mental est « intense », les autres convives qui sont témoins. Ce rapport ne prendrait un aspect social que s'il pouvait apparaître comme une conséquence ou une modalité d'une opposition de groupes ou comme un incident résultant de la « mobilité sociale » (accès à une classe supérieure) ; dans notre hypothèse ce n'est pas le cas.

30 Est-ce à dire que, dans le premier cas, il n'y ait pas d'aspect psychologique et dans le second pas d'aspect social? Non, sans doute – nous avons montré que c'était impossible –, c'est le dosage qui permet la qualification.

31 Demandons-nous à présent, ce qu'est la société. Une simple somme d'individus ayant des relations intermentales ? Un organisme réel s'exprimant par une « conscience collective » existant en dehors des consciences individuelles ? Est-ce un élément immanent aux consciences individuelles ou un organisme transcendant à chaque individu ? C'est le vieux conflit du nominalisme et du réalisme reporté sur le plan sociologique.

32 Pour caractériser la nature de la société puisque aussi bien c'est de cela qu'il s'agit, nous ferons un détour dont on comprendra la nécessité quand nous arriverons au terme de notre démonstration.

33 L'action des hommes est, à tout moment, déterminée par des causes ; elle est dictée par des motifs ; elle est délimitée et canalisée par des conditions.

  • 14 . MAC DOUGALL W., An introduction to social psychology , Londres, Éditions Methuen, 1908. Texte cité (...)

34 Dès 1908, le sociologue anglais Mac Dougall écrivait que le grand mal des sciences sociales, c'est « le défaut d'une doctrine véritable des motifs humains »  14 . En dépit d'efforts qui ont incontestablement fait progresser la question, on ne peut pas dire que la recherche psychologique et sociologique soit arrivée à présenter en ce domaine un corps de doctrine qui ait été accepté par le monde scientifique.

35 Sans avoir la prétention de définir ici ce corps de doctrine, nous croyons qu'il est possible d'user des résultats acquis en ce domaine pour éclairer le problème de la nature de la société.

36 Parmi les conditions de l'action humaine, il y a tout d'abord le milieu géographique : le climat, le régime des eaux (principalement la possibilité d'en disposer à suffisance), le relief, la faune, la flore, les courants marins et les ressources naturelles en général.

37 L'explication du social par le géographique a illustré tous les méfaits des théories de caractère moniste. C'est a priori une erreur d'expliquer des phénomènes très complexes par une cause unique. Bien entendu, ces théories excessives sont reléguées par la science. On ne prend plus au sérieux l'idée selon laquelle le désert engendrerait le monothéisme et les pays divisés en petites vallées séparées par des montagnes, le polythéisme, qui d'ailleurs, a été présenté aussi comme une conséquence des végétations luxuriantes...

38 On ne croit plus qu'un « milieu naturel favorable » suffise à créer des civilisations brillantes ; sinon comment expliquer, par exemple, que les ressources inouïes du territoire des États-Unis d'Amérique n'aient eu qu'une faible influence sur la vie des peuples pré-européens? L'insularité de l'Angleterre n'est pas la cause de sa vocation maritime : pendant de nombreux siècles l'Angleterre fut un pays presque exclusivement agricole tourné vers les conquêtes continentales, alors que Bruges, Gênes, la Hanse, les Portugais et les Espagnols, sans compter les Nordiques, se tournaient vers la mer ; elle ne participe pas aux grandes découvertes et il faudra, à la fin du XV e siècle et au XVI e siècle, les conditions de la période des Tudor, pour faire de la Grande-Bretagne une puissance maritime. Faut-il rappeler aussi que la steppe russe et la grande prairie américaine n'ont pas créé des milieux économiques semblables ?

39 Il n'en est pas moins vrai que les conditions géographiques restent un cadre déterminant des actions humaines, mais sans que l'on puisse parler de rapports de causalité ; ce sont plutôt des rapports de connexion. D'ailleurs ces conditions sont d'autant moins déterminantes que les techniques se trouvent être plus développées.

40 Par exemple, dans un état primitif des techniques, ce sont les points d'eau, naturellement à portée des hommes, qui fixent la dispersion de leur habitat ; dans un état très évolué des techniques, l'eau peut être cherchée au loin ou en profondeur et transportée selon les besoins ; toutefois les conditions désertiques opposent une résistance difficile à surmonter même par les techniques actuelles.

41 Autre exemple : dans un état moyen des techniques, les gisements houillers dictent l'emplacement des industries ; dans un état plus évolué, les techniques de transport de l'énergie (électricité et pétrole) permettent de séparer l'industrie des gisements houillers.

42 Les ressources naturelles d'une région ont une influence – que l'état des techniques atténue, sans l'annuler jamais complètement, sur le régime alimentaire des individus.

43 La manière de se nourrir aura des effets physiologiques plus ou moins favorables à l'action et cela du fait de la suffisance ou de l'insuffisance quantitative, du fait de la fomentation de certaines maladies favorisée par certains aliments ou du fait de l'usage de certains excitants plus ou moins stimulants ou destructifs de l'équilibre nerveux et mental (citons l'opium, voire le tabac).

44 Aux conditions naturelles s'ajoute l'influence des techniques comme facteur déterminant des actions humaines. Né après la guerre de 1914-1918 aux États-Unis, j'aurais une chance sur quatre de disposer d'une automobile et, par conséquent, d'accroître considérablement ma mobilité. Si j'étais né à la même époque en Chine, cette chance serait infinitésimale. Selon le cas, j'aurai, de ce fait, une vision et une connaissance nettement différentes, non seulement quantitativement, mais qualitativement, des régions que je traverse.

45 Et ainsi pour tous les moyens techniques, qu'il s'agisse de l'action sur les choses ou par les choses, ou des moyens pour connaître les choses.

46 De plus, un milieu naturel quelconque est toujours plus ou moins profondément transformé par l'action des générations humaines antérieures : il y a une accumulation de choses agencées par les hommes et pour les hommes. Ces « choses agencées » peuvent créer progressivement des conditions essentiellement différentes pour l'action. Il y a là, insistons-y, non seulement un phénomène technique, mais un phénomène d'accumulation. Toute la technique constructive américaine ne pourrait refaire Rome qui, au long des techniques du passé, avec des repentirs et des retouches, avec des alternances de construction, de passivité et de destruction, accumule un ensemble de bâtiments extraordinaire. L'homme qui naît ou émigre dans un milieu (ce que le professeur Dupréel appelle si joliment le « survenant »), voit son action encadrée par ces choses amoncelées avant lui. L'agencement de ces choses, s'il multiplie les moyens de ses actions, en restreint nécessairement le choix et le prédétermine partiellement : l'immigré dans une région rurale ne se rendra pas d'une ferme à l'autre selon la ligne la plus courte, même si cela est praticable ; il suivra un chemin tracé depuis longtemps et qui sera souvent conditionné par la répartition en propriété des parcelles de la terre ; il utilisera le cheval, la bicyclette ou tout autre moyeu de transport selon l'état des techniques et des communications, selon le niveau de vie de la population locale, selon la nature du chemin, qui, elle, dépend de la technique des « ponts et chaussées », et aussi des moyens d'action des autorités responsables ainsi que de leur conception de l'intérêt public.

47 Passons à d'autres facteurs qui conditionnent l'action humaine : ce sont les lois et règlements des États ou groupes sociaux détenant le pouvoir, c'est-à-dire la force. De tels groupes « forts » – mobilisation de légistes, de scribes et de gens d'armes – existent sans exception dans toutes les sociétés globales.

48 L'État que l'on confond souvent avec la Nation ou avec un statut juridique, est sociologiquement un groupe social parmi d'autres : sa spécialité est de posséder le monopole de la force et en conséquence d'établir un « ordre » et de le faire régner.

49 Les groupes les plus archaïques comportent toujours, ne fût-ce qu'à un degré très faible, une cristallisation de la souveraineté : c'est même le cas dans les clans primitifs, qui se rapprochent le plus de l'état de solidarité mécanique décrit par Dürckheim, où à l'état pur la souveraineté serait diffuse ; dans ces cas mêmes, l'observation montre que le rôle des anciens ou de ceux qui « captent » le « sacré », constitue un début de souveraineté.

50 Les lois et coutumes réglementaires sont sanctionnées par des peines diverses dont l'application dans les sociétés organisées est rendue socialement probable en cas d'infraction, par tout un appareil policier et judiciaire de répression. Le rôle préventif du système, bien que les résultats en soient difficilement évaluables à cause de l'aspect subjectif du phénomène, est probablement plus important que le rôle répressif. Un gendarme placé bien en vue le long d'une route agit sur un bien plus grand nombre de gestes d'automobilistes, que l'amende occasionnelle qui concerne un seul cas. Toutefois, la publicité de certaines peines relève de l'aspect préventif de l'action de la force publique et la peine infligée à un automobiliste joue également, pour celui-ci même, un rôle préventif d'infractions ultérieures. Tout cet instrument des institutions publiques est en même temps préventif, éducatif, impératif et répressif. La souveraineté plus diffuse dans les petites sociétés primitives et très « proche » en conséquence de chaque individu, produit un contrôle étroit des actions, bien que le droit du groupe ne soit pas codifié et que l'homogénéité de ces sociétés identifie les aspirations des individus à celles du groupe. Cet état social correspond en même temps à la « solidarité mécanique » de Dürckheim et à la Gemeinschaft  – ou société naturelle – de Tönnies.

51 Dans les sociétés modernes, le phénomène d'intervention de plus en plus étendue de l'État tisse progressivement un réseau légal et réglementaire qui canalise, limite et subordonne de plus en plus à autorisation l'action des individus. C'est le règne de la « solidarité organique » de Dürckheim ou de la Gesellschaft de Tönnies (société consciemment construite).

52 L'une des causes objectives du développement de l'interventionnisme est certainement le progrès des techniques, qui accroît la division du travail (la spécialisation) et donc l'interdépendance des individus. Celle-ci multiplie les rapports où les uns sont dépendants des autres et, en conséquence, les frictions et les déséquilibres temporaires que la fréquence des changements relatifs aux moyens techniques tend à rendre de plus en plus nombreux. Les causes de conflits et d'atteintes à des statuts sociaux particuliers sont une source de sollicitation à l'intervention de l'État, en vertu de son office spécifique. L'individu y cherche sécurité chaque fois qu'il est en cause et déplore la perte générale de liberté chaque fois qu'il s'agit des autres. Dans les deux cas il a raison ; mais le jugement de valeur entre la sécurité et la liberté n'est pas déterminant en l'occurrence : ce n'est qu'une rationalisation des faits.

53 Cependant, l'État, même non démocratique, tient compte de l'opinion pour établir lois et règlements. En démocratie, les techniques de représentation populaire visent à conformer l'action de l'État à la volonté collective. Mais celle-ci est quelque peu mythique : ce sont les pressions exercées par certains groupes sociaux, à commencer par le groupe-État lui-même, qui la modèlent. Ceci ne signifie nullement que la technique législative de la démocratie n'offre pas de sérieux avantages. L'étude spécialisée de cet ordre de phénomènes – abstraction faite des structures juridiques et politiques – est l'un des objets de la sociologie de l'État.

54 Sans être issues, comme les lois et les institutions publiques, des œuvres du « groupe fort », de nombreuses institutions sont préexistantes aux individus et conditionnent, canalisent, dictent des actions à l'homme ou leur donnent une forme homogénéisée et stylisée en quelque sorte.

  • 15 . Définition inspirée par H ankins F. H., An introduction of the Study of Society , New York, Macmill (...)

55 Donnons comme définition de l'institution : toute règle, usage ou toute structure ainsi que tous moyens destinés à les rendre effectifs, qui ont le double caractère d'être prescrits et consciemment approuvés par un groupe social  15 .

  • 16 . "The individual and his Society", texte cité d'après C uvillier A., Manuel de Sociologie , op. cit . (...)

56 Ces institutions agissant sur l'homme peuvent également être définies selon Abram Kardiner ( The Psychological Frontiers of Society , New York, Columbia University Press , 1945), comme les « systèmes fondamentaux d'intégration des individus à la société » ; en 1939, il les présentait comme « les moyens par lesquels l'influence spécifique de la société agit sur l'individu »  16 .

57 Bien entendu, les institutions ainsi définies englobent les institutions émanant de l'État; mais ici ce sont les autres que nous prenons en considération.

58 Les institutions politiques, religieuses, économiques, folkloriques, les mœurs et les pratiques populaires ( folkways ) au sens de Sumner, les institutions scientifiques, artistiques, sportives, de loisir, etc... enserrent l'homme dans un rêt de statuts et d'usages qui sans être, dans la majorité des cas, sanctionnés par la loi et la force publique, n'en sont pas moins de véritables moules d'action. La sanction plus ou moins explicite de l'opinion des groupes intéressés ou de la société globale dans son ensemble, suffit à plier la grande masse des hommes aux institutions de leur milieu.

  • 17 . P arsons t ., "La Théorie sociologique systématique et ses perspectives", in G urvitch G., La Sociol (...)

59 W.I. Thomas a bien montré qu'une des fonctions essentielles des institutions est de « définir la situation »  17 dans le cadre de laquelle l'individu va agir. Cette définition aura pour conséquence de mobiliser dans la conscience des individus des types de motifs déterminés ou de les « colorer » d'une certaine manière. La situation, selon Thomas, c'est un ensemble de valeurs et d'aptitudes auxquelles l'individu ou le groupe a affaire dans un processus d'activité, et par rapport auxquelles cette activité est organisée et son résultat apprécié.

60 Exemple : dans la situation capitaliste de l'Économie, l'homme à la direction d'une entreprise tendra à réaliser des profits, car tel est, dans cette situation, l'objet de l'entreprise et le critère de la position sociale de son chef. Dans une situation économique de type socialiste, un homme à la direction d'une entreprise tendra vers des objectifs techniques, abstraction faite du profit, et sa « force sociale » dépendra des critères d'appréciation relatifs à ces mœurs de production.

61 La psychologie de l'homo oeconomicus n'est pas une catégorie universelle de l'esprit humain, ni d'ailleurs celle de l'homo socius , mais un « rôle institutionnalisé » dans une situation déterminée. Ceci pour montrer combien la caractérologie plonge ses racines dans le social et est encadrée dans une typologie.

62 L'ensemble des institutions publiques et privées a pour effet de classer les individus en une hiérarchie sociale . Comme l'a si clairement expliqué Eugène Dupréel, chaque groupe social, dès qu'il est institutionnalisé, comporte un « noyau » composé des individus qui constituent habituellement les termes complémentaires des rapports entre les autres membres du groupe. Ceci, bien entendu, dans la mesure où ces rapports sont relatifs au groupe considéré.

  • 18 . Eugène Dupréel définit comme suit la complémentarité : « Deux rapports étant liés par un terme co (...)

19 . Ibid. , pp. 38, 103, 124-127.

63 Ces offices de complémentarité ont régulièrement pour conséquence d'accroître la force sociale, c'est-à-dire la capacité d'influencer, des individus qui s'y trouvent spécialisés  18 . C'est ainsi que les fonctions agglomérées dans les noyaux compte tenu de la puissance des groupes sociaux considérés, sont la source de la hiérarchie sociale et la cause de la formation des classes sociales  19 .

  • 20 . MACIVER R. M., Society, its structure and changes , New York, Ray Long and Richard Smith Press, 19 (...)

64 La position que les individus occupent dans la hiérarchie sociale, et leur appartenance à une classe sociale, influent considérablement sur leur niveau de vie, leurs moyens d'action, leur équilibre physiologique et nerveux, leur liberté, leur indépendance, leur manière d'être, de vivre et de parler, leur individualisme, la nature de leurs connaissances et de leurs idéaux politiques et moraux, leurs jugements de valeur, leur capacité de disposer des choses et d'agir sur leurs semblables. C'est un facteur essentiel de limitation, d'orientation et de « coloration » de l'action des hommes. Il délimite même l'aire de leurs rapports sociaux libres qui sont soumis à la servitude de la « distance sociale », laquelle est, pour reprendre la définition de Mac Iver « l'obstacle aux relations libres entre individus qui naît de leur appartenance à des groupes regardés comme supérieurs et inférieurs »  20 .

65 Après la transition des règles édictées par le groupe fort et de la contrainte des institutions non sanctionnée par la loi, nous abordons un autre ordre de conditions et de causes de l'action humaine.

66 Une notable partie de ces actions ne comporte pas de choix. Le fait de se rendre chaque jour au lieu de son travail ou de prendre les repas habituels de la journée, inclut une telle part d'automaticité que la pensée peut presque complètement en être libérée. Les choses ne changent que si un incident vient rompre la routine quotidienne.

67 L'automatisation est d'ailleurs un moyen de toute éducation. Nous y reviendrons.

68 Autre aspect – négatif celui-là – de l'absence de choix dans les actions humaines. L'homme qui se dit, se croit et, ajoutons-nous, est jugé par son milieu, le plus indépendant de caractère, ne se permettra pas de se rendre régulièrement à son travail – supposé, bien entendu, qu'il s'agisse d'un travail se déroulant dans un milieu social – en costume insolite : disons en chlamyde à la grecque, avec des sandales. Il y a, dans chaque milieu, les choses « qui se font » et celles « qui ne se font pas » : l'obligation ou l'interdiction est plus ou moins rigoureuse ; elle tend à l'instauration progressive ou au relâchement qui annonce la désuétude. Certaines créent des automatismes conscients, comme le serrement des mains ou le salut dans certains milieux. Il y a la coutume et il y a la mode. Il y a les formes qui s'imposent à certains actes. Le langage courant dit que telle chose a été faite « dans les formes » ou non. Voilà une expression qui porte loin au point de vue sociologique.

  • 21 . Le langage semble bien, ainsi que le montre l'école fonctionnelle, être lié au fait de la communi (...)

69 Au-delà des convenances il y a les symboles, cette algèbre sociale, ces signes, qui ont la même signification tacite pour tout un milieu. Le langage par lui-même impose à l'esprit une structure de raisonnement, des images, des significations, des relations entre les choses, des clichés, qui sont en fait jugements de valeur collectifs. C'est parfaitement évident pour les formules, par exemple de politesse. Que dire des clichés descriptifs de la nature et des figures de style qui parviennent à remplir des traités ?  21

70 Quand le milieu est homogène, « ce qui se fait » et « ce qui ne se fait pas » est pratiquement et automatiquement respecté par tous. Quand le milieu est hétérogène et complexe, s'entrecroise, comporte des groupes multiples avec des membres communs, ces obligations et interdictions sont plus nuancées. Il n'empêche que sur l'action de chacun elles se traduisent par une « pression sociale » plus ou moins impérative, mais réelle.

  • 22 . GURVITCH G., Essais de Sociologie : Les formes de la sociabilité . Paris, Recueil Sirey. 1939, p.  (...)

71 Ici notons avec G. Gurvitch que plus le social est intense et fort, moins il est oppressif et extérieur  22 . Dans ce cas, en effet, l'aspiration individuelle vient se confondre dans l'impératif social. Le processus de l'éducation tend à intérioriser la contrainte sociale de manière à intégrer la fonction de contrôle social à l'individu et à transformer la contrainte extérieure en self control .

  • 23 . DÜRCKHEIM E., "La conception matérialiste de l'histoire – Une analyse critique de l'ouvrage d'Ant (...)

72 L'intériorisation peut être si complète que l'influence sociale n'est plus ressentie comme telle par l'individu qui en reste inconscient ; ignorant la source de certaines de ses actions il en rationalise les motifs sur le plan subjectif. C'est dans ce sens que Dürckheim, dans un compte rendu du livre de Labriola relatif à la "Conception matérialiste de l'Histoire"  23 pouvait déclarer féconde « cette idée que la vie sociale doit s'expliquer non par la conception que s'en font ceux qui y participent mais par des causes profondes qui échappent à la conscience ».

73 Soulignons que dans les sociétés modernes complexes, la pression sociale a, pour chaque individu, autant de sources que de groupes, institutionnalisés ou non, auxquels il appartient en fait ou par choix personnel.

24 . Dupréel E., Sociologie générale , op. cit. , p. 118 et ss.

  • 25 . Dans les sociétés totalitaires modernes, le pluralisme des groupes n'a plus qu'une valeur techniq (...)

74 C'est ici que seront précieuses les analyses dupréeliennes au sujet de l'action des groupes sur les individus. Importante est la constatation, en effet, selon laquelle la participation au groupe en rend les membres plus semblables entre eux  24 . Ajoutons que chaque groupe, au moins implicitement, offre à cette homogénéisation un « modèle culturel »  25 .

75 Nous entendons bien que l'on va opposer à la thèse de la « pression sociale » de nombreux exemples de non-conformisme. Et en effet, il est, dans les groupes sociaux, des « survenants » dont la force sociale ne parvient à s'accroître que par des manifestations, généralement collectives, de non-conformisme. Mais ici, nous devançons l'analyse du jeu de la force sociale (voir p. 379). Toutefois, dans un tel « non-conformisme », il y a très souvent un conformisme rigoureux : c'est, par exemple, la loi du snobisme et des « styles révolutionnaires », Leur rigueur est nécessaire pour qu'ils s'affirment.

76 Anticipons ici sur notre analyse des rôles sociaux (voir pp. 369 et 370). Dans beaucoup de groupes, il y a une place pour des rôles non-conformistes, cependant strictement limités, dans le sens où les bouffons pouvaient manquer au respect du Prince. Il y a là un phénomène social profond, qui mériterait une analyse spéciale. Il conviendrait de le rapprocher de faits comme les Saturnales de la Rome antique : tout se passe comme si les schémas psychanalytiques pouvaient s'appliquer au collectif.

77 L'ordre de phénomènes que nous venons d'évoquer a donné lieu à des analyses convergentes de nombreux sociologues d'écoles fort diverses. Sans doute, ces analyses se réfèrent-elles à des aspects parfois très différents de ces phénomènes, mais ce qui compte, c'est leur concordance générale. Il est particulièrement intéressant de noter comment les sociologues les qualifient. Lee Bernard, sociologue américain, reconnaît des « systèmes de signification » élaborés par le corps social. Remarquons que même si, en fait, les perceptions subjectives des individus sont différentes les unes des autres, ce qui importe au point de vue social objectif, c'est que les images portées par le « véhicule » standardisé du langage soient suffisamment semblables pour conduire à des réactions attendues.

  • 26 . Pour la bibliographie relative aux phénomènes de contrôle social, cf. C uvillier A., Manuel de Soc (...)

78 Déjà Auguste Comte parlait de « consensus social », amorce de ce genre de conceptions. O. Litterer, encore un Américain, crée le terme « stéréotypes ». Charles Blondel emploie le terme « clichés affectifs ». Espinas, un autre Français, lance l'expression « moules préétablis », tandis que Lévy-Bruhl parle de « pré-liaisons ». Dürckheim use de l'expression « représentations collectives » beaucoup plus large dans son acception. Dans le même ordre d'idées, on relèverait les « formes sociales d'interaction » de Simmel et la notion de « comportement collectif » du sociologue américain Park. F. E. Lumley intitule d'une manière caractéristique une étude : " Slogans as means of social control " (1921). Beaucoup de sociologues américains emploient le mot pattern (patron) pour exprimer que nos actes et représentations se conforment en grand nombre à des « patrons sociaux » ou « formes sociales »; citons Thomas, Znaniecki, Chapin, Ruth Benedict, R. MacIver, J. M. Blackburn, E. Sapir. Ils parlent fréquemment de « patrons de culture » ou de « civilisation »  26 .

27 . LEVY-BRUHL L., "Histoire et bergsonisme" in Revue de Synthèse , tome 60, 1945, pp. 141-149.

28 . ZNANIECKI F., The social role of the man of knowledge , New York, Columbia University Press, 1940.

79 Lévy-Bruhl relève que la cause des inventions réside moins dans l'initiative propre de l'inventeur que dans la société dont il exprime la tendance ou satisfait le besoin  27 . Znaniecki soutient que la connaissance scientifique est en partie fonction de la situation sociale des chercheurs et de l' « attente du public »  28 .

  • 29 . Karl Mannheim a pu écrire : « Il y a des modes de pensées qu'on ne peut vraiment pas comprendre t (...)

80 Ici ajoutons une remarque capitale faite par Ernest W. Burgess au sujet de la recherche en matière sociale : le chercheur ne fait pas qu'observer sa société , il en est le produit. Il projette plus ou moins consciemment sur ses études les valeurs et les préjugés qui lui viennent du milieu qui l'a formé. L'équation personnelle du chercheur serait presque impossible à dominer dans les sciences sociales  29 . Au fond c'est une question de méthode et les faits démontrent que l'objectivité peut être atteinte en sciences sociales, mais des précautions particulières sont indispensables.

81 On peut aussi rapprocher des « formes » de la pression sociale les « archétypes » de Jung, qui sont les images ancestrales constitutives de l'« inconscient collectif » ; la psychanalyse est ici considérée d'un point de vue social.

  • 30 FARIS E., The nature of human nature , Londres, MacGraw-Hill Publications in Sociology, 1937, p. 279 (...)

82 Ellsworth Faris souligne la force irrésistible de certains « modèles culturels » même en opposition avec des instincts ou des impulsions jugés fondamentaux, tels que l'instinct de conservation, la faim, le désir sexuel, la défense de l'intégrité physique ; des modèles culturels, en effet, aboutissent normalement à obtenir des membres de certains groupes sociaux, la mort volontaire, des mutilations volontaires, le célibat, l'abstinence sexuelle et le jeûne volontaire  30 .

  • 31 . VON WIESE L., " Beziehungssoziologie " , in Vierkandt A. (Hrsg.) , Handwörterbuch der Soziologie , Stu (...)

32 . HALBWACHS M., Les cadres sociaux de la mémoire , Paris, Éditions Alcan, 1925.

83 Von Wiese insiste sur la notion d'« étalons du groupe » (ce qui signifie « échelle conventionnelle de valeurs »)  31 , Halbwachs, de l'école française, montre que la mémoire a des « cadres sociaux »  32 .

  • 33 . PARSONS T., "La Théorie sociologique systématique et ses perspectives", in GURVITCH G., La sociol (...)

84 Talcott Parsons prend comme l'une des bases de sa théorie sociologique systématique le point de vue suivant « l'aspect essentiel de la structure sociale repose sur un système d'attentes normatives définissant le comportement approprié de personnes jouant certains rôles – nous reviendrons sur ce point –, expectations renforcées à la fois par les mobiles positifs individuels poussant au conformisme, et par les sanctions des autres »  33 .

85 On demande souvent si la sociologie générale est arrivée à dégager, comme les sciences de la nature, des vérités scientifiquement admises. Nous pensons que les études convergentes que nous venons de citer permettent de conclure à la réalité de la « pression sociale » et en apportent, dans leur superposition, une analyse générale et une définition satisfaisantes. Ce qui manque encore d'essentiel – reconnaissons-le – en ce domaine, c'est une terminologie conventionnellement admise.

34 . Revue internationale de sociologie (Janvier-février 1928), pp. 2-3.

86 Quoi qu'il en soit, nous retenons que la pression du milieu social est cause de nombreuses actions humaines, qu'elle crée dans le domaine de ces actions des automatismes conscients et, dans des cas certainement très nombreux, donne à des actions dictées par d'autres causes, une « forme » qui les socialise en quelque sorte, les rend assimilables par le groupe social et les y pourvoit d'une signification. Duprat a dressé un remarquable tableau des formes multiples de contraintes sociales  34 .

  • 35 . GURVITCH G., La sociologie au XX e siècle , op. cit. , vol. 1, p. 273. De plus, en français, l'expre (...)

87 Nous avons utilisé l'expression « pression sociale » là où de nombreux sociologues ont adopté les termes de « contrôle social ». Mais l'acception varie sérieusement des uns aux autres ; d'autre part l'appellation est d'origine anglo-saxonne  : or social control signifie « domination » ou « pouvoir » social, alors que « contrôle social » devait signifier en français « vérification » ou « surveillance » sociale. Il y a là une équivoque terminologique, déjà reconnue par G. Gurvitch, et une source de malentendus  35 . Même dans son acception anglo-saxonne nous trouvons l'expression inadéquate : le « pouvoir » social ne recouvre pas certains aspects marginaux du phénomène considéré ; la « pression sociale », avec ou sans pouvoir réel, avec ou sans réelle domination comme dans le cas des « potins » et « commérages » même non malveillants, exprime beaucoup mieux le sens du phénomène et son étendue : une « pression », non toujours un « pouvoir », une « domination ».

36 . GURVITCH G., La sociologie au XX e siècle , op. cit. , pp. 271-301.

37 . Ibid. , p. 297.

88 Ceci dit, rappelons que l'analyse du « contrôle social » a été faite par plusieurs sociologues américains – parmi les plus marquants – qui lui ont consacré des études très fouillées. Il y a notamment E. A. Ross ( Social Control A survey of the Foundations of Order , New York, Macmillan Publishing Company, 1901) ; W.G. Sumner ( Folkways. A Study of the Sociological Importance of Usages, Manners, Customs, Mores, and Morals , Boston, Ginn and Company Publishing, 1906 ; avec A.G. Keller: The Science of Society , New Haven, Yale University Press, 1927) ; F.M. Giddings ( The scientific study of Human Society , Chapel Hill, The University of North Carolina Press, 1924) ; Ch. Horton Cooley ( Social Process , New York, Charles Scribner's Sons Publishing, 1918; 2° éd. 1927) ; .P.E. Lumley ( Means of Social Control , New York, Century Publishing Company, 1925) ; Jerome Dowd ( Control in Human Societies , New York, D. Appleton-Century Publishing Company, 1936) ; L.L. Bernard ( Social Control in its sociological aspects , New York, The Macmillan Publishing Company, 1939) ; Paul H. Landis ( Social Control; Social Organization and Disorganization in Process , Chicago, Lippincott Publishing, 1939). Ajoutons à cette liste G. Gurvitch dans son étude "Le Contrôle social"  36 . Sans l'adopter comme nôtre pour la « pression sociale », nous citons la définition de Gurvitch  37 pour donner une idée globale du phénomène sous son aspect fonctionnel : « Le contrôle social peut être défini comme l'ensemble des modèles culturels, des symboles sociaux, des significations collectives, des valeurs, des idées et des idéaux, aussi bien que des actes et des processus qui les saisissent et les appliquent et par lesquels chaque société globale, chaque groupe particulier, chaque forme de sociabilité et chaque membre participant, surmontent des antinomies, des tensions et des conflits qui leur sont propres, par des équilibres temporaires et instables, en trouvant ainsi des points de repère pour des efforts nouveaux de création collective ».

89 Sans nier ce rôle de la pression sociale, nous croyons qu'elle tend surtout à conserver dans le groupe social des types d'action spécifiques au groupe; celui-ci, en effet, ne peut se maintenir que par différenciation avec les autres groupes et en assurant la répétition des actions qui tendent à la réalisation de son objet. Surmonter des antinomies, des déséquilibres et des conflits, n'est qu'un aspect particulier d'une tendance générale.

90 Il y a une forme de pression sociale à classer à part. C'est la propagande, Elle n'est pas, en effet, une forme naturelle de l'action des groupes. C'est une technique appliquée consciemment et systématiquement en vue d'exercer une pression psychologique sur les individus d'un groupe déterminé. L'action émane soit d'un autre groupe, soit du « noyau » du groupe auquel la propagande est appliquée, soit d'un sous-groupe de ce dernier. Elle vise naturellement à réaliser des fins choisies par ses auteurs.

91 Après la guerre 1914-18, ce procédé d'action sociale, utilisé d'une manière sporadique et peu systématique jusqu'alors, fut mis en œuvre avec une ampleur qui en a fait un facteur primordial de l'évolution sociale.

92 D'une manière générale, la sociologie ne semble pas avoir perçu l'importance du phénomène. En effet, ce facteur, lorsqu'il émane de certaines formes d'États, développe des effets analogues à ceux que l'interventionnisme a eus sur l'Économie politique : ce qu'il y a de vrai dans le jeu des lois dites naturelles en économie, fut remis en cause par les conséquences issues de certaines formes modernes du dirigisme. De même, le phénomène de propagande, sous sa forme extrême, apporte une perturbation aussi certaine dans le domaine de la psychologie sociale et donc de la Sociologie. Cette perturbation est analogue à celle qui serait apportée en démographie si le groupe fort appliquait sur le plan social, à grande échelle, des techniques telles que l'insémination artificielle, la stérilisation et la génétique systématique.

93 À cet égard, il est assez caractéristique que le Manuel de Sociologie (publié en 1950) de Cuvillier, qui est par ailleurs réellement exhaustif et n'ignore pas la propagande dont il est fait état notamment à propos des phénomènes de foule et d'opinion, ne reprenne pas dans son « lexique des principaux concepts », celui de propagande. Il est significatif que le tableau si complet des contraintes sociales élaboré par Duprat (cf. p. 19, n. 4) ne contienne le mot propagande que dans une énumération de moyens techniques parmi d'autres, en petits caractères. Et cependant, le tableau comprend tous les facteurs composants de la propagande, tels que « exemple obsédant », « fascination », « affirmation », « publicité », « réclame », « action des meneurs et des suivants », « entraînement », « exaltation », « fanatisme », « contagion morale », « presse », « art oratoire », « exigences des factions », etc... ; le caractère spécial du phénomène de la propagande ne paraît pas avoir été saisi.

38 . LUMLEY F. E., The propaganda menace , New York-London, The Century Publishing Company, 1933.

  • 39 WARNOTTE D., "Contribution à la Sociologie de temps présent (sociologie, politique et histoire)" in (...)

94 Par contre le professeur américain Lumley a publié une étude intitulée The propaganda menace  38 largement commentée par notre regretté Daniel Warnotte dans son rapport présenté au XII e Congrès de l'Institut international de Sociologie (Bruxelles, août 1935)  39 .

95 Rappelons que Lumley, qui a publié en 1928 des Principles of Sociology , est un spécialiste des questions relatives à la « suggestion » sociale. Dès 1921, il intitule un ouvrage : Slogans as means of social control . Et en 1925, il publie un nouveau livre dans ce cadre de préoccupations : Means of social control .

96 Warnotte, lui-même, dégage après Lumley les aspects psychologiques internes de la persuasion par la propagande. L'homme n'a que deux sources d'information : son expérience personnelle et celle communiquée par autrui. Dans la majorité des cas, cette dernière ne peut être soumise à vérification : en conséquence, la crédibilité des communications réside entièrement dans la confiance qu'inspire l'auteur de la communication.

97 Une affirmation de Ford relativement à l'automobile, porte – indépendamment de son contenu – plus de valeur persuasive, que celle, relative au même objet, d'un petit commerçant en denrées alimentaires.

98 Toutefois, l'auteur – même peu connu – d'une communication jouira d'un préjugé favorable si sa communication s'insère dans le cadre de quelque « système de signification », « pré liaison » ou « structure de connaissance » que nous avons dans l'esprit. La propagande a pris ces constatations comme point de départ. Elle s'appuie notamment sur le prestige de la science instillé dans les esprits depuis le XIX e siècle et sur la culture « scientifique » très superficielle que possèdent les masses, en conséquence de l'instruction généralisée et de la diffusion de la presse. Détournant la science de ses fins et en altérant les résultats, la propagande répand des idées que les esprits sont prêts à accueillir : de là ses « arguments » racistes, historiques, linguistiques et sociologiques.

99 Si de tels arguments flattent en outre les intérêts de groupes, menacés par une crise économique, sociale et politique, s'ils justifient des tendances profondes (du genre des archétypes sociaux de Jung) et rallument leur flamme, ils ont toute chance d'être acceptés par la masse. À une condition toutefois, c'est que celle-ci soit soumise à une incubation psychique – de caractère irrationnel – qui ne se relâche point.

40 . Dupréel E., Sociologie générale , op. cit. , p.76.

100 Lumley montre que l'individu, dans les grandes agglomérations urbaines, vit une large partie de son temps hors des groupes auxquels il appartient, pour être mêlé à la foule : foule des moyens de transport, foule des rues, foule des lieux de spectacle et de sport. C'est là qu'il est le plus accessible aux moyens de la propagande. À cet égard citons Eugène Dupréel : « on pourrait dire que l'individu plus près de ses semblables, est (dans la foule) cependant plus isolé. Le contact déclenche donc des réactions instinctives que rien ne réfrène ; une sorte d'épiderme fait défaut, ce qui nous laisse une sensibilité d'écorché »  40 .

101 La foule contribue, en effet, à nous dégager de la « pression sociale » des groupes auxquels nous participons. C'est là que nous sommes le plus « à portée » de la propagande. Celle-ci doit augmenter sa « crédibilité » par sa valeur esthétique (le « goût du jour ») et par la précision de ses images ; la beauté et la netteté de la « présentation » effacent la confusion et le caractère sordide du contenu intellectuel.

102 La propagande doit être autant que possible concrète, pour être en même temps, par elle-même, un témoignage ; de là le rôle qu'y jouent la photographie et le cinéma. L'image « réelle » (une photographie) de quelques personnes en même temps sympathiques et enthousiastes pour l'idée défendue par la propagande, est un témoignage visuel de la force convaincante de celle-ci ; l'individu ne songe pas à établir des rapports numériques : l'image cinématographique d'une foule de 10.000 personnes assistant à un meeting impressionne vivement, bien que la ville où le meeting a eu lieu puisse compter des millions d'habitants.

103 Tous les principes techniques de la propagande idéologique dérivent de la mise au point, d'abord empirique et, ensuite, scientifique, de la publicité commerciale dont l'influence sur le marché est évidente. Tel apéritif, hier inconnu et pas meilleur qu'un autre, est aujourd'hui demandé partout, uniquement à cause d'une publicité commerciale massive.

104 On voit que la propagande idéologique et commerciale est une forme particulière de « pression sociale » qui agit sur les attitudes et la manière de vivre des individus ; elle leur impose par « suggestion » des choix, souvent malgré eux.

105 Cette technique constitue un immense danger pour la démocratie et l'un des maîtres-moyens d'instituer et de maintenir des étatismes totalitaires. En somme, par l'incubation psychique qu'elle crée, la propagande tend à ramener les psychologies individuelles à l'homogénéité primitive. Sans doute, elle intériorise la pression sociale et aboutit ainsi à identifier à celle-ci les aspirations individuelles. Mais elle rétrécit la marge des choix conscients chez l'individu. Interdisons-nous ici de porter un jugement de valeur sur cet aspect du phénomène. Il nous sera cependant permis de noter que la destinée humaine s'y trouve engagée.

106 Parmi les actes automatisés ou répétés consciemment sans choix, il en est dont la cause réside dans un libre choix antérieur. En effet, l'un des processus les plus évidents de l'adaptation individuelle au milieu consiste à créer en soi-même des automatismes ou des répétitions d'actes conscients, propres à assurer une insertion heureuse dans l'ordre social.

107 L'individu se forme, à mesure que des choix d'actions se présentent à lui, une manière de « code personnel ». Il s'agit du point de vue individuel, de valeurs acceptées, correspondant, dans la pratique sociale, à des réactions qui deviennent avec le temps de plus en plus automatiques ou immédiates. Ainsi donc, la cause de nombreuses actions réside dans des choix antérieurs : l'automatisation et l'immédiateté qui en résultent dans l'action, deviennent à leur tour cause pour tous les cas similaires ultérieurs ; c'est donc, à ce stade, une cause où la volonté de l'individu n'intervient pas. Ce que nous appellerons les « choix surmontés » finit par constituer une manière de bagage de réactions « données », d'attitudes « préexistantes » pour chaque individu. Si l'on ajoute que la pression sociale joue en faveur de la « cohérence » des attitudes de chaque membre du groupe et favorise donc un processus d' auto-imitation , nous voyons que même l'acte du choix s'encadre, à des multiples occasions de la vie, dans la partie de l'action de l'homme qui se développe en fonction du social. Cette cohérence, demandée et favorisée par le milieu social, fait que les attitudes qui en résultent sont conditionnées par les attitudes de l'individu dans le passé. Ainsi chacun se fait – plus ou moins consciemment – dans la vie sociale un « personnage » et y joue un « rôle » dont le texte et les jeux de scène sont « attendus » par le milieu. Prenons un exemple familier : quand Kamiel Huysmans intervient dans un entretien, on attend de lui un aphorisme cynique à l'emporte-pièce, paradoxal dans la forme mais frappé au coin du bon sens quant au fond. Et sans doute se croit-il quelque peu obligé d'en fournir un. Ce n'est pas par simple hasard que le mot « personne » dérive de persona , mot latin signifiant étymologiquement « amplificateur du son », désignant le masque de théâtre qui représentait dans le drame antique, un personnage stéréotypé. La cohérence d'ailleurs – Eugène Dupréel l'a clairement montré dans son Traité de Morale  – est en soi, une « valeur morale » reconnue par la société. On y retrouve la notion de « fermeté de caractère » si universellement appréciée que, trouvée chez un malfaiteur cohérent dans son code antisocial, elle fait un thème fréquent de la littérature, du théâtre et du cinéma. Dans la vie chacun finit par jouer son rôle et ce rôle devient pour l'action de l'individu un pattern , une « forme », dont la nature sociale est bien évidente. Ce rôle comporte des variantes importantes selon les groupes où est inséré l'individu ; on peut même dire que celui-ci dans la majorité des cas est titulaire de plusieurs rôles, mais dans un seul « emploi » au sens de la technique théâtrale. Ces rôles sont formés de l'accumulation de choix « surmontés » par l'individu, choix qui, avec le temps, deviennent de plus en plus limités à mesure que « l'emploi » de l'individu se définit mieux. L'individu finit par savoir que, dans telle circonstance donnée, on « attend » de lui telle réaction ou tel type de réaction.

108 Remarquons que certains petits groupes d'hommes, groupes permanents et consistants, ont dans la civilisation occidentale en tout cas, un « style » qui se caractérise par l'existence de divers rôles dont au moins quelques-uns doivent être tenus par des participants pour que le groupe prenne aux yeux de ses membres sa pleine valeur. L'escadrille d'aviateurs, l'équipe de pionniers, la classe d'internat « attendent » que certains rôles soient joués le « cabochard », le « philosophe », 1'« ancien, vieux de la vieille », le « bleu attardé », le « dur au cœur d'or », etc. Ces rôles ont chacun leurs jeux de scène et leur type de texte. Ceux qui les prennent, subissent, dès lors, une « pression sociale » qui assure leur cohérence psychologique et leur auto-imitation. Il y a donc des « cadres psychologiques sociaux » dans chaque milieu : les hommes s'y insèrent et leurs actions en sont dès lors dépendantes. Quel type, dit-on, de quelqu'un… Il s'agit d'un homme qui a bien composé et bien appris son rôle. Il n'est pas toujours si facile de s'y tenir ; ce rôle est souvent une prison psychologique, mais c'est une source de force sociale pour l'acteur.

  • 41 . Cité dans : GURVITCH G., La sociologie au XX e siècle , op. cit. , volume 1, "Théorie sociologique s (...)

42 . LINTON R., Study of Man , New York, Appleton Century Publishing Company, 1936, chapitre 8.

  • 43 . MACIVER R. M., Causalité sociale et transformations sociales , cité dans GURVITCH G., La sociologi (...)

109 Selon Talcott Parsons dans l'étude que nous avons déjà citée  41  : « Le rôle est un concept qui relie l'agent en tant qu'unité psychologique de comportement à la structure proprement sociale ». Et celle-ci n'est qu'« un système de relations modèles entre des agents capables de jouer des rôles les uns à l'égard des autres ». Ralph Linton a appliqué spécialement cette conception à sa Study of Man  42 . Il montre que dans un système d'actions sociales, l'individu ne participe pas aux relations en y mettant toute sa personne : il n'y consacre qu'un aspect limité et différencié qui ne forme qu'un « secteur » de son action totale. En d'autres termes, ceci confirme que dans une société complexe, l'individu tient plusieurs rôles différents dans des structures différentes. Pour MacIver  43 , il s'agit d'un « système de valeurs incorporé dans la personnalité et qui trouve son expression partielle, variable et se présentant sous tel ou tel aspect, dans la suite des comportements ».

110 Jusqu'ici, nous avons pris l'homme dans la société comme un « donné », qui, au moment considéré, réagit au milieu. Ce milieu se décompose en facteurs naturels transformés cumulativement à l'intervention des générations humaines antérieures et en hommes vivants qui sont réunis en groupes sociaux.

111 Mais déjà notre analyse des « choix surmontés » et des « rôles sociaux », montre que ces réactions ne résultent pas de causes individuelles premières, de « motifs », mais sont elles-mêmes la conséquence des réactions antérieures de l'individu, comme le sens commun s'en serait d'ailleurs douté.

112 Voyons à présent comment l'action de l'individu se trouve être déterminée, d'une manière générale, par le passé biologique : l'individu n'est pas, en effet, un « donné » ; il n'est pas premier. Il est issu biologiquement d'ancêtres et, dès sa naissance, a subi la formation de l'éducation familiale et, ensuite, de l'éducation scolaire, ainsi que la « pression sociale » qui revêt évidemment des aspects particuliers à l'égard des « jeunes » c'est-à-dire des « survenants ». Remarquons que l'on est « survenant » au cours de sa vie, chaque fois que l'on entre dans un groupe social nouveau : mais les groupes où un homme doit entrer normalement selon les habitudes d'un milieu social déterminé, deviennent de moins en moins nombreux avec l'âge. Dans la société, l'individu perd progressivement son caractère de « survenant » pour devenir un homme « installé ».

113 La question qui se pose d'abord est la suivante : qu'apporte le nouveau-né comme facteurs psychologiques innés qui agissent sur son comportement dans la vie? Ou encore quelle est l'influence de l'hérédité sur le comportement humain ?

114 La transmission héréditaire de certains traits somatiques particuliers est un fait. Mais l'homme hérite-t-il biologiquement d'impulsions, de tendances, d'inclinations, de résidus, d'instincts qui, inscrits dans sa psychologie, dicteraient certains de ses actes d'une manière automatique ou, du moins, dans certains domaines, pèseraient sur son action et l'orienteraient dans une direction prédéterminée ?

115 Une réponse affirmative à cette question a été donnée par de nombreuses théories dites instinctives ou qui expliquent l'action humaine par des facteurs biopsychologiques auxquelles on peut annexer la théorie des « résidus » de Vilfredo Pareto.

116 D'abord, constatons que la définition de l'instinct, mis à part le caractère de transmission héréditaire, n'a jamais été formulée de façon vraiment satisfaisante.

117 On parle d'instinct de conservation, mais n'est-ce pas un caractère propre à tout organisme vivant d'essayer, avant tout, de rester en vie ? Ce prétendu instinct se traduirait aussi bien dans la mouche qui se débat frénétiquement au milieu d'une toile d'araignée que dans l'homme qui, menacé de noyade, se débat dans un cours d'eau. On parle d'instinct sexuel, mais ne faut-il pas plutôt assimiler la tendance qu'il exprime à un besoin physiologique, tel que la faim ? Va-t-on cataloguer la faim parmi les instincts transmis héréditairement ?

118 Sans doute constate-t-on dans certaines familles que les hommes de deux ou trois générations successives y ont, non seulement, par exemple, le nez busqué et le menton court et droit, mais que certains traits psychologiques leur sont communs, par exemple, une propension à la dissipation des biens, une tournure d'esprit ironique, le goût du risque, de la dureté envers les inférieurs, de la désinvolture à l'égard des femmes, certaines façons de réagir aux mêmes événements. Oui, mais comment montrer que ces traits psychologiques n'ont pas été implantés par le milieu, par l'éducation, par un souci de cohérence et de fierté des descendants, par le désir de forger une tradition ? Du moins, comment séparer l'acquis de l'inné ? Il faudrait, pour trancher la question, agir expérimentalement sur un grand nombre de cas, en séparant radicalement des enfants de leurs parents depuis la naissance jusqu'à l'âge de la maturité et en étudiant systématiquement avec précision les réactions des parents aussi bien que celles des enfants ; les résultats devraient, dans la mesure du possible, être traduits en statistiques. C'est que la matière humaine ne peut que très rarement être mise dans les conditions de l'expérience : les sciences sociales ne peuvent être expérimentales, elles sont essentiellement d'observation et, dans certains cas, celle-ci ne peut se faire d'une manière adéquate aux problèmes posés.

119 En tout cas, il n'y a pas de transmission assurée, puisque tant de fils ne paraissent rien avoir des traits de caractère de leurs ascendants connus. Je dis « ne paraissent », parce que certains traits peuvent trouver psychologiquement des traductions multiples, voire apparemment divergentes, quant à leurs effets dans le domaine de l'action. La science n'a pas encore tiré tout cela au clair, bien que beaucoup de psychologues y aient consacré leurs efforts...

  • 44 . Voir le livre tout récent de CUÉNOT L., L'évolution biologique : les faits, les incertitudes , Par (...)

120 Il y a un fait quantitatif qui montre que la transmission d'une manière pure de traits héréditaires est généralement improbable. Selon l'opinion vulgaire chacun de nous remonte à un couple d'ascendants identifiables à quelque époque : tel se vante de remonter à tel ancêtre illustre plus ou moins ancien (certains vont jusqu'aux Croisades). La coutume des arbres généalogiques donne, en effet, l'impression que d'un couple originel comme d'un tronc, s'épanouissent, par branches, les descendants. Il est assez normal d'imaginer que ce soit toujours la même sève – disons le même sang – qui alimente les rameaux et y infuse ses qualités. Or, en fait, les arbres généalogiques décrivent symboliquement des transmissions de noms et de droits ; ils ne sont pas une image biologique adéquate. Les faits sont précisément inverses, ce n'est pas un couple du siècle de Louis XIV qui finit par compter de nombreux descendants en 1950, mais un individu d'aujourd'hui compte à coup sûr au Grand Siècle, de l'ordre de 1.000 ancêtres. En effet, cet individu a 2 géniteurs, qui en eurent 4, lesquels en eurent 8, lesquels en eurent 16 et ainsi de suite, ce qui fait 1.024 à la 10 e couche d'ascendants, au siècle de Louis XIV. C'est que les arbres généalogiques omettent l'ascendance de tous les conjoints par alliance. Bien entendu, les branches s'entrecroisent à l'envi puisque la population était beaucoup moins nombreuse en 1700 qu'à présent. Dans un tel mélange, les caractères psychologiques et ce dans la mesure certaine, mais imprécisée , où ils se transmettent, doivent se combiner, se neutraliser, interférer les uns avec les autres. L'image généalogique n'est pas celle d'un arbre, mais d'un fleuve aux innombrables affluents ; l'eau en charrie les alluvions les plus diverses. Si la génétique permet de dégager certaines conclusions purement biologiques  44 , il est loin d'en être ainsi au point de vue psychologique.

121 Autre aspect, la tendance humaine à l'imitation est un fait, dès l'enfance. Est-ce à dire qu'elle soit donnée par l'hérédité ? Non car tout le principe de l'éducation, dès le plus jeune âge, consiste en une pression de tous les instants pour que l'enfant imite ses aînés. Dès l'origine, l'enfant s'aperçoit que l'imitation réussie entraîne les avantages de l'approbation et que la différenciation délibérée ou le refus d'imiter entraînent répression, privation (quand ce ne serait que de tendresse) et pleurs. L'imitation ne serait-elle pas acquise intégralement par le milieu, par la « pression sociale » ? N'est-elle pas le processus même de l'adaptation au milieu social ?

122 Évidemment, il serait audacieux et disons-le, même erroné, d'affirmer que toute part de transmission héréditaire de traits mentaux doive être exclue. On pourrait même – dans un esprit évolutionniste – avancer l'hypothèse selon laquelle un instinct tel que celui d'imitation serait d'origine sociale mais progressivement inscrit dans l'espèce et à la longue transmis par l'hérédité. Dans l'état actuel de la science, il ne paraît pas possible de trancher.

123 Ajoutons que les explications fournies par les théories instinctives sont pauvres.

45 . Voir : C uvillier A., Manuel de Sociologie , op. cit ., p.125.

124 En quoi importe, par exemple, de postuler – fût-ce vrai – un instinct d'acquisition ? Cela n'explique en rien pourquoi les formes de la propriété sont si différentes dans l'espace et dans le temps et comment elles évoluent. Or c'est cela justement qui importe à la sociologie  45 .

125 Il y a plus grave. L'explication instinctive constitue trop souvent une pétition de principe. L'homme, dans le temps et dans l'espace, révèle-t-il généralement une propension à la religion, c'est donc qu'il a un instinct religieux. La proposition revient au fond à ceci : « L'homme est un être religieux parce qu'il a un instinct religieux ». De même, l'homme imite ses semblables ; il a donc un instinct d'imitation. Et ainsi de suite. Opium facit dormire quia est in eo virtus dormitiva cujus est natura sensus assupire . Nous ne sommes pas plus avancés que le médecin de Molière...

126 Comment s'étonner dès lors que les théoriciens de l'instinct donnent les nomenclatures les plus diverses des tendances instinctives ? Si Mac Dougall a élaboré la théorie instinctive la plus classique au point de vue de la psychologie sociale, on en trouve beaucoup d'autres qu'il serait trop long d'énumérer. Et ceci sans compter des sociologies de type nettement instinctif mais qui s'avouent moins ouvertement, telle la théorie des « résidus » de Vilfredo Pareto ou celle des «  four wishes  » de W. I. Thomas.

127 Que faut-il retenir de tout cela ?

128 Il y a un fait : de même que l'homme a des caractères somatiques propres à son espèce, il est un être social. La préhistoire, l'histoire, l'ethnologie, l'observation de tous les donnés humains dont dispose la science, concordent à affirmer que l'être humain, de même que, par exemple, les fourmis, vit en société. Il est évident que sa psychologie doit nécessairement être en harmonie avec ce donné et qu'ainsi elle doit se transmettre de génération à génération, comme les caractères somatiques spécifiques. Ce qui est héréditaire, ce qui est « donné » dès la naissance, c'est un état psychique propre à assimiler le comportement adaptatif à la vie en groupe . Cela c'est le minimum philosophiquement nécessaire. Nous pouvons accepter aussi comme très probable que cet état psychique ne reste pas fixe dans le temps et que des phénomènes analogues à ceux de la préadaptation et de la coaptation si bien analysés par Lucien Cuénot pour l'évolution biologique, doivent jouer en matière psychique. Veut-on qualifier d'instinctive la tendance psychique héréditaire à l'adaptation sociale? Nous pensons que l'appellation est adéquate. Veut-on ajouter qu'elle doit comporter une part de prédétermination dans les inclinations fondamentales à l'agrégation, à la sympathie, et à l'imitation ? Nous y acquiesçons comme à une quasi-certitude, mais sur ce terrain, il sera naturellement impossible de séparer l'inné de l'acquis par l'éducation et par la pression sociale.

  • 46 . Buehler C., "The social behaviour of Children", in MURCHISON C. (éd.), Handbook of Child Psycholo (...)
  • 47 . Cf. WOODARD J. W., "Psychologie sociale", in GURVITCH G., La sociologie au XX e siècle , op. cit. , (...)

129 Cette position générale qui tend à limiter strictement la valeur de la théorie de la transmission de caractères psychologiques héréditaires ne signifie pas que les nouveaux-nés n'aient pas de caractères innés particuliers  ; ils ne constituent pas, en effet, des unités psychologiques semblables , ce qui devrait être le cas s'ils n'héritaient que de dispositions générales propres à l'humanité ou même à des groupes ethniques particuliers. Des études convaincantes, notamment celles de C. Buehler, montrent la différence nette du comportement d'allure sociale – disons relationnelle – constatée chez les nourrissons  46  ; ces différences ne peuvent s'expliquer que par l'innéité de certains caractères. Mais de là à dire qu'il s'agit d'une manière générale de traits particuliers hérités assez intacts pour être identifiés (sauf le cas de tares pathologiques), d'ancêtres proches ou lointains, il y a de la marge... Ces différences peuvent provenir en partie de facteurs tels que le métabolisme, l'alcalinité ou l'acidité du corps, des états morbides ou la sécrétion interne de certaines glandes  47 . Nous citons ces facteurs non pour fixer leur importance ou même leur réalité, cela échappe à notre compétence, mais pour attirer l'attention sur le fait que le facteur psychique héréditaire au sens où nous l'avons défini et le facteur du milieu socio-culturel ne sont pas nécessairement les seuls dans la formation de la personnalité.

130 C'est le moment de nous demander quelle est l'action de l'éducation et de la pression sociale concomitante, sur le « survenant » en ce qui concerne son comportement dans la vie.

48 . Pour sa bibliographie, voir : C uvillier A., Manuel de Sociologie , op. cit ., pp. 62 et ss.

131 Selon le psycho-sociologue américain Ch. Horton Cooley  48 « la nature humaine ne vient que peu à peu à l'existence ; on ne la possède pas en naissant  ; on ne l'acquiert que dans la société ». Si Cooley concède que l'être humain possède naturellement un self feeling , la conscience de soi comme individualité propre ( self consciousness ) naîtrait d'un processus psychique fondamental que Cooley appelle le « soi en miroir » ( looking-glass self ) : l'individu s'imagine comment il apparaît au jugement d'autrui ; il se regarde lui-même dans les autres en quelque sorte. Il en retire, selon les cas, un sentiment de satisfaction ou de déception, à des degrés divers. De ce processus sort un système d'idées progressivement formé et qui est donc puisé dans la vie en communauté, mais que l'esprit reconnaît comme sien. C'est ainsi que s'affirme de plus en plus la conscience de soi. Celle-ci serait donc d'origine sociale et il en ressort cette vue générale que la société est une réalité psychique qui crée la nature de l'homme. Les développements dont nous parlons se déroulent dans ce que Cooley appelle les «  primary groups  » c'est-à-dire ceux comme la famille ou l'École, par exemple, où l'association des individus est intime et directe, par opposition aux groupes tels que l'État (les « collectifs abstraits » de von Wiese) où l'association des hommes est impersonnelle et indirecte.

132 Allons-nous adopter comme nôtre ce schéma général ? Non certes. Mais il suggère une explication psychologique ingénieuse de l'inclination humaine à l'imitation, explication que l'expérience de chacun montre valable dans beaucoup de cas ; du même coup, le looking-glass self apparaîtrait comme l'assise du comportement adaptatif du « survenant » à la société et comme un levier de l'éducation. Cette explication y insère l'application de jugements de valeur que la théorie des communes valeurs de Dupréel assimilerait heureusement.

133 Il n'en reste pas moins que le processus de Ch. Horton Cooley constitue une explication à notre sens toute partielle. Des phénomènes aussi complexes que les relations qui existent entre la formation de la conscience de soi et le milieu social, ne peuvent être approchés avec un point de vue moniste . Acceptons l'apport de Cooley comme un élément de la solution.

49 . JASPERS K., Philosophie , Berlin, Springer Verlag, 1932, Volume 1, p. 16.

  • 50 . JASPERS K., Philosophie , Berlin, Springer Verlag, 1932, Volume 2, p. 375. D'après C uvillier A., M (...)

134 La thèse selon laquelle la conscience est d'origine sociale a été souvent avancée, notamment par de nombreux socio-psychologues américains. Elle est partagée par le philosophe existentialiste K. Jaspers, qui, à bien des égards, est cependant très loin d'un Horton Cooley ; Jaspers écrit, en effet : « Ce que je suis, je n'en prends pas conscience comme être isolé. Je m'expérimente dans la communication »  49 . Et plus nettement encore « La condition pour être soi-même est de s'engager dans l'objectivité de la société »  50 .

135 L'individu adulte est, pour une grande part, un produit social. Les institutions où se déroule le processus de formation de l'individu humain sont principalement la famille et l'école, sans oublier, en dehors des institutions, le milieu, très spécial, constitué par les enfants eux-mêmes. La « pression sociale » qui joue là comme dans les autres groupes sociaux, prend – du moins pour la famille et l'école – un caractère conscient et systématique. Le levier de l'éducation est essentiellement l'imitation. Remarquons que les groupes d'enfants non contrôlés directement par des adultes tendent à reproduire des schémas sociaux comportant une hiérarchie et une stratification sociales. Impossible d'y démêler le déjà acquis de l'inné ; l'imitation des adultes parait cependant y être le facteur essentiel.

  • 51 . Nous n'avons pu trouver la référence exacte à un souvenir cependant certain. Nous nous en excuson (...)

136 Mais il y a des cas où l'individu voit son adaptation éducative entravée par quelque infirmité physique. Le psychologue Alfred Adler estime que la civilisation serait principalement le produit des efforts que font des hommes pour dominer des sentiments d'infériorité, résultant d'infirmités physiques  51 . Dans le schéma général que nous avons adopté comme nôtre, ce serait un cas typique où l'imitation des autres soit obligée physiquement à se découvrir des substituts équivalents aux modèles stéréotypés et d'inventer ainsi des « rôles » nouveaux dont la cohérence doit être entretenue pour être acceptée par le milieu social.

  • 52 . THOMAS W. I. & ZNANIECKI F., The Polish peasant in Europe and America , New York, Knopf Publishing (...)

137 L'École américaine de la «  personality analysis  » insiste sur le rôle de l'éducation qui tend à modeler l'homme, dans chaque milieu social, selon un « type de personnalité de base » ; ce type synthétise l'arrière-plan culturel des personnalités. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre la thèse de Thomas selon laquelle la sociologie a pour objet de chercher à dégager « les règles de comportement plus ou moins formelles par lesquelles le groupe tend à conserver en lui un certain type d'action »  52 .

138 L'observation et les sciences pédagogiques montrent bien que du nouveau-né qui ignore le langage, qui ignore même les gestes significatifs et ne peut que s'allaiter et pleurer s'il souffre, l'éducation et la pression du milieu font

un « homme » dont la pensée est canalisée et symbolisée dans le langage qui est beaucoup plus qu'un « véhicule » social,

un être mental dont la plus grande partie des images, des relations et des jugements de valeur a été apportée de l'extérieur, et une faible partie choisie par lui, mais selon des critères fournis par le milieu,

un être social dont les gestes sont imités d'autrui, modelés sur autrui, afin d'être techniquement efficaces et revêtus de signification, et dont les attitudes sont intégrées dans un ou plusieurs « rôles sociaux » qui rendent ces attitudes « préexistantes » dans la plupart des cas,

un être dont l'arsenal d'outils et de choses disponibles est intégralement donné par l'agencement de la société.

139 Du point de vue de l'action individuelle, l'éducation a comme méthode et comme résultat en même temps, de multiplier les automatismes inconscients ou conscients et les réactions immédiates « préfabriquées » qui sont favorables à l'adaptation au milieu.

140 Il serait nécessaire de compléter ce point de vue par l'analyse psychanalytique qui montre combien l'action humaine est déterminée par des processus subconscients et combien la première éducation et le premier milieu sont eux-mêmes déterminants du contenu de ce subconscient.

141 Reprenons à présent notre individu potentiellement social par hérédité spécifique, conditionné par le milieu physique et humain, modelé par l'éducation, influencé dans le présent comme dans le passé par tous les phénomènes de « pression sociale », inséré dans les « rôles sociaux » qu'il s'est progressivement forgés et qui lui constituent un bagage de réactions « préexistantes », pourvu d'un certain arsenal de connaissances et pouvoir d'analyse intellectuelle et ayant ses « systèmes de signification » et ses idées, c'est-à-dire croyant pour la plus grande part aux « communes valeurs » de son milieu.

142 Cet homme va se trouver dans la vie sociale devant des choix d'action où les « rôles », les réactions automatisées ou immédiates, les « formes » d'action et les valeurs acquises, les choix antérieurs, n'apportent pas à eux seuls la solution. En d'autres termes, la complexité mouvante de la vie met les hommes devant des « choix premiers ».

  • 53 . L'exercice de la liberté dans l'action humaine postule en même temps une connaissance et une comp (...)
  • 54 . Cf. Perelman C. & OlbrechtS-Tyteca L. , "Act and Person in Argument" in Ethics , volume 41, n° 7, j (...)

143 Bien entendu, tout le « social » intégré par l'individu et notamment ses jugements de valeurs, vont agir sur la direction de son choix. La liberté de décision sera d'autant plus grande que l'individu aura une connaissance et une intelligence plus complètes des données du problème qui se pose à lui. Ayant cru comprendre et ayant agencé les relations et implications de ces données pour en faire apparaître par le raisonnement les conséquences possibles, il choisira  53 . Notons que l'opération même d'agencement intellectuel et affectif des données et des arguments se conforme à un schéma logique ou mieux « rhétorique »  54 , qui est en grande partie d'origine sociale. Devant le même fait, la « dialectique de décision » d'un Français et d'un Anglais, d'un homme d'affaires et d'un ouvrier, sera très différente, non seulement dans son contenu, mais dans sa méthode. Que la « persuasion » dans le cas examiné soit purement interne (« on se fait de la rhétorique à soi- même ») ou quelle soit externe, n'est certes pas indifférent. Cependant la nature fondamentale du phénomène reste la même.

144 Mais quel sera le critère du choix, dans la mesure où ce choix est premier et libre ?

55 . Dupréel E., Sociologie générale , op. cit. , p. 5.

56 . Ibid. , p. 6.

145 Eugène Dupréel a souligné le fait que les actions humaines – sauf rapport pur avec des choses où il s'agit uniquement de technique instrumentale – s'insèrent dans des rapports plus ou moins complexes entremêlant individus et groupes. Or, un rapport n'existe entre deux de ces termes que « lorsque l'existence ou l'activité de l'un influe sur les actes ou les états psychologiques de l'autre »  55 . La capacité d'influencer par les rapports sociaux, c'est la « force sociale »  56 . Or, entre ici en ligne de compte un postulat fondamental d'Eugène Dupréel, postulat que ne cessent de confirmer les faits : dans la mesure où l'individu agit librement (c'est-à-dire sans dépendre de la pression sociale explicite ou implicite, consciente ou inconsciente), il cherche naturellement à accroître ou à conserver sa force sociale, sa capacité d'influencer. La force sociale comporte aussi bien la disposition de moyens matériels (propriété de biens et procédés techniques) que de valeurs telles que le prestige, la confiance, etc...

146 La règle de l'accroissement ou du maintien de la force sociale, comme critère des actions individuelles résultant d'un choix « premier », ne saurait être interprétée comme l'expression d'une philosophie de l'arrivisme, où la liberté apparaîtrait comme la part antisociale de l'action humaine.

57 . Ibid ., pp. 157 et ss.

58 . En principe, l'un n'exclut d'ailleurs pas l'autre.

147 Les termes « force sociale » ne comportent aucun contenu moral, aucune « valeur » par eux-mêmes. La capacité augmentée ou maintenue d'influencer n'implique en soi absolument rien quant à la nature de l'influence exercée, que la forme de cette influence se manifeste par la contrainte, la persuasion ou l'échange  57 . Mourir en martyr d'une cause peut être un moyen d'accroître la force sociale de sa personne, d'une manière considérable, dans l'espace et dans le temps. Peut-on nier la capacité d'influencer, toujours actuelle, de Socrate ou du Christ ? Même si ces figures étaient uniquement des « modèles culturels » et non une réalité historique  58 , cela ne serait qu'une démonstration a contrario selon laquelle la force sociale d'une attitude peut résider notamment dans sa capacité à devenir un « stéréotype » ou un symbole.

148 Les processus nombreux et intenses de socialisation de l'action humaine pourraient produire la fausse impression que cette action est totalement commandée par le social et que la liberté n'est qu'une illusion subjective.

149 En fait, il y a des « choix premiers » et l'individu est source de réactions à leur égard. Sans doute, ces réactions prennent-elles appui sur le « produit social » qu'est l'individu. Et ce produit est la synthèse résultant du jeu des facteurs qui ont modelé sa personnalité et dont nous nous sommes efforcés de présenter une analyse encore trop sommaire. Dans une personnalité humaine, il y a des éléments d'origine biologique, géographique, technique, psychosociale. Elle est formée par les influences combinées du milieu géographique, technique, politique, économique, social, religieux, philosophique. Elle a subi l'action de la famille, des écoles, de la classe sociale, des institutions les plus diverses, des moyens techniques, de la religion (même pour les incroyants), des idéologies ambiantes, de la profession, des groupes divers auxquels l'individu participe, des personnalités fortes, amies ou hostiles, et... nous sommes évidemment incomplets. Une large part de ces influences est intériorisée et devient inconsciente. Une autre part est consciemment ressentie par l'individu. Une personnalité, c'est un écheveau psychique de toutes ces choses : c'est une synthèse nécessairement unique , dont cette unicité même – que l'homme soit humble ou important – est la source du respect de la personne humaine ; ce qui est rare et a fortiori unique, est pris en considération. Cette synthèse psychique a un support biologique qui en fixe matériellement l'unité à l'égard du monde extérieur ; à cet ensemble correspond – c'est un fait empirique – une conscience.

150 Ce nœud qui constitue une manière d'arrêt solide, une manière de circuit momentanément fermé pour les filières d'action qui le traversent, sert d'appui à des réactions vers l'extérieur.

151 Bien entendu l'individu se croit plus souvent et plus qu'il n'est en réalité, « premier » dans ses actions. Nous savons que ce qu'il appelle « ses » idées et « ses » opinions, lui vient tout élaboré – du moins en grande partie – du dehors et qu'il ne commence à « choisir » que par combinaisons que nous qualifierons du second degré. D'autre part, dans la mesure où des résultats de la « pression sociale » sont intériorisés à sa conscience, il croit agir proprio motu , et ses « motifs » ne sont, en fait, que des rationalisations. Cependant – insistons-y – dans la mesure où ses réactions ne s'insèrent pas dans le « préexistant » ou dans le processus d'auto-imitation, l'individu est libre, en ce sens qu'il exerce une influence sur les faits.

152 Mais l'analyse du jeu de la « force sociale » qui est le moteur et le mobile en même temps de l'action libre, montre que ce jeu est régi par des règles : celles qui président aux rapports sociaux des individus et des groupes. La Sociologie Générale de Dupréel est consacrée en grande partie à l'élucidation de ces processus réguliers ; c'est en cela, la Sociologie du conscient, les phénomènes que l'on peut grouper sous la notion de « pression sociale » constituant la Sociologie de l'inconscient. Bien sûr les deux domaines ne sont ni étanches, ni séparés par des frontières nettes : il y a tout un no man's land qui n'est d'ailleurs pas le domaine le moins intéressant notamment celui des phénomènes de formation et d'émergence de l'opinion.

153 Il n'en est pas moins vrai que si, pour expliquer une action donnée, on part du point de vue de la Société (du « social ») elle peut être entièrement expliquée dans ce cadre de référence : pour l'aspect inconscient, il y a le jeu des « pressions sociales » ou, si l'on veut, du « contrôle social » ; pour l'aspect conscient le jeu des processus réguliers de la « force sociale » et de l'opinion qui est la forme consciente du contrôle social.

154 Mais la réciproque est vraie, si pour analyser la même action, on part du point de vue de l'individu (du « psychologique ») donc de l'action subjectivement pensée, en termes de motifs au lieu de causes. Que certains des motifs soient en fait des rationalisations, n'empêche pas qu'ils existent et qu'objectivement, ils jouent un rôle : celui de valoriser ou de doter de signification l'action aux yeux de son auteur lui-même et/ou des tiers. Si ce phénomène ne jouait pas, l'action serait autre. D'ailleurs, tout se passe comme si la rationalisation était un motif . On peut donc expliquer l'action, en partant du point de vue individuel.

155 Expliquer c'est pouvoir rendre compte de la succession et de l'interdépendance, mettre en lumière les relations des divers éléments en cause. Et des deux points de vue l'explication est suffisante. Mais si l'on veut comprendre , c'est-à-dire pénétrer, autant qu'il est possible, l'essence du phénomène, sa nature spécifique, il faut embrasser les deux points de vue, non pas seulement d'une manière successive, mais dans leurs rapports mutuels. L'un des caractères de l'essence du phénomène, c'est en tout cas cette dualité des points de vue.

  • 59 . LITT T., "Ethik der Neuzeit" in BAEUMLER A & SCHRÖTER M., Handbuch der Philosophie , volume 3, "Me (...)
  • 60 . Gurvitch G ., Essais de Sociologie. Le problème de la conscience collective , Paris, Éditions Recue (...)

156 Cette manière de concevoir l'action humaine pourrait être rapprochée de la « réciprocité des perspectives » de Litt  59 , mais celle-ci joue chez lui entre sujets différents. Par contre notre position rejoint, par d'autres démarches, la conclusion de Georges Gurvitch : « Dans ces conditions, on ne pourrait jamais plus omettre le fait fondamental que l'irréductibilité de la conscience collective par rapport aux consciences individuelles et réciproquement, n'est que l'irréductibilité de deux points de vue abstraits pris sur deux directions opposées de la totalité concrète du psychique »  60 .

157 Le sentiment de liberté et la possibilité de réactions « premières » sont favorisés par la condition de « survenant » dans un groupe ou, si l'on veut par la qualité de membre récent d'un groupe. En effet, les attitudes préexistantes et les préformations de tout ordre propres à l'individu considéré au moment où il entre dans le groupe, seront hétérogènes aux attitudes et manières d'agir des membres du groupe, dans la seule mesure d'ailleurs où ils sont influencés par ce que ce groupe a nécessairement de spécifique. La réaction du « survenant » à la « pression sociale » assimilatrice du groupe, est une source de « choix premiers », qui, sans doute, conduisent d'une manière générale à l'adaptation de l'individu au groupe, mais aussi à des innovations de nuance, de détails ou, plus rarement, de fond, que le ou les survenants introduisent dans le groupe. Il y a entre les phénomènes de « survenance » et de liberté un rapport que nous comptons analyser de plus près.

158 La « réciprocité des perspectives » au sens où nous l'avons prise, d'accord en cela avec Georges Gurvitch, est un procédé d'analyse, interne à la psychologie de l'individu. Mais cette réciprocité des perspectives du social et de l'individuel pour une action déterminée et à l'intérieur d'une psychologie personnelle déterminée, peut prendre un caractère externe et s'appliquer à des analyses sociologiques relatives à des complexes sociaux.

  • 61 . DUPRÉEL E., "Sociologie ascendante et Sociologie descendante" in Revue Internationale de Philosop (...)

159 Eugène Dupréel, relativement à cet aspect externe, a mis fort heureusement en lumière cette dualité méthodologique de mouvement, par sa distinction entre Sociologie ascendante et Sociologie descendante  61 .

  • 62 . Dans ce sens, Marx fait de la macrosociologie, la Sociométrie américaine fait de la microsociolog (...)

160 Sociologie ascendante : étant donné les individus avec leurs caractères héréditaires et le milieu matériel où ils sont (facteurs géographiques, techniques, « choses agencées »), quelles sont les conséquences sur le « social » ? Le « social » est pris ici sous l'aspect « rapports entre individus » (interpsychologie, psychologie sociale), aspect qualifié quelquefois de microsociologique , et aussi sous l'aspect « société » (problèmes de structure et d'évolution, institutions), aspect qualifié quelquefois de macrosociologique  62 .

161 Sociologie descendante : étant donné le « social », quelles sont les conséquences sur l'individu et sur les choses dont il est entouré ? Dans ce sens, la sociologie de la connaissance relève de la Sociologie descendante.

162 La « réciprocité des perspectives », appliquée à un fait déterminé, permet une analyse complète.

163 Après cette analyse de la part des origines sociales de l'action humaine et de la part où l'individu paraît premier, nous voyons plus clair dans le problème de la nature de la société.

164 Mais résumons d'abord les conclusions de notre analyse :

165 1/ Les actions humaines sont en partie conditionnées par le milieu naturel et ses ressources, mais en raison inverse de l'efficacité des moyens techniques dont dispose l'homme ; ceux-ci transforment profondément 1'« environnement » et ses effets sur la manière d'agir de l'homme.

166 2/ Ces moyens techniques par eux-mêmes, sont, dans les sociétés modernes, en dehors de leur action sur le milieu géographique, un facteur déterminant des actions humaines : ils fixent le niveau de vie, pourvoient l'homme de moyens d'action sur les choses et lui permettent notamment de vaincre la pesanteur et l'espace.

167 3/ Les actions humaines sont dépendantes aussi de l'accumulation, par les générations passées, de ce que nous avons appelé les « choses agencées » ; ce phénomène est en partie tributaire de la continuité des civilisations en un point donné.

168 4/ Les actions humaines sont canalisées, orientées, causées quelquefois, par les règles et les pouvoirs sécrétés par le « groupe fort » du milieu social c'est-à-dire par l'État ; ces règles sont sanctionnées par l'application de la force.

169 5/ Les actions humaines sont commandées, homogénéisées, stylisées en quelque sorte, par les nombreuses institutions non étatiques qui comportent ou émettent plus ou moins implicitement des statuts, des normes, des jugements de valeur ; leur pression sur l'individu – notamment par l'opinion – est pratiquement irrésistible.

170 6/ Au-delà des institutions proprement dites, il y a la standardisation des réactions due au langage et tous les aspects de la « pression sociale » (souvent appelée « contrôle social ») : les images pré-apprises, les symboles, les systèmes de signification, les stéréotypes, les clichés affectifs, le consensus social, les moules préétablis, les pré-liaisons, les représentations collectives, les formes, les valeurs sociales ou étalons du groupe, les modèles culturels, les formes sociales d'interaction, les attentes normatives, les archétypes de l'inconscient collectif. Les notions qualifiées par ces termes se superposent souvent sans d'ailleurs se confondre ; dans leur ensemble, elles expriment bien ce qu'est la pression des groupes sociaux sur l'action des hommes.

171 7/ Les actions humaines sont, de notre temps, de plus en plus influencées par la publicité commerciale et politique. C'est le phénomène de propagande qui constitue une action systématique de persuasion par des groupes sur l'ensemble de la société globale. La propagande essaie d'agir sur la partie irrationnelle des consciences et procède par un système d'incubation psychique.

172 8/ Le phénomène des « choix surmontés » qui détermine un processus d' auto-imitation favorisé par le désir des groupes sociaux de trouver la cohérence psychologique chez les individus, contribue fondamentalement à limiter de plus en plus étroitement le choix ultérieur des actions par l'individu : la vie des hommes en société tend à devenir un ensemble de « rôles » auquel il convient de se tenir.

173 9/ Jusqu'à ce point, l'analyse porte sur l'individu « donné » – quel qu'il soit au moment considéré – face au milieu social. Mais cet individu même porte en lui héréditairement une réceptivité à l'assimilation qui se traduit par des inclinations fondamentales à la sympathie, à l'agrégation et à l'imitation ; la part héréditaire dans les tendances de caractère social et la part d'origine sociale sont impossibles à déterminer ; il semble cependant que la part sociale soit considérable. Le caractère de l'individu est influencé aussi par des conditions physiologiques et, dans certains cas, pathologiques.

174 10/ Mais le facteur fondamental c'est l'éducation qui réellement fait de l'animal humain un homme c'est-à-dire un être adapté à la vie en communauté ; la pression sociale sur les jeunes « survenants » est en même temps constante, systématique et intense et ils n'ont d'autre issue que d'imiter les aînés et de favoriser l'automatisation du plus grand nombre d'actes possible.

175 En dépit du jeu cumulé de ces dix processus, l'homme se trouve encore devant des « choix premiers » d'action. Le critère appliqué par l'homme à cette partie libre de son action, c'est le maintien ou l'accroissement de sa « force sociale », de sa capacité d'influencer. Cette force sociale obéit à des règles qui sont celles mêmes des rapports sociaux dans la mesure où ceux-ci ne sont pas dominés par le « social » mais par le choix des individus participants. La Sociologie Générale de Dupréel a bien dégagé ces règles.

176 Et à présent, que pouvons-nous dire de la nature de la société ? D'abord, une constatation élémentaire : toute communauté humaine ne comporte que des individus disposant de « choses agencées ». Tous les phénomènes de conscience se déroulent donc dans les psychologies des individus et nulle part ailleurs . La société ne peut, en conséquence, consister en un être psychique qui puisse avoir une conscience propre, laquelle postulerait un support biologique. En cela le concept de « conscience collective » de Dürckheim reste équivoque. Il est, en effet, nécessaire que le psychique « collectif », ou si l'on veut le « social », soit immanent aux individus .

177 Doit-on conclure à un nominalisme psychologique ? La société ne serait qu'un nom s'appliquant à la somme des individus et les phénomènes sociaux résulteraient uniquement des relations psychologiques entre les individus, ce qui ramènerait toute la sociologie à la psychologie sociale. Notre analyse des actions humaines réfute ce point de vue : l'action des hommes est conditionnée par une « pression sociale » passée et présente, consciente ou inconsciente, extérieure en tout cas à chacun d'eux pris isolément et qui est autre chose que l'influence mutuelle des individus libres en tant que tels, c'est-à-dire exerçant des « choix premiers » . L'interaction, en effet, des individus en tant qu'ils sont sociaux (pression sociale de la partie « assimilée » des consciences individuelles) n'explique rien ; ce qu'il faut précisément expliquer, c'est pourquoi ces individus sont en partie sociaux...

178 Mais alors, en quoi consisterait donc le réalisme psychologique qui par nécessité ressort de cette analyse ? Qu'est-ce donc que cette société agissant extérieurement aux individus, mais qui est nécessairement immanente aux individus ?

63 . Dupréel E., Sociologie générale , op. cit. , pp. 3-4.

179 À cet égard, le Professeur Dupréel fait une remarque fondamentale : il rejette dos à dos l'idée d'une société transcendante aux individus et celle d'une société qui ne serait qu'une somme de ceux-ci ; il dit que c'est une somme d'individus sans doute, mais dont les termes ne sont pas intervertibles ; la société apparaît, dès lors, comme une collection d'individus disposés dans un certain ordre  63 . Or, cet « ordre » est en fait la marque du conditionnement social des individus et du fait que leur manière d'agir est dans sa ligne générale, « ordonnée » par la société.

180 Le facteur fondamental, en l'occurrence, c'est que l'immense majorité des groupes sociaux est composée d'individus différents par l'ancienneté dans le groupe et d'ailleurs en général d'âges physiques et mentaux différents. En gros, il y a les « assimilés » et les « survenants ». À quelque égard dans les groupes complexes – consistants ou éphémères – de la vie moderne, on est toujours « survenant » par rapport à d'autres. Il s'agit d' un courant continu où les « survenants », avec le temps, perdent de plus en plus cette qualité dans leur vie en général. La masse des « assimilés » constitue le bloc « socialisé » c'est-à-dire dont les membres ont une psychologie imprégnée des normes et des valeurs plus ou moins explicites qui s'expriment dans la « pression sociale ». La Société c'est, à tout moment donné, l'activité psychologique unifiée – et combien puissante par cette accumulation – émanant des psychologies individuelles « assimilées », nous dirons « intégrées », à l'ordre social : il s'en perd chaque jour par la mort et par 1'« émigration », mais chaque jour aussi de nouvelles consciences sont assimilées par la puissance irrésistible de l'ensemble déjà unifié. C'est comme le service de verres à liqueurs de la Tante Ursule : il s'en casse et on les remplace ; le service est toujours là, mais au bout de quelques années, il ne contient plus un seul verre du début ; pour que ce service reste, il suffit que chaque verre remplacé ait les caractères des verres existant à ce moment-là. La société serait un service de verres où les verres, rangés dans le service auraient cette caractéristique de soumettre les verres nouvellement reçus à un processus qui les rende semblables à eux-mêmes.

64 . SOROKIN P. A., Social Mobility , New York, Harper & Brothers Publishing, 1927.

181 Dans la collection ordonnée des individus chacun occupe une place déterminée que Sorokin a définie par la notion de « position sociale » ; cette situation selon le sociologue de Chicago, peut être définie, pour chaque homme, par un système de « coordonnées sociales »  64 . Le Professeur Dupréel ajouterait qu'à chaque position sociale correspond une force sociale. Cette situation est la résultante non seulement de la valeur physique, caractérologique et intellectuelle, mais encore de la position que l'individu occupe sur le plan de la richesse, de la classe sociale, de l'influence familiale, des connaissances scientifiques, culturelles et techniques, de la fonction professionnelle, de la participation aux associations les plus diverses de toute nature.

182 On voit par là que les individus sont placés dans un ordre spécial qui n'est pas intervertible. Les parties socialisées – par les processus que nous avons définis – des consciences de tous les individus « assimilés », constituent à tout moment par la simultanéité, la similitude et la convergence, en un mot l'homogénéité, de leurs réactions, la source de la « pression sociale » qui maintient l'ensemble des membres du milieu social dans l'esprit du groupe et assimile puissamment et progressivement les survenants.

183 Les survenants, par exemple les jeunes ou les immigrés s'il s'agit de la grande société, ou tout nouveau membre d'un groupe quelconque , surgissent dans le groupe, avec leur psychologie propre laquelle comprend une partie déjà « socialisée », mais est susceptible de réactions individuelles, notamment à l'égard de ce groupe nouveau pour elles et, en effet, les caractères sociaux spécifiques du groupe sont étrangers aux survenants. Les choses étant ainsi, on conçoit que le « survenant » puisse apporter quelque perturbation, mais aussi quelque nouveauté valable pour le groupe. C'est ce processus qui explique que les choses changent dans l'ordre social et que ce n'est pas la tradition immobiliste qui règne sans partage . En effet, les dix processus plus puissants les uns que les autres de l'action du « social » sur l'individuel pèsent dans le sens de la conservation. Plus les survenants arrivant simultanément seront nombreux, plus grandes seront les chances de changements car les « nouveaux » s'aperçoivent bien vite que leur force sociale à l'égard de la masse du groupe n'a de chance de croître que si eux-mêmes forment plus ou moins tacitement bloc. Le survenant isolé ne peut augmenter sa force sociale qu'« en se faisant bien voir » par le groupe et il se signalera plus par sa docilité que par des tentatives d'amélioration ou de modification. Ceci explique aussi pourquoi les groupes fermés – telles les castes – ou les groupes limités strictement en nombre, sont farouchement conservateurs : les survenants n'accèdent aux groupes fermés que par droit héréditaire, c'est-à-dire déjà conformés par l'éducation l'esprit du groupe. Ils n'accèdent aux groupes limités en nombre que très peu nombreux par sélection ou cooptation par les pairs  ; leur influence sur le groupe est donc pratiquement nulle. Ces remarques mettent bien en lumière pourquoi une démographie ascendante qui multiplie les survenants dans tous les groupes est génératrice de changements sociaux.

184 En tout état de cause, c'est l'immanence du social dans les psychologies assimilées, qui, par la convergence des réactions, crée ce que Dürckheim a mal qualifié de « conscience collective », mais qui apparaît bien aux membres du groupe comme l'expression d'une société transcendante puisque nécessairement il s'agit d'une force limitative de la libre action et donc opposée à ce qui en nous est le plus individuel.

185 En conclusion, la société est en même temps une immanence et une transcendance psychologiques qui en font une réalité , une chose d'ordre psychique sans doute, mais non pas seulement un mot. Nous penchons donc vers le réalisme psychologique, mais en repoussant avec force tout aspect organiciste.

186 Nous définirons donc la Société comme ce phénomène d'activité psychologique homogène – unifiée et unifiante – immanente aux consciences individuelles, mais produisant une force contraignante, transcendante par rapport à ces consciences et ayant pour effet de maintenir dans le groupe les types d'actions qui lui sont spécifiques.

187 Cependant la société est encore quelque chose de plus. L'ordre social est fait de fonctions qui doivent être occupées pour que les groupes répondent chacun à leur objet et restent organisés dans leur ensemble de manière telle que la société puisse globalement disposer au maximum des choses (la répartition de la jouissance de celles-ci est un grand problème mais que nous n'avons pas à poser pour le moment).

188 Les administrations publiques, par exemple, comportent explicitement des cadres – fixes pour une certaine durée – qui ne sont que la nomenclature des fonctions qui doivent être occupées. Dans les entreprises privées, à but lucratif ou non, ces cadres, s'ils n'existent pas toujours statutairement, existent au moins tacitement selon la coutume du groupe et se modifient selon les nécessités. L'ordre social est fait aussi – nous l'avons dit – de « rôles » dont chaque groupe attend plus ou moins consciemment qu'ils soient pourvus d'un titulaire. Si un titulaire de fonction ou de rôle disparaît, généralement la fonction ou le rôle subsiste et le titulaire est remplacé. Les hommes passent d'une fonction à une autre, ils sont évincés d'un « rôle » par un meilleur titulaire ou évincent eux mêmes un titulaire ; de toute manière, ils doivent adapter leur personne à de nouvelles conditions. Bref, la société apparaît comme un cadre permanent, mais sans cesse fluctuant, et qui a un caractère purement formel. Les fonctions et les rôles exigent une adaptation de leurs titulaires, mais la personnalité de ceux-ci peut modifier assez sérieusement ces fonctions et ces rôles. Ces derniers confèrent une « force sociale », mais les titulaires peuvent augmenter ou diminuer cette « force sociale » qui y est attachée. La société est donc un complexe de formes très plastiques à travers lequel passent les générations et où, dans chaque forme, le titulaire au début était « survenant » avec ce que ce terme implique au point de vue de l'assimilation sociale, pour devenir, à partir d'un certain moment, « assimilé ». C'est dans ce sens et ce sens seulement, que l'on peut dire que la société est antérieure à l'individu. En tout cas, elle constitue une structure formelle de fonctions et de rôles hiérarchisés et comportant des niveaux qui impliquent des différences dans le mode de vie des hommes et auxquels sont attachés des jugements de valeur.

189 Faisons un pas de plus. L'action des groupes humains se traduit notamment par un agencement des choses et une accumulation de ces choses agencées pendant les périodes de continuité des civilisations. Parmi ces choses agencées figurent cette création constructive que sont les bâtiments. Ceux-ci sont de deux espèces : les habitations et les immeubles fonctionnels tels que usines, magasins, bureaux, églises, lieux de loisirs, écoles, casernes et hôpitaux.

190 Ils se divisent en des alvéoles ou ensemble d'alvéoles plus ou moins complexes, faites pour y recevoir des individus ou des groupes d'individus . De même qu'à travers les formes – fonctions et rôles – de l'ordre social, les individus y passent. Par les caractères de ces alvéoles et le droit qu'ils ont d'en disposer, les individus se définissent socialement. Il n'est pas indifférent à ce point de vue d'habiter tel ou tel quartier de la ville, d'y habiter une maison dite « ouvrière » ou « bourgeoise », d'en être propriétaire ou locataire. Il n'est pas indifférent de n'avoir qu'un habitat ou, en plus, une maison de plaisance dans tel ou tel endroit ; il n'est pas indifférent au point de vue social de descendre dans tel ou tel hôtel quand on loge hors de chez soi.

191 Le fait de vagabonder sur les routes ou de dormir sous les ponts, comme un « clochard », c'est-à-dire l'absence d'habitat spécifique, fait qui, d'une manière caractéristique, correspond généralement à l'absence de fonction sociale stable, montre bien le rapport entre les fonctions et rôles sociaux, d'une part, et l'occupation des édifices construits par les hommes.

192 Il est très expressif, au point de vue social, de travailler dans tel bureau plutôt que dans tel autre, d'y travailler seul ou avec des collègues. Et ainsi de suite. En d'autres termes, aux « formes » sociales correspondent spatialement et matériellement des formes de bâtiments.

193 Il n'y a évidemment pas correspondance absolue par individu, et tel ouvrier tourneur qui succède à un autre dans la même entreprise et usera du même tour, n'occupera pas, pour autant, la demeure de son prédécesseur, mais on peut considérer à peu près pour donné qu'il occupera un logement ouvrier. Il n'y a pas même correspondance assurée des formes : tel employé peut habiter un appartement de luxe ou bien dans telle entreprise user d'un bureau isolé, alors qu'ailleurs la même fonction le mêlerait à 4 ou 5 collègues dans le même local.

194 Cependant grosso modo il y a parallélisme de caractères, de structure et de niveaux, entre, d'une part, les fonctions et les rôles formels et, d'autre part, les bâtiments occupés par les individus, comme logement ou lieu de travail.

195 Ainsi cette catégorie de « choses agencées » est bien plus qu'une simple réponse technique à des besoins spécifiques : elle est la projection, le reflet matériel de l'ordre social ; ces alvéoles construites par les hommes et pour les hommes sont les formes matérielles de la société .

196 À présent, il nous est permis de conclure, c'est-à-dire de tenter de donner une définition de la société et d'en expliquer la nature.

197 La société, collection d'individus disposés dans un certain ordre non intervertible et s'appuyant matériellement sur une plus ou moins grande accumulation de « choses agencées », est une triple réalité :

Réalité psychologique en tant qu'activité psychologique homogène – unifiée et unifiante –, émanant de celles des consciences individuelles qui sont socialement assimilées, ou, si l'on veut, intégrées ; cette activité se traduit par la confirmation ou l'émission d'un ensemble de règles plus ou moins explicites et plus ou moins sanctionnées, ainsi que de valeurs, de modèles d'action et de symboles ; ces éléments sont, pour partie, immanents aux consciences individuelles socialement assimilées et pour partie, s'imposent, d'une manière transcendante, à elles par la « pression sociale » qui vient de la force psychologique unifiée ; cette pression agit sur les survenants, qu'ils soient les « jeunes » ou les « nouveaux », dans la société globale ou dans tout groupe social, afin de les assimiler socialement.

Réalité structurelle en tant que cadre complexe et plastique de « formes » – fonctions et rôles – qu'occupent successivement des individus en un courant continu qui les fait « survenants » au début, et ensuite, « assimilés » qu'il s'agisse d'une société globale ou de tout autre groupe social ; cette structure est l'armature de la hiérarchie sociale avec ses distinctions de classes et ses conséquences relatives à la « distance sociale ».

Réalité matérielle en tant qu'exprimée par des édifices dont les alvéoles destinées au travail, à l'habitat de l'homme ou à ses loisirs, présentent des caractères parallèles à ceux des fonctions et rôles assumés par des individus, et sont occupées par des hommes qui s'y succèdent en un courant continu. Cette réalité matérielle est la projection sur la surface de la terre de la structure formelle qu'est la société.

Cette triple réalité psychologique, structurelle, matérielle, s'élabore sans trêve selon le processus social fondamental d' institutionnalisation . La sociologie apparaît essentiellement dans cette perspective, comme la science de l'institutionnel, au sens le plus étendu du mot.

1 . Le point de départ de cette étude est le texte de la leçon d'introduction au Cours de Sociologie générale , que nous avons faite, le 12 octobre 1951, à la Faculté des sciences sociales, politiques et économiques de l’Université Libre de Bruxelles. Qu'il nous soit simplement permis, à ce propos de dire que nous considérons comme un périlleux honneur et une lourde responsabilité le fait de prendre la succession de notre Maître éminent, M. Eugène Dupréel, dans la ligne de qui s'est développée notre propre pensée sociologique.

2 . Rappelons qu'aussitôt après avoir inventé le mot « sociologie » Auguste Comte, dans sa 47 e leçon du Cours de Philosophie positive (1839), qualifie cette discipline de « science positive des faits sociaux ».

4 . Cette idée a surtout reçu son développement en Allemagne, à l'époque où celle-ci se constituait en tant que nation. Le Volksgeist est un concept hégélien et toute une école sociologique, fondée en 1859 par Lazarus et Steinthal, prit la forme de Völkerpsychologie . Cf. C uvillier A., Manuel de Sociologie , tome 1, Paris, Presses Universitaires de France, 1950, p. 33. Quant à l'interprétation même des notions recouvertes par les termes « civilisation » et « culture », nous pensons que Dürckheim et Mauss ont vu juste. Cf. leur note souvent citée "Civilisation et types de civilisation" dans l' Année sociologique , n° 12, Paris, Éditions Alcan, 1913, pp. 46-50. Toutefois des études américaines ont réfuté ultérieurement l'idée de la correspondance des institutions politiques et juridiques avec « la constitution propre à chaque peuple » (p. 49). La « communauté écologique » de Park et Burgess par exemple, ne coïncide pas toujours spatialement avec ces institutions.

6 . L'Economie politique étudie les lois (ou, si l'on préfère, les uniformités) relatives à la production et à la distribution des biens et des services dans une situation sociale donnée. Par exemple, l'étude des relations de l'offre et de la demande ou du rapport des prix et de l'emploi, est typiquement du domaine de l'Economie politique. L'Economie sociale, si l'on veut aller au fond des choses, étudie les rapports volontaires des individus et des groupes (y compris les institutions-groupes) ayant pour objet, ou pour effet de modifier la répartition des biens et des services telle qu'elle se ferait librement dans la « situation donnée ». Quant à la définition de l'Economie sociale, voir la belle étude d'Arthur Doucy, dans Revue de l'Institut de Sociologie , 1948, pp.399-423. Nos conclusions rejoignent celles de notre collègue.

7 . Les rapports de la sociologie et de l'histoire donnent encore lieu aujourd'hui à des interprétations fort diverses. Citons-en quelques-unes qui nous ont paru caractéristiques. Pour G.E. Howard, « l'histoire est la sociologie du passé et la sociologie l'histoire du présent » (dans H oward G.E., A History of matrimonial institutions , Chicago, Londres, University of Chicago Press , 1904, volume 3, p. 7) Cette formule suggestive néglige malheureusement ce que le social a de spécifique dans les activités humaines. Pour G. Smets, « la sociologie n'atteint au réel qu'à travers l'histoire, mais l'histoire n'explique le réel que grâce à la sociologie » (dans "Centre international de synthèse", Fondation « Pour la Science » , n°1, 1929, p. 89). Cette remarque est en même temps exacte et importante, dès lors où le distancement des faits dans le temps ou dans l'espace implique l'usage de la méthode historique ; il est utile de souligner que la majorité des recherches sociologiques, même quand elles s'appuient sur l'observation systématique et directe des faits, incluent une critique documentaire qui relève, pour partie tout au mois, de la technique historique. Pour Lacombe, « l'histoire a pour objet l'événementiel et la sociologie l'institutionnel » (LACOMBE P., De l'histoire considérée comme science , Paris, Éditions Hachette, 1894, voir chapitre 1, d'après C uvillier A., Manuel de Sociologie , op. cit ., p. 218). Et en fait, l'histoire par une analyse aussi exhaustive que possible, vise à restituer les faits sous leur aspect « particulier », « unique » ; la sociologie s'attache à les comparer et à dégager ce qu'ils ont de « semblable » ; mais comparaison n'est pas raison, si elle ne s'appuie pas sur la connaissance totale – autant qu'il est possible – des faits dans leur « environnement » bien analysé ; c'est en ce sens que la sociologie ne peut atteindre le « réel » qu'à travers l'histoire.

8 . Ce dernier terme limite toutefois la psychologie sociale au domaine des relations individuelles intermentales ; le terme recouvre, en principe, une position théorique nominaliste en ce qui concerne la nature de la société.

11 . P elseneer J. , L'évolution de la notion de phénomène physique des primitifs à Bohr et Louis de Broglie . Bruxelles, Office International de librairie, 1947 ?, p.163 et ss.

14 . MAC DOUGALL W., An introduction to social psychology , Londres, Éditions Methuen, 1908. Texte cité d'après C uvillier A., Manuel de Sociologie , op. cit ., § 38.

15 . Définition inspirée par H ankins F. H., An introduction of the Study of Society , New York, Macmillan Publishing Company, 1928, p. 449.

16 . "The individual and his Society", texte cité d'après C uvillier A., Manuel de Sociologie , op. cit ., § 20B.

17 . P arsons t ., "La Théorie sociologique systématique et ses perspectives", in G urvitch G., La Sociologie au XXe siècle , Paris, Presses Universitaires de France, 1947, tome 1, p. 67. Parsons rappelle que Thomas a mis cette notion en avant dans son ouvrage : THOMAS W. I., The unadjusted Girl . With Cases and Standpoint for Behaviour Analysis, Boston, Little Brown and Company, 1928.

18 . Eugène Dupréel définit comme suit la complémentarité : « Deux rapports étant liés par un terme commun, on dira que l'un de ces rapports est complémentaire de l'autre s'il en conditionne soit l'existence, soit la nature ». La position de complémentarité augmente donc bien la force sociale de l'individu qui l'occupe, puisque sa capacité d'influencer est accrue. Pour la complémentarité, voir Dupréel E., Sociologie générale , op. cit. , p. l.

20 . MACIVER R. M., Society, its structure and changes , New York, Ray Long and Richard Smith Press, 1936, p. 85.

21 . Le langage semble bien, ainsi que le montre l'école fonctionnelle, être lié au fait de la communication entre les hommes, lequel est lui-même un corollaire de la vie en société, trait humain spécifique. Voir à cet égard l'étude de notre collègue Éric Buyssens. "L'origine du langage articulé", in Revue de l'Institut de Sociologie , n°3, 1949. Il en ressort nettement que le type d'explication sociologique de l'existence du langage est le plus valable. Ceci n'exclut pas, et Éric Buyssens lui-même agit en conséquence, qu'il soit utile de faire appel à certains résultats de la linguistique historique et de la psychologie pour corroborer la thèse sociologique. Que le langage soit d'essence sociale en fait, du même coup, un facteur de pression sociale sur l'esprit humain : ce n'est pas seulement un « véhicule »…

22 . GURVITCH G., Essais de Sociologie : Les formes de la sociabilité . Paris, Recueil Sirey. 1939, p. 37.

23 . DÜRCKHEIM E., "La conception matérialiste de l'histoire – Une analyse critique de l'ouvrage d'Antonio Labriola, Essais sur la conception matérialiste de l'histoire " in Revue Philosophique , n° 44, 1897, pp. 645-651.

25 . Dans les sociétés totalitaires modernes, le pluralisme des groupes n'a plus qu'une valeur technique et la pression sociale tend à n'avoir qu'une seule source : la société politique, c'est-à-dire le parti, maître du groupe-État. Tout se passe comme si le totalitarisme voulait recréer, dans la société globale, la solidarité mécanique primitive, la Gemeinschaft de Tönnies, tout en maintenant le bénéfice technique de la division du travail, qui avait créé l'hétérogénéité des classes et les droits individuels tels que nous les connaissons en Occident.

26 . Pour la bibliographie relative aux phénomènes de contrôle social, cf. C uvillier A., Manuel de Sociologie , op. cit ., § 93 et GURVITCH G., dans le chapitre consacré par lui au « contrôle social » in La sociologie au XX e siècle , op. cit. , pp. 271-301.

29 . Karl Mannheim a pu écrire : « Il y a des modes de pensées qu'on ne peut vraiment pas comprendre tant que l'on n'a pas pu éclairer leurs origines sociales » in MANNHEIM K., I deologie und Utopie , Bonn, 1929, Ideology and Utopia: An Introduction to the Sociology of Knowledge , traduit en anglais par Wirth et Shils, New York, Harcourt, Brace & Co., 194 0, p. 2. Ceci met en lumière l'interaction et l'interdépendance intimes de la vie sociale et de la science sociale. Cf. BURGESS E. W., "Les Méthodes de recherche en sociologie" in GURVITCH G., La sociologie au XX e siècle , op. cit. , vol.1, p. 24.

30 FARIS E., The nature of human nature , Londres, MacGraw-Hill Publications in Sociology, 1937, p. 279. Cette remarque générale introduit le chapitre 26 du livre, chapitre consacré à la culture des Bantous de la forêt équatoriale.

31 . VON WIESE L., " Beziehungssoziologie " , in Vierkandt A. (Hrsg.) , Handwörterbuch der Soziologie , Stuttgart, Enke Verlag, 1931, pp. 66-81.

33 . PARSONS T., "La Théorie sociologique systématique et ses perspectives", in GURVITCH G., La sociologie au XX e siècle , op. cit. , vol.1, p. 63.

35 . GURVITCH G., La sociologie au XX e siècle , op. cit. , vol. 1, p. 273. De plus, en français, l'expression « contrôle social » tend à être utilisée pour définir le contrôle que le personnel exerce sur la marche des entreprises en vertu des diverses lois récentes dites d'organisation de l'Économie ou d'organisation professionnelle.

39 WARNOTTE D., "Contribution à la Sociologie de temps présent (sociologie, politique et histoire)" in Revue de l'Institut de Sociologie , n°2, 1935, pp. 315-333. Voir spécialement pp. 319-326. Voir aussi le compte-rendu de Warnotte au sujet de livre de Lumley in Revue de l'Institut de Sociologie , n°4, 1935, pp. 820-823.

41 . Cité dans : GURVITCH G., La sociologie au XX e siècle , op. cit. , volume 1, "Théorie sociologique systématique et ses perspectives", pp. 62-63.

43 . MACIVER R. M., Causalité sociale et transformations sociales , cité dans GURVITCH G., La sociologie au XX e siècle , op. cit. , p. 128.

44 . Voir le livre tout récent de CUÉNOT L., L'évolution biologique : les faits, les incertitudes , Paris, Éditions Masson & Cie, 1951.

46 . Buehler C., "The social behaviour of Children", in MURCHISON C. (éd.), Handbook of Child Psychology , Worcester, Clark University Press, 1933.

47 . Cf. WOODARD J. W., "Psychologie sociale", in GURVITCH G., La sociologie au XX e siècle , op. cit. , p. 226.

50 . JASPERS K., Philosophie , Berlin, Springer Verlag, 1932, Volume 2, p. 375. D'après C uvillier A., Manuel de Sociologie , op. cit ., p. 171.

51 . Nous n'avons pu trouver la référence exacte à un souvenir cependant certain. Nous nous en excusons auprès du lecteur.

52 . THOMAS W. I. & ZNANIECKI F., The Polish peasant in Europe and America , New York, Knopf Publishing, 1927, Volumes 1 et 2, pp. 31-33.

53 . L'exercice de la liberté dans l'action humaine postule en même temps une connaissance et une compréhension suffisantes des conditions du problème qui sollicite une réaction et une ignorance relative de ces conditions (cf. sur ce point Leclercq J., "Sociologie et Philosophie traditionnelle" in Introduction à la Sociologie , Louvain. 1948, chapitre 7). Pour illustrer cette idée nous présentons le « mythe » suivant : un homme rentre chez lui par des chemins qu'il connaît. Il arrive à un carrefour, il y a donc, en principe, un choix à faire. Mais, si c'est le jour, il suit son chemin familier sans avoir à choisir : l'intelligence totale du chemin supprime le choix et automatise l'action. Si c'est la nuit noire, sans aucune clarté, le choix est impossible, c'est le tâtonnement hasardeux qui décidera de la direction. Mais si dans la nuit l'homme porte une petite lanterne vacillante, il pourra choisir avec plus ou moins bonne connaissance de cause selon la clarté qu'elle répand. La lanterne vacillante dans la nuit est la condition du choix, donc de la liberté.

54 . Cf. Perelman C. & OlbrechtS-Tyteca L. , "Act and Person in Argument" in Ethics , volume 41, n° 7, juillet 1951, pp. 252-269. Perelman C. & OlbrechtS-Tyteca L. , "Logique et rhétorique" in Revue Philosophique , n os 1-3, Paris, 1950.

59 . LITT T., "Ethik der Neuzeit" in BAEUMLER A & SCHRÖTER M., Handbuch der Philosophie , volume 3, "Mensch und Charakter", München, R. Oldenburg Auflage, 1926, pp. 179-180. Litt a publié aussi  : LITT T., Individuum und Gemeinschaft , Leipzig, Treubner Auflage, 1926.

60 . Gurvitch G ., Essais de Sociologie. Le problème de la conscience collective , Paris, Éditions Recueil Sirey, 1939. p. 169.

61 . DUPRÉEL E., "Sociologie ascendante et Sociologie descendante" in Revue Internationale de Philosophie , n°13, juillet 1950.

62 . Dans ce sens, Marx fait de la macrosociologie, la Sociométrie américaine fait de la microsociologie.

Pour citer cet article

Référence électronique.

Henri Janne , «  Introduction à la Sociologie Générale   » ,  SociologieS [En ligne], Découvertes / Redécouvertes, mis en ligne le 05 novembre 2009 , consulté le 17 mai 2024 . URL  : http://journals.openedition.org/sociologies/2964 ; DOI  : https://doi.org/10.4000/sociologies.2964

Henri Janne

(1908-1991)- Université libre de Bruxelles (Belgique)

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0 . Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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Prépa HEC : la méthode complète de la dissertation ESH 💵

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L a dissertation ESH (économie, sociologie et histoire) est une des épreuves les plus difficiles aux concours. On s’est rendu compte qu’il n’existait pas de méthode très détaillée disponible en ligne : on se devait de t’écrire une méthode aux petits oignons ! 🔥

Tu le sais peut-être, j’adore l’ESH. J’ai eu trois 20/20 aux concours dans cette matière. Mais j’ai pris beaucoup de temps pour comprendre comment faire une bonne dissert’. J’ai donc aussi fait le tour de nos Sherpas pour leur demander leurs astuces et tout condensé dans cet article de méthode.

On espère que ça te sera très utile 😉

Attendus et principes fondateurs de l’épreuve d’ESH aux concours BCE 🏆

L’ambition de la dissertation d’ESH est de prouver à l’aide d’une grille de lecture théorique, historique et pratique ta compréhension et ta maîtrise des grands enjeux économiques actuels.

Au sein d’une dissertation, tu dois parvenir à mener un raisonnement économique complexe, allant bien plus loin que des discussions au café du commerce, en articulant et en faisant dialoguer la pensée de nombreux auteurs, exemples, données et graphiques. Il s’agit donc d’aller au-delà de leurs différentes pensées (qui ne sont pas toujours si simples que cela) pour les faire dialoguer, et proposer des analyses de ton cru sur les grands enjeux d’hier, d’aujourd’hui et de demain… le tout en restant clair.

Le barème de la dissertation d’ESH 💯

0-12/20 : tu fais de la récitation, ton plan ne tient pas la route, la copie est pauvre en références.

12-14/20 : ton plan commence à être correct, tu as un nombre correct de références, mais tu peux peaufiner et être plus fin.

14-20/20 : les points se gagnent sur la finesse de ton plan et sur de nombreux détails dont les références, graphiques, citations…

Great News ! Si tu sais faire un plan, tu as a priori au moins 12 !

Soigne absolument ton intro, la définition des termes du sujet et ton annonce de plan. Ce sera ta première rencontre avec le correcteur, il s’agit de ne pas finir dans le « mauvais » paquet de copies ( i.e ta note < 10). Plus ta copie sera de qualité, plus elle sera lue en entier, plus la différence se fera sur les détails.

Stratégie de devoir quand tu fais une dissertation ESH 🎯

Voici les petites choses que tu dois savoir pour bien réussir en épreuve :

  • Tu as dix minutes pour convaincre et c’est une vraie opportunité.
  • C’est une question d’idées et de structure : ton correcteur va lire ton introduction (3 minutes), ta conclusion (1 minute), lire les transitions (1min30), passer en revue les 3-4 premières phrases de ta première, deuxième, troisième partie (1min 30) et parcourir ta copie rapidement pour être sûr de ne rien manquer et voir si quelque chose titille son intérêt (1 à 2 minutes). Plus ta copie est bonne, plus elle sera lue intégralement pour la différencier des copies du même niveau (d’où le fait que le meilleures notes se jouent sur les détails). Gribouillage d’un chiffre sur 20. Au suivant.
  • N’axe pas trop ta dissertation sur des problèmes économiques, sans mise en perspective historique au risque d’être sanctionné par les jurys. Il faut vraiment avoir ce mouvement de va-et-vient entre histoire économique et mécanismes. Tu dois être capable d’analyser un problème économique en balayant l’histoire, mais aussi au regard des grands mécanismes et théories qui régissent l‘économie.
  • Investis beaucoup de temps à apprendre à construire ta dissertation : c’est sûrement le plus important. Élaborer une bonne introduction et apprendre à construire un plan est essentiel. Apprendre comment dérouler tes idées est tout aussi important. La problématique est en revanche plus secondaire en ESH, nous le verrons bientôt.
  • Un plan en trois parties (bien fait) sera toujours supérieur à un plan à deux parties du même niveau. Les trois parties permettent d’introduire plus facilement de la progressivité dans la pensée, tandis que les plans à deux parties sont logiquement plus binaires. Bien sûr, mieux vaut faire un plan à deux parties très solide, qu’un plan à trois parties bancal. Mais à priori, avec l’entraînement approprié, tu ne feras jamais de plan en deux parties.
  • Structure toujours tes arguments (les fameux blocs) de la même façon. Un argument appartient à un ou des auteurs, c’est une idée, qui est ensuite défendue avec une ou des référence(s), puis éventuellement des exemples (citation, statistique, exemple historique), ils s’enrichissent entre eux. Varie les auteurs invoqués et évite d’utiliser deux fois un même auteur dans une copie.
  • Précisions selon les écoles : les sujets ont une dimension plus historique à HEC et Ecricome, tandis qu’ils sont souvent plus théoriques à ESCP et ESSEC. Les attentes restent sinon semblables entre les écoles et les banques d’épreuves.
  • Imprègne-toi rapidement des rapports du jury pour savoir ce que les correcteurs attendent le jour J. Lire de très bonnes et très mauvaises copies est aussi une excellente idée.

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La dissertation ESH en prépa HEC : le coeur de la méthode 💖

On vient de te distribuer le sujet, tu le retournes…c’est parti !

NB : Les temps donnés à partir d’ici sont des maximums indicatifs. Tu dois tendre à minimiser, sans bâcler, la phase de conception, pour avoir le temps de super bien rédiger. Un bon équilibre une fois entraîné c’est 1h15-1h30 de conception, 2h30 de rédaction, si tu parviens à tendre vers les 3h de rédaction, c’est l’idéal.

1. Découvre le sujet puis analyse ses termes (5min)

Dresse un cadre spatio-temporel, analyse les termes un à un, puis ensemble. C’est maintenant que tu dois parfaitement les définir, afin de préparer ce passage essentiel de l’intro.

Prendre le temps de cette analyse est indispensable, cela t’évitera de foncer tête baissée pour faire de la récitation. Même si tu as déjà traité un sujet proche, il est capital de toujours faire une analyse puis un plan sur-mesure. Le risque est trop grand de faire de l’aplat de connaissance qui te ferait alors passer sous la moyenne.

2. Pose–toi trois questions face à l’intitulé d’une dissertation en ESH (5min)

A. Pourquoi ce sujet ? 🤓 Le sujet ne tombe pas au hasard, que teste-t-il ? Quels chapitres ? Pourquoi cette question sous cette forme ? Quel est le piège ? Que veut-on évaluer ?

B. Quelle est l’actu du sujet ? 🔥 Tous les sujets de concours sont liés à une actualité de l’année qui est aussi un sujet de fond des 10 dernières années. De quoi s’agit-il ?

C. Quelle est la réponse au sujet ? 🔍 C’est là que tu vas formuler la première version de ta phrase à grand-mère.

3. Il est temps d’y trouver une réponse (10-20min)

Utilise la méthode de la « phrase à grand-mère » pour construire ton plan. Tous les sujets de concours sont des questions économiques finalement assez simples, que ta grand-mère pourrait te poser, mais qui amènent des réponses économiques complexes.

Mais puisque c’est ta grand-mère qui te pose la question, tu dois essayer de formuler une réponse synthétique, qui reste compréhensible pour elle et ceci sans occulter la complexité du sujet.

La « phrase à grand-mère », c’est une longue phrase, réponse directe au sujet, divisée par des virgules en 3 sous phrases, que ta grand-mère pourrait tout de même comprendre. Chaque sous-phrase est une idée directrice, qui sera elle-même ensuite sous-divisée par de nombreuses autres idées que seront les blocs.

Prenons un sujet en exemple : « Contre le chômage, a-t-on tout essayé ? »

Commence donc par te donner la réponse à toi-même : «  Non ! On a essayé beaucoup de choses, mais il est évident qu’il y a mieux à faire. Il est difficile de lutter contre le chômage, car le marché du travail est à l’intersection de tous les marchés avec le marché du capital. De fait, il faut le considérer individuellement, mais aussi en relation avec toute l’économie. D’où une multiplication des paramètres à prendre en compte qui rend la lutte contre le chômage complexe  ».

C’est un réponse que ta mamie devrait pouvoir comprendre ! Maintenant il va s’agir de rendre le tout plus rigoureux et plus complexe, pour prendre en compte tous les versants de ton argumentation.

Voici un premier jet de plan pour ta dissertation d’ESH : «  Si on a pu penser que le chômage était volontaire, il est en réalité aussi involontaire (I), le chômage dépend de comportements rationnels microéconomiquement, qui sont irrationnels macro-économiquement (II), ce qui rend l’instigation de politiques efficaces contre le chômage difficile et complexe, mais pas impossible, surtout avec de la croissance ! (III).  »

Tu dois forcément avoir des implications successives entre tes parties : P1 ➡️ P2 ➡️ P3

NB : Tous les plans où l’on peut interchanger l’ordre des parties sont mauvais. Les plans du style Oui, non, mais / Non, mais, oui / Peut-être que oui, Peut-être que non… etc. sont à proscrire ! Ils ne permettent pas de progressivité de l’argumentation. Eh oui : la phrase à grand-mère peut-être longue. Note l’importance du fait qu’il s’agisse bien d’une longue phrase divisée par des virgules en 3 sous-phrases : mettre un point entre tes parties empêchera toute relation d’implication, et impliquera une coupure dans ton raisonnement.

Poursuis ensuite tes itérations, et affine : «  Si on a pu penser qu’il existait un chômage volontaire (lié à une rigidité des salaires à la baisse), le Chômage est surtout involontaire, lié à la conjoncture et aux anticipations (I), les rigidités de nombreux marchés sont de nature à influer sur le niveau et la durabilité du chômage, elles sont à lier à des comportements qui bien que rationnels rendent la lutte contre le chômage délicate. Le chômage est une conséquence de comportements internes au marché du travail mais aussi de rigidités sur l’ensemble des marchés (II), un constat subsiste, les dernières mesures engagées notamment en France et en Europe n’ont pas été de francs succès. Il semble que la baisse du chômage soit principalement due à un retour de la croissance (III).  »

Enfin, munis-toi de 3 feuilles de brouillon (1 par partie) et n’écris qu’au recto de celles-ci après avoir inscrit la partie de ta phrase à GM correspondante en haut de chacune d’elle.

Phrase à grand-mère

4. Charge tes parties simultanément (25min-1h20) en fonction de ta rapidité 🚀

Utilise une structure en blocs, c’est comme du Lego ! Les blocs sont le secret pour construire très rapidement tes copies en dissertation d’ESH sans réinventer la roue. De là, tu réduis le temps de conception, et tu maximises ton temps de rédaction.

👉🏻 Charge ton plan comme suit, et n’hésite pas à utiliser des abréviations pour gagner du temps 👈🏻

I. Si on a pu penser qu’il existait un chômage volontaire (lié à une rigidité des salaires à la baisse), le chômage est surtout involontaire, lié à la conjoncture et aux anticipations (I)

A. Il existe un chômage volontaire lié aux rigidités des salaires à la baisse.

1. Le marché grâce à des mécanismes d’ajustements de prix s’autorégule, tout chômage subsistant est soit frictionnel, soit volontaire. (WALRAS) 2. …

B. Mais le U est caractéristique de période de ↘ de l’activité, de récession : il est donc subi.

3. Le chômage involontaire est un mal observable (CHURCHILL). 4. L’explication du chômage involontaire (KEYNES). 5. On peut lutter contre le chômage grâce à des politiques adaptées et assurer en cela le « fine tuning » de l’économie… (ISLM : HICKS & HANSEN, Courbe de PHILIPS, SAMUELSON, LIPSEY) 6. L’efficacité des politiques de lutte contre le chômage est remise en cause. (FRIEDMAN). …

NB : À tes débuts, vise 5 blocs par partie. En progressant, tu devrais réussir à atteindre les 7 (niveau concours) puis les 9 (très bon candidat). Comme tes parties, tes blocs doivent s’enchaîner : I.7 —> II.1 etc… Tu peux donc avoir jusqu’à 27 blocs, (i.e idées), dans ta copie pour asseoir ta démonstration. Enchaîner les idées est l’assurance de démontrer et non de raconter.

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5. L’introduction en dissertation d’ESH (20-30min) 💃🏼

Tout correcteur te le dira : après la lecture d’une introduction, on sait à plus ou moins 2 points quelle note la copie va avoir. Soigne ta première rencontre avec le correcteur, elle est décisive !

a. Tu peux commencer par une citation. Le but de cette citation est de montrer implicitement au correcteur que tu as compris les grands enjeux du sujet. N’hésite pas à te constituer un stock de citations à cet effet. L’usage est simple dans la copie. Tu commences par ta « Citation », puis tu fais une petite phrase de commentaire. Pas de fioritures, le but est de montrer que tu smart, sans (trop) se la raconter.

Par exemple pour le sujet ESCP 2014 «  Existe-il une fiscalité optimale ? », j’avais commencé mon 20/20 par une citation :

«  En France, on plante des fonctionnaires et il pousse des impôts  » disait Georges CLEMENCEAU. Cette remarque incite logiquement à s’interroger…blabla.(4-5 lignes max). (Alinéa) On entend par fiscalité …(début de la phase de définition).

Si tu ne te sens pas très à l’aise avec l’exercice de la citation, ne te l’impose pas, et commence avec des définitions ultra-rigoureuse. Cela reste l’essentiel. Tu pourras enrichir tes copies avec des citations plus tard dans l’année.

b. Définis parfaitement les termes du sujet SANS JUXTAPOSER les définitions, puis commence à problématiser pour faire émerger les problèmes. C’est un moment déterminant : si tu oublies de définir certains termes, ou que tes définitions sont imparfaites, tu vas directement être mis dans le mauvais paquet de copie (i.e note < 10).

Une mauvaise phase de définition juxtaposera les définitions, sans les lier, au moins implicitement. Une bonne phase de définition les enchaînera, et tout sera parfaitement fluide.

Voici ce que cela donne sur un sujet comme « Faut-il combattre la déflation ? ».

«  On entend par déflation un phénomène de baisse cumulative et durable du niveau général des prix. La déflation engendre souvent la récession, qui est une baisse du niveau de croissance, qui elle-même provoque du chômage, engendrant l’apparition d’un cercle vicieux…etc » est un exemple où les définitions sont enchaînées, et où on comprend pourquoi elles le sont. On glisse progressivement de la définition principale à des définitions plus secondaires, qui vont nous permettre d’affiner le raisonnement pour tendre progressivement vers la problématique.

c. En ESH, à l’usage, la « problématique parfaite » est un mythe. Ce qui compte, c’est ton annonce de plan (et donc ton plan). Cela même si « trouver la bonne problématique » est la marotte d’un bon nombre d’enseignants. Le Jour J, tu seras noté sur ta capacité à réfléchir, à démontrer et à construire une démonstration, pas sur ta capacité à réciter. À partir de là, la problématique peut sans aucun problème reprendre l’intitulé du sujet, éventuellement en l’adaptant un peu (pour éviter une impression de foutage de gueule que peuvent avoir les correcteurs les plus âgés), tout en sachant que c’est le plan et surtout son annonce qui sont déterminants.

d. Annonce ton plan. Pour cela, recopie ta phrase à Ggand-mère telle quelle, en indiquant bien (I), (II), (III). Avec des virgules. Pas de formulation scolaire, par pitié, on n’est plus au lycée !

En termes de timing : tu vas faire 3 passages sur cette intro : premier jet (10min), corrections (5-10min), recopie et derniers ajustements (5min). C’est ta première rencontre avec ton correcteur, c’est un peu un date, tu dois le séduire à la première lecture !

6. Rédaction (mini 2h) ✒️

Introduction (2 pages) P1 : Micro-intro (4-6 lignes) Corps de la P1 Transition 1 —> 2 (5-8lignes) —> Corps de la P2 Transition 2 —> 3 (5-8lignes) Corps de la P3 (Peut être un peu plus longue que la P1 et la P2). P3 : Micro-Conclu (4-6 lignes) Conclusion (8 à 12 lignes)

N’oublie pas l’enjeu clé de ta dissertation d’ESH : ton fil directeur ! 💎 Ta dissertation d’ESH va être lue en diagonale, tu dois donc tout faire pour faciliter la vie de ton correcteur. Un bon fil directeur, cela passe par une bonne intro, une bonne conclu, des auteurs et éléments clefs mis en avant de manière stratégique, et de bonnes transitions.

D’où l’importance de transitions solides (8-12 lignes environ) : Il s’agit de faire un paragraphe de transition entre chaque partie. Qui regroupe une micro-conclusion (conclu-partielle) des avancées de la partie précédente, et une micro-introduction (intro-partielle) de ce qu’il va se passer dans la partie suivante. Il est plus intéressant d’unifier le tout dans un paragraphe unique, tu peux alors rajouter du liant pour rendre ta pensée plus fluide.

Privilégie la densité à la quantité dans tes copies. La limite des 8 pages n’en est pas vraiment une, dès que tu ne fais pas de la récitation, t que ton plan tient la route. Le niveau de l’épreuve est élevé : les meilleures copies font souvent dans les 16 pages, les candidats exceptionnels rendant souvent plus de 24 pages. Et crois-nous, c’est très dense dans tous les cas !

Il est probable que tu viennes de t’étrangler en lisant cette dernière ligne ! 😂 Comment est-il possible d’autant écrire ? Tout simplement en étant très rapide pendant la phase de conception, car très bien entraîné : les meilleurs candidats utilisent des blocs, ils les connaissent très bien, jonglent avec et commencent à écrire au bout de 40min.

Attention : Le but n’est pas de bâcler ta conception, mais de t’indiquer un objectif vers lequel tu dois tendre ! Un plan merdique entraînera toujours une note rédhibitoire, même si la copie est longue, prends le temps dont tu as besoin pour faire ton plan. Le volume vient à l’entraînement, avec le temps. En bizuth, il est normal d’avoir du mal à dépasser les 2 copies doubles (d’autant que les sujets donnés ne permettent pas de faire plus), au fur et mesure on te proposera des sujets de plus en plus larges comme aux concours, tu augmenteras ton nombre de copies doubles, pour tendre vers les 4 à 5. On arrive ensuite à plus de 20 pages le jour J car les copies de concours comptent moins de lignes que des copies classiques.

7. La conclusion idéale pour une dissertation d’ESH 💖

Une règle d’or : rédige tout le temps ta conclusion 10 min avant la fin (et jamais au brouillon). La rédiger avant c’est prendre le risque que la destination de ta copie change ou s’ajuste en cours de route. Tu devras jeter à la poubelle ta première conclusion (10 min perdue) et en refaire une (10 min again).

1. Rédige au fil de la plume. Commence par : «  Ainsi, … »

2. Puis va relire ta problématique, et réponds à cette question avec les points clés de l’argumentation que tu as mis en œuvre. Sans paraphraser ton plan.

3. Tu peux enfin ouvrir. Ce n’est pas indispensable, mais c’est toujours mieux.

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Avec plaisir Raphael ! 😉

Salut! Que contient un bloc svp? Comment le former? Merci d’avance😉

Hello Raphael !

Comme dit dans le Préambule : un bloc c’est une idée, défendue par un ou plusieurs auteurs, à l’aide d’un ou de plusieurs exemples, graphiques, chiffres, dates…

Soit ton prof construit de lui-même des blocs (c’est mieux), soit c’est à toi de le faire au moment du fichage de ton cours ! 😉

Bon Dimanche,

Bon courage Alex ! 😉

Salut! Pourrais-tu me donner une fourchette du nombre de blocs que tu conseilles d’avoir par chapitre? Par exemple, combien devrais-je avoir de blocs approximativement dans le chapitre sur les théories de la firme?

Hello Alexandre,

Si tu commences avec la méthode, je te conseille d’y aller doucement : 5 blocs par partie pour commencer c’est bien. Pourquoi un nombre impair ? Parce que les blocs sont de tailles différentes en fonction de ton cours. Vu qu’un bloc c’est par essence une idée, certains peuvent être très longs, d’autre bien plus courts, donc en général avec 5 blocs tu as un juste milieu ! En mode P1 (A. B1,B2 B. B3 C. B4,B5) par exemple.

Une fois que tu seras à l’aise avec 5 blocs par partie (c.-à-d. des copies avec 15 blocs, donc 15 idées au total), le next step, sera de passer à 7 blocs par parties (soit 21 arguments) qui est plus ce que je te conseille pour les concours.

Perso j’étais à 9 blocs par parties (donc 27 arguments par copies), mais c’est vraiment parce que l’ESH était ma matière forte (j’ai eu 20/20, mais j’étais une grosse quiche en Maths 😅), et que j’avais un super cours qui me permettait de faire ça ! (C’est d’ailleurs pour ceux qui n’ont pas un cours au top qu’on a créé les Dissertations d’ESH avec William !)

Donc pour ton chapitre sur la firme, commence par 5 blocs/parties, ou 7 si tu es déjà chaud, après ça dépend aussi de ton cours 😉

Voilà voilà !

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  • Thèse de doctorat

Introduction de thèse de doctorat

Publié le 14 février 2019 par Justine Debret . Mis à jour le 7 mai 2020.

L’introduction d’une thèse de doctorat peut être très longue et constitue même une sorte de “Chapitre 0”. Elle effectue un travail de familiarisation du lecteur avec le sujet.

Astuce en or Scribbr s’occupe de la  relecture et correction de votre thèse !  Nous corrigeons les fautes et le style.

Table des matières

Le but de l’introduction d’une thèse, quand faire l’introduction de sa thèse , la structure d’une introduction de thèse de doctorat, exemple d’introduction de thèse de doctorat.

L’introduction d’une thèse a pour objectif de susciter l’intérêt du lecteur en présentant clairement le problème traité.

Elle doit aussi permettre de combler l’écart de connaissances sur le sujet qui peut exister entre l’auteur et le lecteur, en expliquant les concepts du sujet et la méthode utilisée.

L’introduction d’une thèse présente aussi les raisons qui ont motivé :

  • le choix du travail
  • la problématique
  • l’hypothèse de départ

En écho, la conclusion indiquera la réponse qu’on peut donner à la question posée (ou l’impossibilité de répondre).

Où mettre l’introduction ?  Elle se situe juste après votre sommaire (ou après votre glossaire, liste des tableaux et figures, ou liste des abréviations si vous en avez).

La taille d’une introduction de thèse ? L’introduction d’une thèse de doctorat n’a pas de taille limite (sauf si vous avez des consignes particulières !). Il s’agit en fait d’un chapitre de la thèse et elle peut très bien faire plus de 30 pages.

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La première version de l’introduction d’une thèse est une sorte de cadrage initial du travail qu’on va soumettre à son directeur de thèse (c’est un peu le projet de recherche de la thèse).

La version finale est rédigée à la fin, car l’introduction doit faire écho à la conclusion finale de la thèse.

Contrairement aux introductions des mémoires ou autres documents académiques, l’introduction d’une thèse de doctorat s’organise comme un chapitre. Elle a donc des parties et sous-parties titrées.

Une introduction de thèse doit également apporter certaines informations (voir ci-dessous).

L’exemple ci-dessous respecte parfaitement la structure d’une introduction de thèse de doctorat.

Télécharger l’exemple

Source  (disponible en ligne ) : Olivier ROUSTANT, PRODUITS DÉRIVÉS CLIMATIQUES : ASPECTS ÉCONOMÉTRIQUES ET FINANCIERS, soutenue publiquement le lundi 7 juillet 2003 – UNIVERSITÉ CLAUDE BERNARD – LYON I .

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Debret, J. (2020, 07 mai). Introduction de thèse de doctorat. Scribbr. Consulté le 14 mai 2024, de https://www.scribbr.fr/these-doctorat/introduction-these/

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Justine Debret

Justine Debret

D'autres étudiants ont aussi consulté..., doctorats et cotutelles de thèse, la soutenance de thèse de doctorat, projet de thèse de doctorat : rédaction et exemples.

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La dissertation sociologique

La dissertation sociologique - nouvelle présentation

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Présentation du livre

nouvelle présentation

Cet ouvrage propose une méthodologie qui éclairera les étudiants sur les attentes des correcteurs et les aidera à déjouer certains pièges. L'accent est mis sur la lecture attentive du libellé et le repérage du champ d'étude ; l'organisation des idées et l'élaboration du plan ; la rigueur de l'expression et l'efficacité de la communication ; les prérequis et les savoirs de base . Une trentaine de sujets, donnés lors de différentes sessions d'examen, servent de support à la réflexion et permettent d'approfondir diverses problématiques. Quatre grands domaines sont privilégiés : la stratification et les hiérarchies, la socialisation et la déviance, le travail et les organisations, l'action collective et la régulation. Pour chaque thématique, une fiche technique est établie, qui précise les mots clés, les auteurs de référence et les types de plan possibles. Des conseils de lecture sont également donnés. L'ouvrage s'adresse en priorité aux étudiants des cycles L et M en sciences sociales, à tous ceux qui préparent des concours (CAPES ou agrégation, IUFM IEP...), ainsi qu'aux enseignants de SES ou qui exercent en formation continue. Gilles Ferréol, agrégé de sciences sociales, est professeur à l'université de Poitiers, où il assure la direction du département de Sociologie et du LARESCO-ICOTEM. Président du jury du concours de l'agrégation interne de SES, il est l'auteur de très nombreuses publications dont, chez Armand Colin, un Lexique des sciences sociales (2000), une Méthodologie des sciences sociales (1993), une Introduction à la sociologie (5e édition, 2000) et un Dictionnaire de sociologie (2e édition, 1995).

Éléments de méthodologie. Comprendre et cibler. Rechercher et organiser les idées. S'exprimer pour communiquer efficacement. L'art de la dissertation. Illustrations . Stratifications et hiérarchies. Le processus de socialisation. Travail et organisation. Action collective et régulation sociale.

Sommaire de l'ouvrage

Auteur(s) de l'ouvrage.

Gilles Ferréol

Caractéristiques du livre

Suggestions personnalisées.

Dictionnaire de sociologie

L’introduction de la dissertation : méthode

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comment faire une introduction de dissertation

Paradoxalement, s’il s’agit de la première partie de ta dissertation, l’introduction ne se rédige pourtant jamais en début d’épreuve.

Ce n’est qu’après avoir élaboré ton plan détaillé et ta problématique au brouillon qu’il est possible d’envisager la rédaction de ton introduction.

Au bac de français, l’introduction de dissertation est concise : il s’agit d’un seul paragraphe de 10 à 15 lignes , qui commence par un alinéa et contient quatre étapes :

  • L’amorce ou accroche
  • La présentation du sujet
  • la problématisation
  • L’annonce de plan

Comme elle constitue le premier contact avec l’examinateur, ton introduction doit être particulièrement soignée .

Relis-la plusieurs fois pour corriger les fautes d’orthographe. Tu dois faire ton maximum pour laisser à ton lecteur une impression favorable.

D’ailleurs, faisons le test.

Imagine-toi quelques secondes dans la peau d’un examinateur à la fin du mois de juin : tu as une semaine pour corriger un tas de copies (70 à vue d’oeil).

Tu regardes ta montre : il est déjà tard, tu es fatigué et tu as le dîner à préparer.

Tu prends quand même le premier devoir en haut du tas.

Un simple coup d’oeil t’informe tout de suite que l’introduction de cette première copie ne respecte pas les codes de l’exercice : elle ne contient que deux phrases qui se battent en duel.

Tu pousses un soupir… Franchement, si l’élève ne sait toujours pas faire une introduction, ça ne promet rien de bon pour le développement…

Et tu commences la correction de la copie avec un a priori négatif.

Comme élève, est-ce l’impression que tu as envie de donner avec ta copie ? Évidemment non.

Il faut donc inverser la donne. Ton introduction doit envoyer d’entrée de jeu un message positif à ton correcteur , lui donner une impression favorable.

Pour cela, suis ma méthode de l’introduction en 4 étapes :

Étape 1 – Fais une accroche (ou amorce)

Faire une accroche, c’est susciter l’intérêt du professeur, capter son attention avec une phrase qui inscrit le sujet dans un contexte plus général.

Ce contexte plus général peut être :

– Une remarque sur l’objet d’étude ou le genre littéraire – Une remarque sur le contexte historique – Une remarque sur le contexte littéraire ou culturel – Une citation d’auteur – Une remarque sur ton expérience de lecteur ou de spectateur

L’accroche : exemples

Prenons le sujet : Le romancier doit-il nécessairement faire de ses personnages des êtres extraordinaires ?

On peut imaginer plusieurs entrées en matière possibles :

Accroche n°1 :

Le conte est par excellence le genre de l’extraordinaire : on y trouve beaucoup de magie et de personnages aux qualités ou aux destinées exceptionnelles. Mais ce modèle est-il applicable au roman ? (accroche tirée d’une remarque sur le genre littéraire).

Accroche n°2 :

Le héros des premiers romans de chevalerie du XIIème siècle sont des héros extraordinaires, cumulant prouesses morales et physiques, à l’instar des héros de l’antiquité comme Ulysse ou Hector. (accroche tirée d’une remarque sur l’objet d’étude). Mais le romancier doit-il nécessairement faire de ses personnages des êtres extraordinaires ? (présentation du sujet)

Accroche n° 3 :

Le personnage extraordinaire, qui suscite l’admiration, fait vivre au lecteur des sensations peu communes, qui lui restent en mémoire (accroche tirée de ton expérience de lecteur). Mais le romancier doit-il nécessairement faire de ses personnages des êtres extraordinaires ? (présentation de la question).

Ces exemples t’aident-ils à y voir plus clair ?

Il existe donc pour chaque sujet de nombreuses possibilités d’accroches. Pioche dans tes connaissances pour formuler une accroche originale et personnelle qui permet d’amener le sujet.

L’accroche de l’introduction : l’erreur à éviter

Il n’y a qu’une erreur à éviter au commencement de ta dissertation : n’ouvre JAMAIS ton devoir par une généralité comme :

De tout temps, les hommes se sont raconté des histoires… Depuis toujours… Depuis la nuit des temps, les hommes…

Les phrases ci-dessus sont des phrases « tarte à la crème » à BANNIR de ton vocabulaire car elles constituent des clichés faux et insipides, des lieux communs.

Si tu sèches sur ton amorce, tu peux toujours commencer ton introduction directement par l’étape n°2 : la présentation du sujet.

C’est moins orthodoxe, mais fais-moi confiance : mieux vaut cela qu’une amorce « tarte à la crème » qui agacerait ton correcteur.

Étape 2 – Introduis le sujet

La présentation du sujet est l’étape la plus facile à réaliser.

Elle consiste simplement à rappeler l’énoncé de ton sujet dans son intégralité, comme si ton correcteur ne l’avait jamais lu .

Par exemple :

Le héros des premiers romans de chevalerie du XIIème siècle sont des héros extraordinaires, cumulant prouesses morales et physiques, à l’instar des héros de l’antiquité comme Ulysse ou Hector. (accroche tirée d’une remarque sur l’objet d’étude). Mais le romancier doit-il nécessairement faire de ses personnages des êtres extraordinaires ? [j’énonce le libellé du sujet dans son intégralité, comme si le correcteur ne l’avait jamais lu]

Si l’énoncé du sujet contient une citation, recopie intégralement la citation et de mentionne le nom de l’auteur.

A cette étape, il est aussi possible de définir les termes du sujet.

Facile, non ?

Alors on passe à l’étape suivante : la problématisation du sujet.

Étape 3 – Problématise le sujet

C’est le moment de formuler ta problématique qui, je te le rappelle, se distingue de la question du sujet.

Contrairement à une idée reçue, la problématique n’est pas une reformulation du sujet.

Ta problématique correspond à une ou plusieurs questions qui découlent de ton analyse du sujet . Elle exprime le ou les problèmes que pose le sujet.

Par exemple, pour le sujet «  Le romancier doit-il nécessairement faire de ses personnages des êtres extraordinaires ? », la problématique pourrait être :

Qu’attend le lecteur des personnages que le romancier lui présente ?

Attention, lorsque tu exposes ta problématique, à ne pas confondre question directe et indirecte. Cette faute de syntaxe te pénalise.

Formule ta problématique sous une forme directe ou indirecte (mais ne mélange pas les deux) :

Question directe : Qu’attend le lecteur des personnages que le romancier lui présente ? (Inversion sujet-verbe et point d’interrogation)

Question indirecte : On peut dès lors se demander ce que le lecteur attend des personnages que le romancier lui présente. (Pas d’inversion sujet-verbe et pas de point d’interrogation)

Étape 4 – L’annonce de plan

Il ne reste plus qu’à annoncer ton plan de façon explicite . Par exemple :

Après avoir vu que les personnages extraordinaires fascinent le lecteur, nous verrons que les personnages ordinaires suscitent aussi son intérêt. Nous nous demanderons enfin si le personnage de roman n’est pas une construction plus complexe qui échappe à la binarité ordinaire/extraordinaire.

Mon conseil : n’utilise pas d’expression comme « Dans une première partie », « Dans une deuxième partie ». Ces expressions sont trop scolaires pour un niveau lycée. Remplace-les par des formules plus légères :

Après avoir analysé (ta première partie), nous verrons que (ta deuxième partie) pour nous demander enfin si (ta troisième partie).

Bien sûr, ton annonce de plan doit tenir ses promesses . Le développement de ta dissertation devra donc respecter scrupuleusement le plan annoncé en introduction.

Exemple d’introduction intégralement rédigée

Dans cet article, nous avons travaillé sur le sujet suivant :

Le romancier doit-il nécessairement faire de ses personnages des êtres extraordinaires ?

Si l’on met bout à bout chaque étape de la méthode, on aboutit à l’introduction de dissertation suivante :

                  Le héros des premiers romans de chevalerie du XIIème siècle sont des héros extraordinaires, cumulant prouesses morales et physiques, à l’instar des héros de l’antiquité comme Ulysse ou Hector. [accroche tirée d’une remarque sur l’objet d’étude] . Mais le romancier doit-il nécessairement faire de ses personnages des êtres extraordinaires ? [Introduction du sujet] Qu’attend le lecteur des personnages que le romancier lui présente ? [Problématisation] Après avoir vu que les personnages extraordinaires fascinent le lecteur, nous verrons que les personnages ordinaires suscitent aussi son intérêt. Nous nous demanderons enfin si le personnage de roman n’est pas une construction plus complexe qui échappe à la binarité ordinaire/extraordinaire. [Annonce du plan de la dissertation]

Comme tu le remarques, mon introduction est brève, concise et structurée. Elle débute par un alinéa et ne fait que 10 à 15 lignes.

À ton tour de faire pareil !

Tu dois rédiger une dissertation ? Regarde aussi :

♦ Comment analyser un sujet de dissertation ♦ Comment réussir la conclusion de ta dissertation ♦ Comment trouver un plan de dissertation ♦ Exemple de dissertation rédigée

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exemple d'introduction de dissertation sociologie

Qui suis-je ?

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Amélie Vioux

Je suis professeur particulier spécialisée dans la préparation du bac de français (2nde et 1re).

Sur mon site, tu trouveras des analyses, cours et conseils simples, directs, et facilement applicables pour augmenter tes notes en 2-3 semaines.

Je crée des formations en ligne sur commentairecompose.fr depuis 12 ans.

Tu peux également retrouver mes conseils dans mon livre Réussis ton bac de français 2024 aux éditions Hachette.

J'ai également publié une version de ce livre pour les séries technologiques ici.

11 commentaires

Clair, précis, agréable a lire Je n’ai rien d’autre a rajouter si ce n’est : merci !

J’aime vraiment vos exemple d’introduction et vos démarches Infiniment merci

Bonjour, je suis en 1ère et je suis dans l’apprentissage pour faire une introduction de dissertation. Je tiens aussi à vous remercier pour ce que vous faites pour nous, jeunes étudiants au lycée, c’est très aimable.

Puis-je vous demander votre avis?

Si oui, la voici.

SUJET = Alcools est-il un hymne à la modernité?

Au début du XXe siècle, la poésie se caractérise par sa variété et ses formes poétiques. C’est dans ce contexte que Guillaume Apollinaire écrit et publie un recueil poétique intitulé Alcools qui s’inscrit dans cette perspective de modernisation. Mais c’est là-dessus que nous allons nous poser la question : Alcools est-il un hymne à la modernité ? et donc Qu’est-ce qu’Alcools. Nous allons en discuter en deux temps; dans un premier temps nous allons voir que ce recueil conserve des aspects traditionnels, et puis dans un second moment nous allons étudier si Alcools renouvelle la poésie de manière moderne

Coucou Mélanie, Je ne suis pas du tout qualifiée pour t’aider puisque je ne suis qu’en 2nde, mais si je pouvais te donner mon avis, peut-être que tu pourrais faire en sorte que ta problématique en entier soit en question directe ou indirecte, par exemple « C’est donc là-dessus que nous nous demanderons si Alcools est bien un hymne à la modernité, et par conséquent ce qu’il est en tant qu’œuvre. ». Aussi, le « second moment » ne sonne pas très bien… Tu penses que ça irait si tu mettais « second temps » ? Après, on se retrouve avec un problème de répétition, donc on peut plutôt mettre « discuter en deux temps; nous verrons… en premier, puis dans un second temps nous nous demanderons… ». Ce n’est qu’un exemple et tu n’es pas obligée de le mettre s’il ne te convient pas, mais j’espère sincèrement avoir été utile !! Je te souhaite une excellente journée/soirée/matinée.

Super cool j’aimerais pouvoir faire une introduction sans problème

mdr, je partage votre avis puisque je trouve également le commentaire disconvenant d’autant plus que le personnage, nommer « emt « ,est plein de présomptions observation, dont contrairement à vous , je ne m’excuserez point si ce n’est que par la force de baïonnette !

Vos cours sont de grande qualité mais il est déplorable de me faire tutoyer à chaque phrase…

Si je puis me permettre, je vous ferais remarquer que la professeure ici présente a gentiment prise sur son temps libre afin de faire des cours en ligne disponible à tous; ce qui permet à de nombreux élèves d’améliorer leur niveau en français. Je trouve donc cela déplorable que vous vous sentiez obligé de venir briser les bijoux de famille si vous me permettez l’expression, pour une simple histoire de tutoiement.

bonjour je dois faire une dissertation, mon sujet est « selon vous vaut il mieux lire ou voir une pièce de théâtre ? » mais je ne sais pas comment commencer mon axe pourriez vous m’aider ?

Merci beaucoup ! ça aide vraiment 😀

C’est avec un grand intérêt que je vous suis . Tout est clair limpide Merci infiniment

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Dissertation sociologie du sport

Par MmeAmara   •  3 Mai 2021  •  Dissertation  •  2 053 Mots (9 Pages)  •  1 048 Vues

SOCIOLOGIE DU SPORT - LICENCE 2 - TOUS PARCOURS

Consigne : Veuillez déconstruire l’idée selon laquelle tou-te-s les sportif-ve-s seraient égales et égaux sur la ligne de départ. Il est attendu que vous mobilisiez le contenu des séances de cours (concepts sociologiques et articles discutés) pour étayer votre argumentaire

PARTIE 2 : DISSERTATION

Introduction

Si l’on conçoit l’idée selon laquelle tou-te-s les sportif-ve-s seraient égales et égaux sur la ligne de départ, comment expliquerions-nous pourquoi les femmes et les hommes ne concourent pas ensemble ? Pourquoi existent-ils des sports dit « pour filles » et « pour garçons » ? Car c’est évident que l’on a tous entendu cette fameuse phrase « le foot c’est pour les garçons et la danse pour les filles ».

La question d’égalité peut également se poser par rapport à la classe social. Effectivement pourquoi certains sports regroupent une certaine catégorie sociale de personne ? Pourquoi un athlète issu d’une catégorie sociale supérieure est-il plus avantagé et voit-il ses chances de réussite et d’accès à un sport plus importante qu’un athlète issus d’une catégorie sociale inférieure ?

                                                                                                                                                       

Afin de mieux comprendre ce phénomène et de répondre à ses questions j’aborderais dans une première partie la domination masculine dans le monde sportif de son commencement jusqu’à aujourd’hui. Puis dans une seconde partie j’évoquerais le rôle que joue la disposition sociale chez un athlète.

  • L’interminable domination masculine dans le monde sportif.

L’accès des femmes aux sports et à l’éducation physique depuis le XIXème siècle n’est certainement pas invisible, des manuels, des travaux universitaires, des ouvrages, des récits et enquêtes sont repérable de cette période initiale. Mais pour la quasi-totalité ils concernent LA femme ou, LES femmes, rapportés à une condition féminine, à un féminin « éternel », du moins universelle.

Ce qui explique cela est que le sport moderne   est depuis le début une affaire d’homme, il est pensé pour et par les hommes. Il a d’abord été une pratique réservée à ceux-ci, dans le but d’y entretenir leur virilité et donc de ce fait le sport moderne exclue les femmes.

Pour les hommes, il était inconcevable qu’une femme puisse être à la hauteur pour pratiquer un sport, ils ne les trouvaient pas à la hauteur, trop faibles. Pierre de Coubertin, l’auteur de la célèbre citation « L’important, c’est de participer. », faisait partie des hommes qui considéraient que les femmes n’avaient pas leur place dans le sport. Il a déclaré en 1925 : « Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte. Le véritable héro olympique est, à mes yeux, l’adulte mâle individuel. Les JO doivent être réservés aux hommes, le rôle des femmes devrait être avant tout de couronner les vainqueurs ».

En plus d’être exclue physiquement des pratiques sportives,   les femmes sont également exclues symboliquement dans les fédérations à haut budget, la sous-représentation des femmes dans les directions sportives est également présente. Même si ces organisations proposent des facilités pour l’accès aux femmes elles vont occulter la division sexuée du travail.

Caroline Chimot, dans Répartition sexuée des dirigeant(e)s au sein des organisations sportives françaises, propose   une enquête par questionnaire auprès de plusieurs organisations sportives françaises qui nous a permis de mettre en évidence des processus de répartition sexuée des postes de dirigeants dans les fédérations et comités olympiques sportifs français.

A travers ses écrits nous verrons que les organisations sportives demeurent un lieu de production et de reproduction de la division sexuelle du travail.

1) La division sexuelle du travail et les rapports sociaux de sexe dans le milieu sportif.

Le manque de données différenciées selon le sexe concernant les dirigeants des fédérations, CROS et CDOS de France a conduit Caroline Chimot à mener une enquête par questionnaire auprès de 233 organisations sportives françaises. Pour chaque organisation, elle a cherché à identifier le nombre de dirigeants, leur sexe et les postes qu’ils occupent. Au total, 156 questionnaires ont été renvoyés soit un taux de réponse global de 69,6 %. En ce qui concerne les retours, 23 fédérations uni sport olympiques ont répondu à l’enquête sur 29, 31 fédérations uni sport non olympiques sur 58, 16 fédérations multisports sur 22, 21 CROS sur 28 et 65 CDOS sur 96.

Cette étude est l’étape d’une recherche qui analyse de manière plus générale l’accès des femmes aux postes à responsabilités dans les organisations sportives, elle constitue une base indispensable à l’analyse afin d’établir un état des lieux quantitatif de cette répartition sexuée des dirigeants.

Il faut savoir que les femmes accédaient rarement aux responsabilités politiques dans le sport puisqu'elles représentaient seulement, à cette date, 3 % des présidents de comités régionaux, départementaux et de fédérations, 13,7 % des membres de bureaux, 3,5 % des présidents de fédérations, 3 % des directeurs techniques nationaux (DTN). Seules quatre fédérations sportives étaient, par ailleurs, présidées par des femmes.

Sept ans plus tard, les avancées restent très relatives : onze femmes sont aujourd'hui à la tête d'une fédération sportive. Elles représentent 15 % des cadres des fédération s,15,5 % des conseillers techniques régionaux (CTR), 18,3 % des conseillers techniques nationaux (CTN), 11,1 % des entraîneurs nationaux et 5 % des DT N.

Même si les femmes accèdent à des postes de direction, ces derniers se situent en général dans les domaines de production et de circulation des biens peu valorisés socialement. D’ailleurs, les postes de décision en haut de la hiérarchie du pouvoir dans les entreprises du sport (clubs sportifs professionnels), dans les entreprises en lien avec le sport (entreprises de commerce d’articles de sport par exemple) ou les administrations d’État et territoriales du sport sont en majorité occupés par des hommes.

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Exemples d’introduction de dissertation en philosophie

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Afin que vous compreniez mieux comment réaliser une bonne introduction de dissertation, je vous montre ici plusieurs exemples d’introduction de dissertation en philosophie sur des sujets différents, vous pouvez voir la méthode en VIDEO ici . Pour davantage d’information sur la méthode à suivre vous pouvez regarder cet article sur la manière de réussir son accroche , et ces deux autres articles sur la problématique et la méthode de l’introduction de manière plus générale.

Je vous rappelle que votre introduction de dissertation en philosophie doit comporter une accroche , un rappel du sujet, une problématique comprenant une définition des termes du sujet et une annonce de plan.

Pour plus de clarté, je précise à chaque fois entre parenthèses à quel élément de la méthode les différents passages de l’introduction correspondent. Par ailleurs, vous trouverez dans le sujet 1, un exemple d’accroche utilisant un exemple, et dans les sujets 2 et 3, des exemples d’accroches utilisant plutôt des citations.

Sujet 1 : Introduction philosophique : Avons-nous le devoir de faire le bonheur des autres ?

Dans le film « Into the Wild », le héro Christopher, s’enfuit pour partir vivre seule dans la nature. Il essaie, ainsi, d’échapper à l’influence de ses parents qui veulent pourtant son bonheur. Christopher rejette le mode de vie de ses parents, et pense, au contraire, être heureux en se détachant des choses matériels et en s’éloignant de la société. Ce faisant, on peut en déduire qu’il est souvent difficile de savoir ce qui rendra heureux un individu. Or, si nous ne savons pas réellement ce qui les rendra heureux, comment pourrait-on avoir le devoir de faire le bonheur des autres ? Et pourtant n’avons nous pas l’obligation, de leur donner au moins le minimum pour être heureux ? (Accroche qui montre le problème c’est-à-dire que la réponse au sujet n’est pas évidente) . Avons-nous alors le devoir de faire le bonheur des autres ? ( Rappel du sujet). A première vue , nous pourrions penser que nous avons effectivement le devoir de faire le bonheur des autres, car ce serait une obligation morale d’agir de manière à aider les autres à atteindre un état de satisfaction durable et global. En effet, rendre les autres heureux semble être une bonne chose et quelque chose que l’on peut rationnellement souhaiter. ( Première réponse au sujet ) Mais , n’est-ce alors pas vouloir imposer aux autres une certaine manière d’être heureux ? En prétendant faire le bonheur des autres, ne risque-t-on pas, au contraire, de faire son malheur ? Dans ce sens, dire que nous avons l’obligation de rendre les autres heureux pourrait être difficile à défendre car comment avoir le devoir de rendre les autres heureux si nous ne pouvons savoir ce qui les rendra effectivement tel ? (Deuxième réponse qui montre que la réponse au sujet n’est pas évidente) . Dans un premier temps, nous verrons

🚀🚀🚀 Pour plus de conseils de méthode et des fiches sur les grandes notions suivez-moi sur Instagram ici.

Sujet 2 : Prendre son temps, est-ce le perdre ?

« Nous n’avons pas reçu une vie brève, nous l’avons faite telle ». Sénèque dans De la Brièveté de la vie , remarque ainsi que les hommes qui se plaignent d’avoir une vie courte sont, en réalité, responsables de cela, car ce sont eux qui en perdant leur temps la rendent courte. Pourtant, si les hommes perdent leur temps selon lui, ça n’est pas parce qu’ils prendraient trop leur temps, mais parce qu’ils ne réfléchissent pas à la meilleur manière d’user de ce temps. Ils peuvent très bien s’agiter sans cesse et être fort occupés tout en perdant leur temps car ils ne l’utilisent à rien de significatif. ( Accroche ) Alors, prendre son temps, est-ce le perdre ? ( Rappel du sujet ) A première vue, si par prendre son temps, on entend faire les choses avec lenteur, alors prendre son temps, cela pourrait signifier le perdre car c’est oublier alors que nous sommes des êtres mortels et que notre temps est limité. Le temps est une chose trop précieuse pour que l’on n’y fasse pas attention. Celui qui est lent perd alors son temps. ( Première réponse un peu naïve qui repose sur une première définition de prendre son temps – première partie de la problématique) Mais , ne pourrait-on, au contraire, défendre l’idée que prendre son temps c’est au contraire bien en user ? Est-ce nécessairement parce que l’on agit vite et que l’on fait beaucoup de choses dans sa journée que l’on utilise bien son temps ? Nous pourrions, au contraire, remarquer que si nous occupons nos journées à des actions sans réel but alors nous perdons tout autant notre temps. Prendre son temps cela pourrait donc être, prendre possession de son temps en sachant précisément à quoi on l’utilise et pourquoi. ( Deuxième réponse qui repose sur une deuxième signification possible de « prendre son temps » et montre que la réponse au sujet n’est pas évidente – deuxième partie de la problématique ). Dans un premier temps, nous verrons que prendre son temps cela peut signifier le perdre, si nous sommes inconscients du caractère précieux du temps. Puis nous nous demanderons dans quelle mesure néanmoins prendre son temps et l’utiliser de manière réfléchie, ça n’est pas, au contraire, bien user de son temps. Enfin, nous envisagerons que quelque soit notre façon de vivre, il est inéluctable de perdre son temps dans la mesure où le temps est quelque chose qui nous échappe fondamentalement. (Annonce du plan)

Sujet 3 : Faut-il craindre la mort ?

« Il faut donc être sot pour dire avoir peur de la mort, non pas parce qu’elle serait un événement pénible, mais parce qu’on tremble en l’attendant. » Selon Epicure dans la Lettre à Ménécée , il n’est pas raisonnable de craindre la mort, car il définit la mort comme « absence de sensation ». De ce fait, la mort ne nous fait pas souffrir puisqu’elle est absence de sensation, en revanche si nous craignons la mort de notre vivant, alors nous souffrons par avance inutilement. Nous pourrions pourtant remarquer que si la mort ne fait pas souffrir, le fait de mourir peut être douloureux. (Accroche qui montre que le sujet pose un problème) Faut-il alors craindre la mort ? (Rappel du sujet) A première vue , craindre la mort pourrait être utile pour nous car la crainte de la mort peut nous pousser à être plus prudent. Il faudrait alors craindre un minimum la mort pour espérer rester en vie. ( Première réponse un peu naïve au sujet ). Mais , ne pourrait-on dire, au contraire, qu’il ne faut pas craindre la mort ? En effet, il semble que cela n’a pas réellement de sens et d’utilité de craindre quelque chose qui arrivera de toute façon et de se gâcher la vie à l’anticiper. (Deuxième réponse qui montre que la réponse n’est pas évidente et pose donc un problème) Nous allons donc nous demander s’il faut craindre la mort. Dans un premier temps nous verrons qu’il ne faut pas craindre la mort car elle n’est pas un malheur. Puis, nous verrons qu’il y a néanmoins des avantages à craindre la mort. Enfin, nous nous demanderons si craindre la mort n’est pas un non sens car cela nous empêche de bien vivre.  (Annonce du plan)

J’espère que ces différents exemples d’introduction de dissertation en philosophie, vous auront aidé à comprendre ce que doit être une introduction de dissertation en philosophie.

▶️ Si vous voulez aller plus loin vous pouvez également regarder cet exemple d’introduction de dissertation en vidéo :

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    L'introduction d'une dissertation permet de poser le sujet et d'exposer le problème auquel vous allez répondre dans le développement. L'introduction d'une dissertation ne doit pas être trop longue (10 à 15 lignes) et est censée s'adresser à un lecteur qui ignore le sujet. Elle doit comporter : une phrase d'accroche (amorce ...

  2. Méthodologie de la dissertation en sciences sociales : sociologie

    Méthodologie - Dissertation Travailler les textes pour les références. L'objectif est d'offrir une analyse d'un sujet autour de la formulation d'une question à laquelle votre dissertation doit répondre de façon problématisée et structurée, en mobilisant différents éléments du cours et de vos lectures.. ⚠️ Attention: La dissertation n'est pas une récitation du cours.

  3. PDF TD

    Un problème social / un des grands enjeux de la discipline sociologique Des connaissances issues du cours / des connaissances personnelles. → Elle est le reflet de ce qui nous étonne, nous questionne, de ce qui fait problème dans le monde social ou face à un sujet de dissertation ou de commentaire de texte. Il s'agit de mettre en

  4. Méthode dissertation tutorat

    La dissertation en sociologie. Comme en philosophie, la dissertation en sociologie est une réponse argumentée et construite selon un enchaînement logique. Le but n'est pas tant de réciter le cours que de convaincre la lectrice ou le lecteur de la pertinence de sa réponse. I. Bien lire le sujet. 1. Le choix du sujet - 10 mn

  5. Faire une dissertation en sociologie : nos conseils

    Avant de rendre votre dissertation de sociologie, passez au moins 10 à faire de la relecture. Vérifiez qu'il n'y a plus de fautes (orthographe, grammaire, syntaxe, etc.). Veillez à ce que vous n'ayez rien oublié (citations, références, etc.). Voilà comment faire une dissertation de sociologie.

  6. 6 étapes incontournables pour réaliser une dissertation

    Lire et analyser le sujet. Trouver la problématique. Faire le plan de la dissertation. Rédiger l'introduction. Rédiger le développement. Faire la conclusion. Pour tout comprendre sur comment faire une dissertation, nous allons utiliser un exemple concret issu des annales du Bac S de philosophie de 2019.

  7. PDF Un exemple de dissertation rédigée Se préparer au Bac

    Se préparer au Bac Un exemple de dissertation rédigée SUJET Le travail est-il source d'intégration sociale ? L'introduction permet d'entrer dans le sujet et de montrer au lecteur quel cheminement vous allez suivre pour y répondre. En 2013, 83 % des Français estimaient que leur travail leur permettait de faire des rencontres et d'avoir de nombreux échanges

  8. PDF Licence 1 Introduction à la sociologie

    Vous traiterez sous forme de dissertation le sujet suivant : ... SEMESTRE 1 U.F.R. DES SCIENCES HUMAINES Première session 2015/2016 DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE Janvier 2016 LICENCE SOCIOLOGIE 1ère année ----- UE 2 DISCIPLINAIRE 2 ----- ... de meilleur exemple d'organisation qu'un hôpital moderne. Dans ce cas, les objectifs sont de

  9. Comment bien introduire une dissertation sur la société

    Nos conseils pour ton introduction sur la société. Pour bien introduire une dissertation sur la société, il est important de capter l'attention du lecteur et de présenter clairement le sujet de ta dissertation. Voici quelques étapes que tu peux suivre pour rédiger une introduction efficace : Commence par une accroche : utilise une ...

  10. PDF TD n°8 : Pour réussir son introduction en SES…

    Les différents compartiments de l'intro doivent bien s'enchaîner (mots de liaison) et pas seulement être juxtaposés. On ne doit pas amorcer par une accroche passe partout « De tout temps, les hommes... » Mieux vaut ne pas faire d'accroche du tout que faire une mauvaise accroche. ⇒ On peut donc directement commencer par la ...

  11. Méthodologie de la dissertation en sociologie politique

    3 - Les éléments de la dissertation 3 - Introduction : L'introduction est de loin la partie la plus importante. Elle montre au lecteur que vous avez compris le sujet et les tensions qu'il renferme. Une bonne introduction permet également de montrer les éléments qui seront développés plus tard et pourquoi ils seront développés.

  12. Dissertations en sociologie & sciences sociales

    Dissertation - 1 pages - Sociologie & sciences sociales. La socialisation est le processus par lequel l'individu intériorise tout au long de sa vie les différents éléments de la culture, de la société et des groupes sociaux dans lesquels il vit. Cette socialisation s'effectue donc à l'enfance, mais aussi à l'âge adulte.

  13. Introduction à la Sociologie Générale

    2 La sociologie est la science qui a pour objet ce qui est social 2. Les sciences dites « sociales » ou « humaines » se consacrent chacune à des catégories particulières de faits humains, telles le Droit et l'Économie politique. La sociologie retient dans ces faits humains leur aspect spécifiquement social.

  14. PDF Méthodologie de la dissertation. Etudes supérieures

    2 o Sociologie : exemple Introduction à la sociologie par G. Ferréol et J-P Noreck chez Armand Colin et Eléments de sociologie par Henri Mendras chez Armand Colin (N.B : je n'ai pas d'actions chez Armand Colin mais leurs manuels sont bien faits) o Philosophie des sciences : exemple Eléments d'épistémologie de Carl Hempel chez Armand Colin et Qu'est-ce que la science ?

  15. Réussir sa dissertation en sociologie

    Denis la Mache donne quelques conseils aux étudiants pour réussir sa dissertation en sociologie (aborder le sujet, rédiger son introduction, choisir son pla...

  16. Dissertation ESH : La Méthode pour avoir 20/20

    Le barème de la dissertation d'ESH 💯. -12/20 : tu fais de la récitation, ton plan ne tient pas la route, la copie est pauvre en références. 12-14/20 : ton plan commence à être correct, tu as un nombre correct de références, mais tu peux peaufiner et être plus fin. 14-20/20 : les points se gagnent sur la finesse de ton plan et sur ...

  17. Introduction de thèse de doctorat

    Contrairement aux introductions des mémoires ou autres documents académiques, l'introduction d'une thèse de doctorat s'organise comme un chapitre. Elle a donc des parties et sous-parties titrées. Une introduction de thèse doit également apporter certaines informations (voir ci-dessous). Parties de l'introduction.

  18. La dissertation sociologique

    La dissertation sociologique - nouvelle présentation. Gilles Ferréol. nouvelle présentationCet ouvrage propose une méthodologie qui éclairera les étudiants sur les attentes des correcteurs et les aidera à déjouer certains pièges. L'accent est mis sur la lecture attentive du libellé et le repérage du champ... En savoir plus.

  19. Introduction de dissertation : méthode

    Au bac de français, l'introduction de dissertation est concise : il s'agit d'un seul paragraphe de 10 à 15 lignes, qui commence par un alinéa et contient quatre étapes : L'amorce ou accroche. La présentation du sujet. la problématisation. L'annonce de plan. Comme elle constitue le premier contact avec l'examinateur, ton ...

  20. Sociologie

    Dissertation en L1AES séance evaluation sujet la socialisation familiale nous totalement introduction de nos jours, la famille connu une certaine évolution, ... Corpus 1- td introduction à la sociologie 2021-2022-1; Influence sociale et engagement; ... Il est notable par exemple que de nos jours, la mariage pour tous est adopté, l ...

  21. Dissertation sociologie

    Dissertation : Dissertation sociologie. Recherche parmi 298 000+ dissertations. Par bens1807 • 26 Février 2019 • Dissertation • 1 706 Mots (7 Pages) • 3 014 Vues. Page 1 sur 7.

  22. Dissertation sociologie du sport

    Recherche parmi 298 000+ dissertations. Par MmeAmara • 3 Mai 2021 • Dissertation • 2 053 Mots (9 Pages) • 1 039 Vues. Page 1 sur 9. SOCIOLOGIE DU SPORT - LICENCE 2 - TOUS PARCOURS. Consigne : Veuillez déconstruire l'idée selon laquelle tou-te-s les sportif-ve-s seraient égales et égaux sur la ligne de départ. Il est attendu que ...

  23. Exemples d'introduction de dissertation en philosophie

    Afin que vous compreniez mieux comment réaliser une bonne introduction de dissertation, je vous montre ici plusieurs exemples d'introduction de dissertation en philosophie sur des sujets différents, vous pouvez voir la méthode en VIDEO ici.Pour davantage d'information sur la méthode à suivre vous pouvez regarder cet article sur la manière de réussir son accroche, et ces deux autres ...